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Pierre Dharréville. A Marseille comme ailleurs, rien sans les habitants

le 14 septembre 2012

Pierre Dharréville. A Marseille comme ailleurs, rien sans les habitants

Peut-on se contenter d'un comité interministériel pour la cité phocéenne ?

Les règlements de comptes qui se succèdent à Marseille apparaissent comme la partie émergée de l'iceberg. Pauvreté, chômage, état de la ville, développement des trafics, dégâts de la drogue, dégradation de l'offre de soins, pénurie de logements, insuffisance des infrastructures de transport, casse de l'industrie et abandon du port… Non sans l'être ailleurs, la situation est particulièrement grave dans la deuxième ville de France, longtemps délaissée par le pouvoir central, sans tenir compte des besoins et des charges particulières d'une ville de cette importance. On aimerait que les médias parisiens s'abstiennent de la caricature folklorique qui fait monter l'Audimat, et les responsables politiques de la condescendance ou de l'instrumentalisation, mais oui, il y a urgence.

Le 6 septembre se tenait un comité interministériel au chevet de la ville. Que d'honneur ! Mais la colère nous a pris en lisant le relevé de décisions de cette réunion. 205 agents des forces de l'ordre supplémentaires pour 4 éducateurs : il doit y avoir moyen de faire monter le deuxième compteur. La scolarisation à deux ans pour les zones prioritaires est prise comme une mesure de soins intensifs qu'elle devrait être partout à l'ordre du jour. On a dressé une liste d'investissements déjà programmés par ailleurs et dont la pertinence reste parfois à démontrer. On souligne l'expérimentation d'emplois francs, dont rien que le nom résonne assez mal à nos oreilles. Et surtout la réponse des réponses, l'arme fatale : la métropole

Ainsi, tout s'expliquerait : si la misère et son cortège de violence sont là, c'est parce qu'il n'y a pas pas de métropole, évidemment. Si Marseille est sinistrée, ce serait à cause des élus voisins qui se chamaillent et qu'il faudrait mettre en rang deux par deux. La droite et la finance ?Blanchies ! Et la métropole est la principale revendication du patronat de combat local. Enfin une institution dont ils pensent qu'elle pourra être vraiment à leur service. La métropole est une négation de la démocratie locale, une négation des territoires. Elle est conçue comme une officine de Bruxelles dédiée à la compétitivité et à la compétition. La loi doit être abrogée et les institutions repensées !

Nous mesurons la difficulté dans laquelle se trouve le gouvernement. Il veut adopter le traité européen qui approfondit le sillon libéral-austéritaire de la construction européenne et se trouve en face de besoins pressants d'investissements publics. Comment faire ? Allons-nous laisser mutualiser la pénurie, sous l'égide d'un comte de Provence trustant tous les pouvoirs ?

Pour mener quelle politique ? Nicolas Sarkozy n'avait pas réussi à nous l'imposer, et nous verrions un gouvernement de gauche nous y contraindre ? Ce serait incompréhensible. A moins que la bataille des élections municipales n'ait déjà commencé…

La coopération intercommunale est une absolue nécessité. Elle existe dans les Bouches-du-Rhône et mérite d'être développée autour de grands projets partagés. Des réflexions sont en cours pour construire un espace alternatif à une mégapole, que ces annonces intempestives risquent de mettre en péril. Et l'État devra en être pleinement partenaire. Mais il y a surtout besoin de grandes réformes pour développer l'emploi, l'éducation, la santé, le logement, les transports. Comme il y a besoin de réponses immédiates à Frailb, au Grand Conseil de la Mutualité, à LyondellBasell… Il faut réussir le changement.

Comment le Premier Ministre, qui a vanté sur tous les tons sa méthode de concertation, peut-il penser faire face à la situation sans les élus et les acteurs locaux et surtout sans les habitantes et les habitants ? Le rôle d'un gouvernement de gauche, c'est de permettre une réappropriation citoyenne du territoire et de son avenir ! Faisons-le maintenant !

L'Humanité, le 14 septembre 2012

Europe. Un livre de combat

le 14 septembre 2012

Europe. Un livre de combat

Directeur de l'Humanité et Député européen, Patrick Le Hyaric publie un ouvrage qui décrypte le traité budgétaire.

 

 

 

La Marseillaise, le 14 septembre 2012

Histoire. « Ambroize Croizat, l'invention sociale »

le 11 septembre 2012

Histoire. « Ambroize Croizat, l'invention sociale »

Michel Etiévent fait revivre le créateur de la Sécurité Sociale.

La Marseillaise, le 11 septembre 2012

Culture. Auteurs et librairies

Cette année encore, le festival « Terres de résistance » a fait toute sa place au livre avec la présence de la librairie nîmoise Diderot et celle de « L'Alinéa ». Marx, Aragon, Frantz Fanon, les livres des « Economistes attérés » (dont « L'Europe mal-traitée », précieux outil pour décrypter le TSCG), l'ouvrage de Patrick Le Hyaric, Député européen et Directeur de « L'Humanité » sur le même sujet,, les recherches de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot sur la grande bourgeoisie, le projet du Front de Gauche pour l'art, la culture et l'information (« Quelle humanité voulons-nous être ? »), bref, tout pour nourrir la réflexion et les envies de changement…

A la table des auteurs on retrouvait les fidèles Pierre Grafféo et son Mario Gato, Jo Ros dont on retrouvera les textes dans le spectacle « Histoire de gens sans histoire » du 24 au 26 septembre au Théâtre Le Sémaphore, à Port-de-Bouc, Jean-Claude Di Ruocco, ses poèmes et ses polars…

Port-de-Bouc. L'art et la culture au travail

le 09 septembre 2012

Port-de-Bouc. L'art et la culture au travail

Espace Gagarine

Port-de-Bouc

Du samedi 15 septembre au samedi 13 octobre 2012

Tous les jours de 10h à 12h et de 14h à 18h30

Samedi et dimanche de 14h à 18h

Journée du patrimoine et vernissage des expositions

Samedi 15 septembre à 18h

Suivi d'un apéro-concert avec l'Académie du chant populaire

--> Voir le détail de la manifestation

Hommage. Deux grands militants honorés

le 08 septembre 2012

Hommage. Deux grands militants honorés

A l'issue de son allocution lors de l'assemblée de rentrée du Parti Communiste Français, Pierre Dharréville a tenu à associer l'ensemble des militants et personnalités présentes à l'hommage, rendu à Paul Biaggini, ancien Directeur général de La Marseillaise et à Michel Vaxès, ancien Député communiste et ancien Maire de Port-de-Bouc. « C'est avant tout deux grands militants communistes que nous avons tenus à honorer ce soir », a déclaré avec émotion le Secrétaire départemental du PCF.

La Marseillaise, le 8 septembre 2012

« Terres de résistance ». « Le cinéma est là pour questionner »

le 08 septembre 2012

« Terres de résistance ». « Le cinéma est là pour questionner »

Documentaire et fiction pour la soirée de jeudi au Renoir, en présence du réalisateur Chistophe Ruggia.

La soirée cinéma du festival « Terres de résistance » mêlait documentaire et fiction, jeudi avec « Debtocracy » (un regard sur la crise de la dette, en Grèce et au-delà) et le dernier film de Christophe Ruggia, « Dans la tourmente », tourné en grande partie dans la région (Les Laurons, Lavéra, Marseille…).

Réalisé par deux journalistes grecs, Katerina Kitidi et Aris Hatzistefanou, « Debtocracy » évoque la situation en Grèce et la véritable mise sous tutelle de ce pays de l'Union Européenne par la troïka (FMI, Banque Centrale Européenne, Commission européenne). « Debtocracy » montre d'où vient la fameuse dette (certainement pas d'une quelconque inconscience du peuple grec qui aurait vécu au-dessus de ses moyens) et fourmille d'informations et de témoignages sur d'autres pays (Argentine, Equateur) ayant été confrontés à ce problème. « Debtocracy » a l'immense mérite de montrer qu'il n'existe pas qu'une seule réponse à cette question de la dette et de donner la parole à des interlocuteurs inhabituels : économistes opposés au néo-libéralisme, responsable du parti allemand die Linke, Président de l'Equateur Rafael Correa qui a refusé de se soumettre aux diktats du FMI. Dans le rôle des Docteurs Diafoirus qui vont sauver le malade en le tuant, l'apparition dans le film d'un certain DSK ne manque pas de sel… « Il est immoral de payer une dette immorale » résume Eric Toussaint, président du Comité pour l'annulation de la dette du Tiers Monde en Belgique. « Debtocracy » montre les conséquences dramatiques, notamment sur la santé, des multiples plans d'austérité concoctés par les gouvernements grecs, y compris « socialistes ». Le remboursement de la dette, c'est le tonneau des Danaïdes.

« Un film sur la morale »

Avec le polar « Dans la tourmente », c'est un autre regard sur la réalité sociale qui était proposé. Celui d'un cinéaste qui a voulu être fidèle à ce qu'il était à 15 ans. Fils d'un ouvrier de la SNIAS (devenue Eucocopter), Christophe Ruggia a grandi à Salon. « Je venais pêcher au pied du viaduc de Caronte avec mon père » confie le réalisateur. A 15 ans, il découvre à la fois la passion du cinéma et les premiers ravages de la crise (celle d'avant) : « des parents,d'amis proches ont commencé à être attaqués de plein fouet, avec la violence de l'éclatement des familles, jusqu'au suicide de certains ». A l'époque, poursuit il, « il y avait une espèce de croyance chez les ouvriers : partir en pré-re-traite allait permettre d'embaucher des jeunes, on leur disait "il faut vous sacrifier" j'ai été frappé par l'acceptation ». Est-ce pour cela que les deux personnages du film, joués par Clovis Cornillac et Yvan Attal, n'acceptent pas la future fermeture de l'usine sur fond de magouilles, jusqu'à commettre le pire ? « Mon film pose la question de la morale, que seuls les pauvres respectent, à un moment c'est impossible à accepter » précise Christophe Ruggia pour lequel « le cinéma n'est pas là pour asséner les vérités mais pour questionner ». « Dans la tourmente » confronte « ceux qui ne croient plus en rien et ceux qui croient à la lutte collective » sans donner de leçons.

Jugé « très éprouvant » par un spectateur, le film est âpre, violent sans complaisance. Même les « décors de rêve » comme les Calanques y prennent d'autres couleurs. Ouvert par une scène magnifique où les phares des camions percent la noirceur nocturne, il joue sur l'esthétique des sites industriels et mêle cheminées de Ponteau, bleu de la plage des Laurons, tankers bloqués dans le Golfe de Fos et vue fugitive d'un bateau de pêche dans un saisissant résumé du territoire. Christophe Ruggia a conçu « Dans la tourmente » à la mémoire de ses parents qui sont encore vivants. Il le confie aisément : sans le coup de pouce des trois comédiens, excellents (Mathilde Seigner comprise), le film n'aurait pas pu voir le jour.

Jean-François Arnichand (La Marseillaise, le 8 septembre 2012)

Terre de résistance. « Il a aimé à l'excès la République »

le 07 septembre 2012

Terre de résistance. « Il a aimé à l'excès la République »

La projection-débat de « Gaston Crémieux, le procès » s'est déroulé mercredi soir en salle des conférences, en prélude à la fête du Prieuré.

Mercredi soir, dans la salle des conférences de l'hôtel de ville, le projection de la reconstitution historique du procès de Gaston Crémieux a lancé le festival « Terres de Résistance ». Cette reconstitution, une première dans les annales de la justice marseillaise, eut lieu le 2 décembre au tribunal d'instance du Palais de justice de Marseille, dans les lieux même ou il fut condamné 140 ans plus tôt pour avoir organisé l'insurrection de la Commune de Marseille en 1871.

Roger Vignaud, avocat et historien qui joue le rôle de Gaston Crémieux, en est à l'origine. On le sent habité par cet homme, dont il a fait une biographie fouillée, qui fut condamné et fusillé le 30 novembre 1871 « pour avoir aimé à l'excès la République », selon les termes de son avocat dans sa plaidoirie.

Du 22 mars au 4 avril 1871, Gaston Crémieux, dans la foulée de l'insurrection parisienne, est l'un des principaux acteurs de la Commune de Marseille (épisode encore peu connu aujourd'hui) qui se finira tragiquement. Arrêté puis jugé par un tribunal militaire, il sera fusillé dans le jardin du Pharo à l'âge de 35 ans.

140 ans après

Cent quarante ans après, soi-i procès reste très actuel: pour avoir défendu les pauvres, pour n'avoir qu'un objectif, « celui de maintenir un pouvoir solidaire de la jeune République », pour avoir cru à l'instauration d'une République sociale et universelle, il s'attirera la vindicte du pouvoir en place et sera lâché par Adolphe Thiers, qui refusera de signer sa grâce.

« Indiscipline et anarchie, horde, étrangers, exploiteurs du désordre, secte communiste, société occulte et redoutable » : tels sont quelques uns des termes qui seront employés par le procureur de la République dans son violent réquisitoire. Des propos contrastant avec ceux de son avocat, qui évoque « un homme de paix et de conciliation. Il a embrassé la cause des peuples et n'a jamais cherché les décorations, les honneurs ou la fortune, au contraire de ce qu'on lui reproche ».

Le travail de reconstitution est exemplaire : Roger Vignaud a fait des recherches dans les archives départementales et a retrouvé toutes les minutes du procès. Il est spécialiste de l'histoire politique et sociale de Marseille au XIXème et a rédigé un dictionnaire général de la Commune de Marseille. Les magistrats qui ont accepté d'y participé sont des professionnels : le juge, Jean-Pierre Deschamps, est ancien Président de la Cour d'Assises d'Aix, ses assesseurs sont Cécile Thibault, Conseiller à la Cour d'Appel d'Aix, Benoît Vandermaessen, Vice-Procureur du TGI de Marseille. Le redoutable Procureur est incarnée par Sylvie Canovas, « qui a eu toutes les peines à requérir la peine de mort », précise en souriant Roger Vignaud. L'avocat de Gaston Crémieux n'est autre que Sixte Ugolini, ancien bâtonnier. Ils ont pris quelque liberté avec l'histoire, puisqu'en « juges indépendants », ils décident l'acquittement, moment fort du film. Cent quarante ans plus tôt, Gaston Crémieux n'aura pas eu cette chance. Cette reconstitution participent sa réhabilitation.

Nathalie Pioch (La Marseillaise, le 7 septembre 2012)

Hollande-Ayrault, fausse route. Colonnes ouvertes à Roland Pfefferkorn

le 06 septembre 2012

Hollande-Ayrault, fausse route. Colonnes ouvertes à Roland Pfefferkorn

L'orientation suivie depuis quatre mois suscite des inquiétudes grandissantes chez ceux qui ont voté pour Hollande et le PS. Certes quelques rares décisions vont dans la bonne direction, mais rien n'indique qu'un changement significatif de politique soit en cours. Bien au contraire. Rappels.

Le choix d'adopter les règles budgétaires européennes témoigne du renoncement de la nouvelle équipe au pouvoir et de son alignement sur la ligne Merkozy. Ratifier le Pacte budgétaire c'est l'austérité durable et s'interdire une autre politique. Un référendum est demandé par 72,11% des français !

Greenpeace France estime qu'« aucun engagement fort, aucun geste, aucun signal » sur l'environnement n'a été donné. Quelques jours plus tard la Ministre de l'écologie confirme la construction de l'aéroport inutile près de Nantes et Montebourg déclare : « le nucléaire est une filière d'avenir ». Que font les Verts ?

L'augmentation rikiki du Smic en juillet signalait la priorité : faire ami-ami avec le patronat. Au Medef ils sont contents.

Faut-il rappeler que trop de salariés sont scandaleusement sous-payés notamment ceux qui occupent des emplois classés abusivement comme « non-qualifiés » même s'il faut évidemment des qualités et des qualifications pour faire les travaux en question. José Rose le montre bien dans son livre « Qu'est-ce que le travail non qualifié ? » (La Dispute, 2012). La reconnaissance passe par des hausses des salaires. Et ne sont-elles pas indispensables pour la croissance ?

Qu'en est-il de la lutte contre la précarisation et les atteintes à la santé au travail ? Pour mesurer l'ampleur des problèmes voir l'ouvrage « Santé au travail. Approches critiques » (La Découverte, 2012) dirigé notamment par Annie Thébaud-Mony. Cette dernière a refusé la légion d'honneur pour protester contre l'indifférence des pouvoir publics, nous en avons parlé il y a un mois. Quand viendront les actes ? A quand une loi sur les licenciements boursiers ?

Les démantèlements de camps de Roms au cours de l'été 2012 s'inscrivent dans la pire continuité. Ces mesures prolongent la politique antérieure et les démantèlements de l'été 2010… mais aussi les renoncements passés du PS.

Depuis 1997 le PS a adopté une orientation tout-sécuritaire. La proximité de Valls, et d'autres dirigeants du PS, avec les principaux conseillers de Sarkozy en la matière est connue. Qui en profite au bout du compte ? Certes Christiane Taubira à la justice apporte une salutaire tonalité différente. Elle pointe l'inefficacité du système carcéral et de la justice des mineurs. 63 % des anciens détenus sans aménagement de peine récidivent.

L'ouvrage dirigé par le sociologue Marwan Mohamed, « Les sorties de délinquance » (La Découverte, 2012) apporte des connaissances utiles sur une question livrée aux passions.

Enfin la déception -le mot est faible- est immense dans l'éducation et la recherche. Dans le supérieur les orientations antérieures ne sont remises en cause en rien. Dans le primaire et le secondaire on attend toujours les « signaux de rupture ». Pourtant les urgences sont criantes dans ce domaine aussi comme en témoignent parmi d'autres Pierre Merle, dans « La ségrégation scolaire » (La Découverte, 2012), ou Houssen Zakaria, dans « Que font les maîtres ? Pour un bilan de la rénovation pédagogique à l'école » (La Dispute, 2012).

La Marseillaise. le 6 septembre 2012

Chrales Biancheri. Avoir 19 ans et libérer Marseille

le 21 août 2012

Chrales Biancheri. Avoir 19 ans et libérer Marseille

Témoignage d'un jeune résistant de la cité phocéenne qui a pris part aux combat pour sa Libération, acquisse, il y a 68 ans jour pour jour.

68 ans après, Charles Biancheri n'a rien oublié de la Libération de Marseille qu'il a vécue comme jeune résistant à la Capelette. A 87 ans, il a les idées claires et la mémoire longue.

Un coup de feu tiré depuis un toit. Les rafales de la mitraillette allemande qui s'arrêtent et un soldat ennemi qui s'effondre dans la plantation de topinambours où il se dissimulait. Charles Biancheri n'avait que 5 balles « pas 6, 5 ! » dans un 8mm, le souvenir est encore vif. Pour le résistant, qui n'avait que 19 ans, les combats de rue qui ont précédé le 21 août 1944 occupent une place particulière dans une vie militante débutée très tôt.

« J'ai adhéré au PCF en 1937, à l'âge de 12 ans », indique-t-il non sans fierté pour un engagement qu'il n'a jamais renié par la suite. Un choix évident pour cet orphelin de mère, fils d'un soldat italien banni à vie après la mutinerie de Caporetto. Tandis que le ciel européen se charge de nuages, il collecte de l'argent pour l'Espagne républicaine et proteste contre les accords de Munich avec le groupe de jeunes communistes de l'école pratique d'industrie, devenue depuis lycée technologique des Remparts.

Jeunes insoumis

Son parti interdit par Daladier en septembre 1939, il n'attendra pas la rupture du pacte germano-soviétique pour agir. « Des communistes ont été ébranlés c'est vrai mais nous pressentions bien que ce n'était qu'un acte tactique de l'Union soviétique pour gagner du temps. Je me souviens d'avoir parié 1 rond contre 20 qu'elle serait finalement attaquée par les Allemands », se remémore-t-il.

Très vite c'est la débâcle de mai 1940. Affiigés mais pas surpris « depuis 1936 la bourgeoisie répétait "plutôt Hitler que le Front populaire" », rappelle Charles Biancheri, les jeunes communistes de son établissement s'interrogent sur les moyens de s'organiser. « Nous voyions deux France se dessiner : celle de Pétain, dont nous savions qu'il était un traître et celle d'un général -un seul d'entre-nous avait entendu l'appel- dont nous ne savions rien. »

Avant le début du mois de juillet ils constituent les « Jeunesses françaises insoumises », tirent et diffusent clandestinement un premier tract où il est écrit « INSOUMIS avant tout. Les boches on les aura malgré leur force et leur bourrage de crâne. »

« Il ne faut pas croire que nous étions des héros, on avait autant la trouille que les autres », précise humblement Charles Biancheri. Dès lors, les jeunes militants multiplient les faits d'insoumission. En janvier 1941, ils mobilisent leur école où il règne un froid polaire faute de charbon. « A 10h, nous avons forcé la porte et nous sommes descendus à la Mairie centrale en cortège pour protester Une délégation a fini par être reçue et à 14h les salles de classes étaient chauffées », raconte-t-il tout sourire.

En mars, ils apprennent le coup d'État en Yougoslavie qui porte au pouvoir le jeune Pierre II en écartant le régent favorable à l'alliance avec l'Allemagne hitlérienne. « Nous avons eu l'idée de déposer une gerbe en mémoire du père de Pierre II, précédent roi, assassiné quelques années plus tôt à Marseille », rapporte le résistant. Une manière à peine voilée de soutenir le fragile espoir d'une Yougoslavie qui ne plie pas face aux nazis.

Grève et insurrection

La veille de l'action le sous-directeur est passé pour intimider les jeunes insoumis : cette manifestation est strictement interdite, la police est prévenue, ceux qui seront arrêtés seront exclus. « Pour prendre de court la police, on s'est précipité dès la fin des cours devant la porte. On a traité ceux qui ne se rangeaient pas de dégonflés et fait la tinche pour une couronne de fleurs. » Sur le chemin, une fleuriste impressionnée par la bravoure des jeunes gens leur offre une gerbe. Mais à l'approche de la Préfecture où ils comptent la déposer « une nuée de flics » leur tombe dessus. Charles prend ses premiers coups de bâtons et se fait embarquer avec les 9 du premier rang de la manifestation. « Ce jour-là, nous étions nombreux et la population nous a applaudis, je crois que ça a pesé en notre faveur » Ils sont en effet relâchés dans la nuit et ne seront pas exclus de l'école.

Mais quelques mois plus tard, le jour de publication des résultats du CAP, Charles rencontre ses camarades en chemin. Ils le préviennent que la police le cherche à l'école. Pour y échapper, il se coupe de tous ses amis. De ce petit groupe de jeunes militants, il se souvient particulièrement de Lucien Trabaud, mort en déportation dont il conserve le livre fétiche qu'il lui avait confié et René Le Guen qui deviendra plus tard membre du bureau politique du PCF et Secrétaire général de l'Ugict-CGT.

Enchaînant les petits boulots, Charles Biancheri parvient à échapper au STO, adhère à la CGT clandestine et poursuit son engagement en participant notamment au vol de casques militaires dans une usine de la Capelette. Il prépare la grève générale « pour le pain » du 27 mai 1944 à Marseille. Mais ce jour-là, à 10h, la ville est bombardée par les avions américains. Aucun intérêt militaire allemand n'est atteint mais les quartiers populaires de la Belle de Mai et du Rouet sont ravagés. C'est l'hécatombe. « Sur la Canebière, les fascistes français avaient écrit sur un morceau de bombe : "Vous vouliez du pain, ils vous en ont donné" », se souvient Charles Biancheri encore rageur.

La résistance, touchée, poursuit ses efforts jusqu'en août. Le 16, la CGT et le PCF clandestins lancent un appel à l'insurrection. Les barricades, se dressent, les combats s'engagent, prélude à la Libération de Marseille par elle-même. Charles Biancheri n'a jamais oublié. Aujourd'hui il veut transmettre. Il a écrit l'histoire de ces apprentis, jeunes insoumis, dont il était. Un témoignage qui devrait bientôt être publié avec l'aide de l'association Former, Transformer, Partager. FTP en abrégé.

Léo Purguette (La Marseillaise, le 21 août 2012)

Fraternité avec les goumiers

Charles Biancheri et son épouse Andrée gardent en mémoire le rôle des goumiers marocains dans la Libération de Marseille. En 2004, une délégation de ces combattants si longtemps privés par la France d'une pension décente, s'est rendue dans la région pour participer à une cérémonie d'hommage à Aubagne. Une ville où nombre d'entre eux repose aux côtés de FFI, « ensemble. Ensemble ! », insiste Charles. Andrée y rencontre Omar Jerjour, un des hommes qui avaient pris part aux combats aux abords du Parc Borély 60 ans plus tôt. Elle qui résidait non loin à l'époque les avaient vus de ses yeux. Très émue Andrée lui remet une lettre. De retour au Maroc, Omar avec l'aide de son fils y répondait en ces mots : « Chère Madame Andrée, votre lettre m'a fait énormément plaisir d'autant plus que vous êtes la seule (citoyenne française) à reconnaître ce que nous (ou moi) avons fait pour la France. Votre témoignage m'a laissé ému et en même temps m'a donné beaucoup de bonheur. Maintenant le sens la valeur de ce que j'ai fait pour la France et pour vous. (…) Je vous remercie et vous dis que vous serez la bienvenue chez moi au Maroc quand vous voulez. A très bientôt. Omar. »

Une proposition qui n'est pas restée lettre morte, puisque Andrée et Charles ont fait le voyage jusqu'à Casablanca. L'occasion d'une rencontre fraternelle qu'ils ne sont pas près d'oublier tout comme l'importance dans la victoire face au nazisme des soldats venus des colonies.

L'initiative citoyenne européenne en questions. Interview de Jean-Michel Borriello

le 26 juillet 2012

L'initiative citoyenne européenne en questions. Interview de Jean-Michel Borriello

Pour Jean-Michel Borriello, Membre de la direction départemental du  PCF 13, en charge des questions économiques, il faut articuler les débats pour un référendum sur le pacte budgétaire et pour une banque publique européenne. Il a participé, pendant une semaine, à l'université d'été du Parti de la gauche européenne (PGE), qui se tenait en Grèce jusqu'au 22 juillet. Le lieu s'y prête. La Grèce est le pays où l'austérité a fait le plus de dégâts en Europe.

En conclusion de cette université d'été, le Parti de la gauche européenne a annoncé qu'il fera campagne pour une banque publique européenne afin d'émanciper les Etats des marchés, axée sur le développement social, écologique et solidaire. Un objectif est de collecter un million de signatures. Une initiative inédite en Europe qui doit être mise en lien avec la lutte contre le traité budgétaire d'austérité.

Nous avons donc demandé à Jean-Michel Borriello de bien vouloir nous faire un tour d'horizon estival mais très politique à partir de ce qu'il a retenu des universités d'été du Parti de la gauche européenne.

Place aux vidéos.

  1. La crise économique qui continue à frapper des millions de salarié-e-s exige des réponses adaptées, en rupture avec les logiques néolibérales qui ont déclenché la catastrophe.
  2. La compétitivité pour remède à tous les maux ? La croissance à tout prix ? Mais c'est quoi la croissance ?
  3. Equilibrer les comptes publics pour relancer l'économie ?
  4. L'Efficacité c'est le privé ?
  5. Services publics pour le bien public ?
  6. Faut-il imposer une répartition des richesses ?
  7. Dialogue social sans conflits ? La lutte des classes, c'est fini ?
  8. François Hollande a acté les résultats du sommet européen des 28 et 29 juin derniers. Il vient de soumettre le pacte budgétaire issu de ce sommet au Conseil constitutionnel et souhaite une ratification la plus rapide possible... Qu'en pensez-vous ?
  9. Mais ne faudrait-il pas que les français connaissent le texte du pacte budgétaire d'austérité ?
  10. Si ce traité allait au bout de sa ratification les chances de rejeter l'austérité comme moyen de sortir des crises ne subiraient-elles pas un coup d'arrêt ?
  11. Est-ce suffisant ou crédible de demander un référendum lorsqu'on se rappelle comment le non de 2005 a été bafoué ?
  12. Les participants à l'université d'été du Parti de la Gauche Européenne sont particulièrement inquiets des dérives autoritaires. Ils feront campagne dès septembre pour une banque publique afin d'émanciper les Etats des marchés. Quel objectif ? Quel lien avec la lutte contre le traité budgétaire ?
  13. Avec la création d'une banque européenne publique s'agit-il d'un moyen efficace pour arrêter le bras armé des saigneurs de la finance ?
  14. Pour la première fois, la bataille sera menée dans les différents pays européens. Ce sera une lutte "non contre, mais pour un projet" ?
  15. Quelle articulation entre le PCF, le Front de Gauche et le Parti de la gauche européenne ?
  16. Quelques dates à retenir ?

Il faut mettre fin à une anomalie. L'Union Européenne a cette particularité qu'elle a poussé avec un tel zèle la protection des marchés qu'elle a mis la Banque Centrale Européenne (BCE) à l'abri de tout contrôle démocratique. La campagne sera donc un moyen de mettre en cause le fait que la BCE ne peut prêter directement aux Etats.

La banque publique européenne serait financée par une taxe sur toutes les transactions financières, par le budget européen et par la BCE. Cette dernière pourrait créer de la monnaie. Une banque publique qui pourrait financer la dette à des taux très bas. Cette banque pourrait contribuer à financer des plans d'investissements. De plus, non conditionnés à un plan d'austérité, ces prêts permettraient de ne pas diminuer les salaires. Ainsi on peut avoir une relance de l'économie par la consommation.

La commission européenne doit valider la procédure d'initiative citoyenne avant le 7 septembre. Selon ses règles, si, un an au plus tard, le cap du million de signataires est franchi, la Commission devra transformer cette demande en "acte juridique", ou justifier son refus.

Donc un calendrier bien chargé pour cette rentrée très particulière, puisqu'en France, l'initiative débutera au même moment que la campagne pour obtenir un référendum sur le très "austéritaire" traité fiscal que François Hollande aimerait voire ratifié avant la fin septembre. Il faudra donc lier les deux. Cette bataille s'inscrit comme une alternative à la grande coalition qui soutient le néolibéralisme en Europe.

Ainsi pour la première fois, la bataille sera menée simultanément dans les différents pays européens. Autre nouveauté : ce sera une lutte non contre, mais pour un projet.