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Conférence. Les mots pour résister

le 03 February 2013

Conférence. Les mots pour résister

Pour inaugurer l'expo sur la résistance à Marseille, une conférence de Robert Mencherini pour illustrer l'action de la presse clandestine. Les plus jeunes planchent sur cette période sombre.

« De la dénonciation à l'action ». Ainsi l'historien Robert Mencherini, résumait-il le rôle de la presse clandestine pendant l'occupation allemande. Le temps d'une conférence, inaugurant l'exposition, labellisée Marseille 2013, consacrée à la résistance marseillaise aux nazis et à leurs complices de Vichy. Une conférence et une expo destinées à tous ceux qui tiennent à garder la mémoire des années sombres bien vivante, mais aussi aux élèves de lycées et collèges appelés à participer à un concours sur le thème « communiquer pour mieux résister ».

Première feuille « maréchaliste », « la lettre de Cochet », du nom d'un général d'aviation, qui dès 1940, appelait à la lutte contre l'occupant tout en gardant une certaine confiance dans le régime de Vichy. A l'instar des « Petites Ailes de France », ou encore, plus surprenant, « la voix du Vatican », éditée par des gens d'église hostiles à Hitler, jusqu'aux publications appelant à la lutte sans merci contre l'occupation allemande et ses complices français les premières années d'occupation foisonnent de ces feuilles ronéotypées, diffusées sous le manteau. Leur succéderont des publications plus structurées, d'obédience chrétienne, comme le célèbre « Témoignage chrétien », qui sera plus tard de toutes les luttes contre le colonialisme français en Algérie. Dans la même mouvance, « Liberté » qui fut imprimé à Marseille et dont le premier numéro parut en juin 1941 ou encore « Vérité », la fusion de ces deux titres ayant donné naissance au journal Combat.

Presse syndicale et politique

D'autres titres, d'obédience syndicale ou politique, comme le « Midi syndicaliste » ou « Rouge midi » ont été largement diffusés dans la région. Au premier, on doit notamment les appels aux manifestations de femmes ou encore à la grève dans des secteurs aussi cruciaux que la réparation navale, la métallurgie ou encore les chemins de fer. Et enfin « Le Marseillais », ancêtre de notre quotidien. A ces organes français, il faut encore ajouter la presse étrangère, dont « Reconquista de Espana », s'adressant à la population ibérique très nombreuse à Marseille et dans la région ou encore l'étonnant « Soldat allemand », en direction des troupes d'occupation et dont la diffusion était assurée par des femmes. A la prison Chave, « l'Aube de la liberté », en direction des prisonniers politiques, les tenait informés de l'évolution des événements à l'extérieur.

Foisonnante, la presse clandestine le fut assurément et a eu une influence décisive sur des titres que nous connaissons encore aujourd'hui. Tous ne résistent pas de la même manière en ces temps de crise. Mais il y en a encore de beaux exemples vivants.

Gérard Lanux (La Marseillaise, le 3 février 2013)

« la Marseillaise » en première ligne de la lutte contre l'occupant

Le 1er décembre 1943, paraissait en clandestinité le tout premier numéro de « la Marseillaise », organe du Front national de lutte pour la libération de la France. Un journal communiste qui allait devenir le véritable porte drapeau des patriotes provençaux, ceux qui croyaient au ciel ou qu'il n'y croyaient pas. Et dès ce premier numéro, le ton était donné. A la « une », dans un long article intitulé « Patriotes ou terroristes ? », le rédacteur faisait un sort à la propagande de Vichy assimilant les résistants à ces criminels. On pouvait y lire aussi un compte rendu des activités du Front national de lutte dans toutes les villes du département. Ou encore des conseils pratiques pour lutter contre les Allemands, ainsi les horaires et les ondes de radio gagnées à la Résistance.

C'est ce rôle fédérateur que jouera ce quotidien dès la première heure. « En remplissant toutes les fonctions d'une vraie presse clandestine : donner des informations fiables d'ordre militaire, politique ou social, dénoncer la politique de Vichy, mobiliser la population, organiser des actions de rue, de sabotage et renforcer les mouvements de résistance », rappelait Robert Mencherini. Et l'on peut dire que dès les premiers numéros, le contrat fut rempli. Appels à la grève, publication de décret sur la collaboration, main tendue aux catholiques, soutien à l'URSS dans sa lutte contre l'offensive allemande sur le front de l'Est. « Sur ce dernier point, je rappelle que les communistes français avaient largement payé la conclusion du pacte germano-soviétique, même s'ils en avaient expliqué les raisons et les enjeux », rappelle l'historien. Dès l'entrée en guerre de l'URSS, on pouvait lire dans les colonnes de « la Marseillaise » du 1er janvier 1944 que « rien, dans l'ordre stratégique, ne s'est encore produit de plus fructueux que l'échec infligé à Hitler par Staline sur le front de l'Est ».

Dans toutes ses parutions -il y en a eu douze en période de clandestinité-, le journal n'omet pas de mettre en valeur les exécutions de collaborateurs, comme celle de Jean Phialy, secrétaire de rédaction de l'hebdomadaire allemand de langue française « Gringoire », fusillé le 4 janvier 1944 à Marseille, rue Breteuil. Ainsi, au fil des numéros, c'est une véritable chronique de la Résistance que l'on peut lire dans ces colonnes. Jusqu'à ce 24 août 1944, où dans son premier numéro légal, notre quotidien pouvait titrer : « Marseille est libérée ».

La presse clandestine pendant la Résistance

le 24 January 2013

La presse clandestine pendant la Résistance
Maison du Combattant
50, boulevard de la Corderie
13007 - Marseille

Mercredi 30 janvier à 14h

Conférence de Robert Mencherini organisée par le Comité de Marseille des Amis de la Résistance et le Musée virtuel de la Résistance en PACA.

Cette conférence est organisée en ouverture de l'exposition proposée jusqu'à fin mai aux scolaires et aux centres de loisirs par le comité de Marseille des Amis de la Résistance (ANACR) à la Maison du Combattant  :

« Marseille, capitale de la Résistance 1939-1944 »

Cette exposition, labellisée Marseille-Provence 2013, se propose de présenter les éléments et événements marquants de la période 1939-1944 concernant la Résistance à Marseille et dans sa région afin de faire connaître aux jeunes générations ce pan de l’histoire locale.

Elle sera agrémentée de panneaux d’exposition concernant diverses thématiques liées à ce sujet, dont plusieurs sur la presse clandestine locale, afin de venir apporter des éléments de réflexion aux élèves participants au Concours National de la Résistance  et de la Déportation dont le thème cette année est « Communiquer pour Résister (1940-1945) ».

Dans La Marseillaise. 70e anniversaire de l'évacuation et de la destruction des vieux quartiers du port de Marseille

le 20 January 2013

Dans La Marseillaise. 70e anniversaire de l'évacuation et de la destruction des vieux quartiers du port de Marseille

Lundi 21 janvier

A l'occasion du 70e anniversaire de l'évacuation et de la destruction des vieux quartiers du port de Marseille (22-24 janvier 1943), "La Marseillaise" revient sur ce qui reste comme la plus grande rafle réalisée en France durant la seconde guerre mondiale. 20 000 personnes au total avaient été déportées.

A lire dans notre édition de lundi, deux pages spéciales avec récit, témoignages et commémoration.

Nathalie Marteau. Le rôle que l'artiste peut jouer dans le projet urbain

le 18 January 2013

Nathalie Marteau. Le rôle que l'artiste peut jouer dans le projet urbain

Nathalie Marteau. Directrice du théâtre du Merlan à Marseille.

A la fois directrice d'une Scène nationale, le Merlan à Marseille, et urbaniste, je suis bien placée pour constater à quel point les artistes et les urbanistes ont intérêt à se croiser.

J'observe, d'ailleurs, la concomitance de deux phénomènes : d'un côté, l'intérêt nouveau et grandissant de la part d'artistes pour l'aménagement du territoire et la vile, son observation et la réflexion qu'elle suscite ; de l'autre côté, l'intérêt porté aux artistes dans le champ urbain, de la part de géographes, d'urbanistes, d'architectes…

Parmi ces artistes, je citerais le collectif Ici-Même (« tous travaux d'art »), un des précurseurs de ce mouvement qui fait de la ville et de ses problématiques (le mieux-vivre, la mobilité, etc.) sa matière même de recherche et de création. Ils proposeront par exemple, dans le cadre de Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture, un projet ambitieux, « Opératour » (présenté par le Merlan du 12 avril au 2 juin 2013), interrogeant les flux de la ville et ses divers usages…

Dans le milieu des architectes, des géographes, des chercheurs, des urbanistes, le besoin de trouver de nouvelles approches, pas seulement techniques, mais aussi sensibles, voire que des artistes soient intégrés à l'analyse, et la conception urbaine s'exprime, certes de façon encore minoritaire…

Alors, que peuvent apporter les artistes au projet urbain ? D'abord, un état d'esprit, de modestie, de ménagement plus que d'aménagement (pour reprendre la formule de Thierry Paquot, urbaniste et philosophe), une prise en compte de la sensation dans l'approche de la ville.

Animés d'un esprit d'ouverture, leur démarche est avant tout constructive, l'important étant de participer au changement, de faire des propositions, à l'image des collectifs Safi et Coloco avec lesquels la scène nationale travaille notamment.

L'Humanité, le 18 janvier 2013

Nathalie Marteau. La participation citoyenne, partie intégrante d'un changement à venir

le 17 January 2013

Nathalie Marteau. La participation citoyenne, partie intégrante d'un changement à venir

Nathalie Marteau. Directrice du théâtre du Merlan à Marseille.

Les nouvelles démarches    d'artistes que j'ai évoquées dans mon article d'hier s'inscrivent dans le contexte plus large d'une politique publique dans laquelle la nécessité de faire évoluer la « participation citoyenne » est pointée. Mais cette notion, d'abord liée à notre histoire politique de « souveraineté », de « démocratie représentative » et de gouvernance, reste floue et se cherche…

Comment faire contribuer l'individu-citoyen ? À quoi ? Comment faire évoluer la valeur de consultation ? Les nouveaux projets participatifs d'artistes désireux de tisser des relations de proximité fortes avec des habitants, notamment dans le regard qu'ils peuvent porter sur leur cadre de vie et l'aménagement urbain de leur territoire, représentent des expériences particulièrement riches à observer.

Bien qu'elles n'en soient qu'à leurs débuts, tant la question de la « participation » du sujet citoyen à l'élaboration du bien commun est peu enseignée et favorisée. C'est donc avant tout une volonté politique de formation, de collaboration qui reste à engager auprès des populations, notamment celles qui ont le sentiment d'être insuffisamment considérées dans la concertation urbaine, comme c'est le cas dans le quartier (nord) de Marseille où est implantée la scène nationale du Merlan…

Face à la complexité des problèmes sociaux et à l'interaction de tous les paramètres concernés, il est nécessaire de s'engager sur la vole de démarches et procédures collaboratives. Le regard des « spécialistes », comme les urbanistes mérite d'être élargi, des approches transdisciplinaires d'être initiées.

L'attention à porter à l'art doit dépasser aujourd'hui la production d'œuvres stricto sensu pour revaloriser la notion d'« expérience » et les villes ne peuvent plus se contenter d'« utiliser » la culture comme simple « vitrine » de promotion de leur image de marque.

L'Humanité, le 17 janvier 2013

Nathalie Marteau. La recherche artistique pour « faire ensemble » la ville

le 16 January 2013

Nathalie Marteau. La recherche artistique pour « faire ensemble » la ville

Nathalie Marteau. Directrice du théâtre du Merlan à Marseille.

Aujourd'hui émergent de nouvelles démarches artistiques qui s'emparent de la question de la ville. Elles méritent une attention particulière.

Dans la foisonnante programmation produite par « Marseille-Provence, capitale européenne de la culture », deux programmes sont symptomatiques d'un nouveau courant artistique qui prend de l'ampleur: le GR 2013 (sentier périurbain de grande randonnée traversant le territoire de Marseille-Provence) et Quartiers créatifs, invitant des artistes à intervenir dans des quartiers en rénovation urbaine.

Le premier rassemble essentiellement des « artistes marcheurs », particulièrement présents à Marseille, emblématiques d'un courant plus large d'artistes invitant le public à modifier sa lecture et ses usages de l'espace public.

Tous ces artistes, difficiles à « étiqueter », présentent des « postures » communes fortes : l'attachement au travail collectif, l'intérêt pour l'« interstice », le « délaissé », bref, les espaces oubliés, abandonnés… le désir d'impliquer les populations, les citoyens pour travailler sur ce qui « fait commun », la revendication pour des démarches, avant tout, de projets sans idée préconçue du résultat.

Leur objectif n'est pas à proprement parler la recherche esthétique du beau, mais du « faire ensemble », ni d'occuper simplement un espace pour y déposer une œuvre ou y faire un spectacle, mais, de le « révéler », d'en montrer des nouveaux usages possibles.

La réalisation de telles intentions n'est évidemment pas sans poser de difficultés, tant elles soulèvent des problématiques complexes, auxquelles nous devons néanmoins, ainsi que les politiques, nous confronter : la participation citoyenne, la prise en compte de l'humain dans l'aménagement urbain, notamment. Marseille et ses quartiers nord, où est située la scène nationale du Merlan, sont des territoires laboratoires pertinents pour expérimenter de telles démarches…

L'Humanité, le 16 janvier 2013

Le zoom de Guédiguian

le 16 January 2013

Le zoom de Guédiguian

Au pavillon M, place Bargemon, le cinéaste marseillais a présenté au public, lundi, son « coup de cœur » pour 2013 : des centaines de photographies d'anonymes exposés au J1.

La Marseillaise, le 16 janvier 2013

Nathalie Marteau. La relation art-territoire : une histoire en pleine évolutlon

le 15 January 2013

Nathalie Marteau. La relation art-territoire : une histoire en pleine évolutlon

Nathalie Marteau. Directrice du théâtre du Merlan à Marseille.

Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture depuis ce week-end, peut être une bonne occasion d'interroger la relation entre l'art et le territoire, d'autant qu'elle m'apparaît être en pleine évolution actuellement. Son histoire, démarrée au début du XXe siècle, avec l'apparition de l'« art d'intervention » dans l'espace public, est jalonnée de périodes récentes marquantes. Après les années 1960, avec le développement des happenings notamment, les années 1980-1990 vont être déterminantes, avec la reconnaissance « institutionnelle » des arts de la rue, le développement des festivals et, de manière concomitante, le développement de nouveaux dispositifs de la politique de la ville, tels les contrats urbains de cohésion sociale (Cues) intégrant des projets artistiques, issus des arts de la rue principalement. Certes, les dérives de l'utilisation de l'art et de la culture dans le développement territorial vont être pointées, qui plus est, dans un contexte où les villes se livrent entre elles à une concurrence effrénée pour être « créatives ». L'instrumentalisation des artistes dénoncée. Reste que, depuis
le renouveau de l'art dans l'espace public des années 1960, l'art n'a pas seulement quitté les ateliers, les musées ou les théâtres. Il s'est de plus en plus confronté au territoire urbain. L'acte créatif lui-même s'en est trouvé changé.

Au-delà du phénomène des « villes créatives », dans lequel l'art et la culture sont devenus des outils de marketing territorial, l'art va désormais être considéré comme pouvant jouer un rôle dans les territoires. Et aujourd'hui pour des artistes, la ville, le territoire sont en train de devenir non plus simple décor, mais matière même de création et de réflexion. Ce qui peut être particulièrement intéressant dans (et pour) une ville comme Marseille…

L'Humanité, le 15 janvier 2013

MP2013. Le PCF pour une « appropriation populaire »

le 15 January 2013

MP2013. Le PCF pour une « appropriation populaire »

La fédération des Bouches-du-Rhône « entend contribuer à l'appropriation populaire de la culture, comme un outil de résistance et de reconquête sociale et démocratique », indique-t-elle dans un communiqué en lançant un appel « aux artistes comme au public : prenez le pouvoir dans votre capitale !. En 2013 et au-delà ».

Les communistes estiment que « cet événement doit contribuer à la valorisation de la richesse créative de notre territoire et sa population, trop souvent sous les feux d'une médiatisation injustement stigmatisante » et insistent sur le fait que « les habitants de Marseille, Aix-en-Provence, Arles, Aubagne, Martigues, Gardanne et de toutes les collectivités parties prenantes de MP 2013 aspirent à autre chose qu'à une manifestation sans lendemain dont l'objectif se limiterait à une conception marchande et rentable de la culture ». Aussi, « la capitale européenne n'est pas le monopole d'une élite ni d'un club d'entreprises. Elle appartient au public, aux acteurs culturels qui créent du lien social ». Les communistes réaffirment avoir « toujours soutenu l'art et la création, leur diffusion, comme vecteurs d'émancipation, d'épanouissement, d'éducation populaire ». Soumise elle aussi aux politiques d'austérité, « la culture dont le budget est pour la première fois en baisse sous un gouvernement de gauche ne doit servir aucun pouvoir, qu'il soit politique ou financier ».

La Marseillaise, le 15 janvier 2013

Marseille, capitale européenne de la culture en Méditerrannée

le 15 January 2013

Marseille, capitale européenne de la culture en Méditerrannée

Les initiatives annoncées ou déjà en cours qui impliquent plus de 90 villes, témoignent d'une ouverture a l'histoire et à l'actualite des peuples de la mer commune.

La grande clameur qui devait marquer l'ouverture officielle des multiples manifestations de Marseille-Provence, capitale européenne de la culture ne fut peut-être pas suffisamment au point pour être la masse sonore que l'on aurait voulu entendre. Mais peu importe car au total ce sont tout de même 300.000 ou 400.000 personnes qui ont joint leurs cris aux sirènes des navires et autres avant que la cité ne s'illumine de nouveau. L'idée était belle. La clameur humaine que l'on entend le plus souvent dans les stades, c'est aussi ce qui signe un partage d'humanité. Ce dont il s'agit, sur le fond.

C'est en 1995 que l'actrice grecque Melina Mercouri, alors ministre de la Culture de son pays, avec le soutien de Jack Lang, avait lancé cette idée des capitales européennes de la culture. Il serait bon de s'en souvenir, soit dit en passant, au moment où la Grèce subit le sort que l'on sait. En France, Lille le fut en 2004 et nul ne nie sérieusement aujourd'hui que cet épisode ait été pour la capitale du Nord un facteur de dynamisme et de notoriété, quand bien même la culture, même au sens le plus large, est loin de répondre à tout. Pour Marseille, qui n'est pas en mal de notoriété mais peut-être d'image, l'aventure culturelle a pris une dimension toute particulière. Celle de toute la Méditerranée. Certes, il s'agit bien de Marseille-Provence, soit donc de 90 communes impliquées en plus de la ville phare. Mais à l'évidence Marseille ne pouvait éviter, quand bien même on l'aurait voulu, sa place et son histoire, sauf à se résumer au chant des cigales et à la piiiie de cartes de Marius et de Monsieur Brun.

Carrefour de toutes les civilisations

Marseille est ce grand port au carrefour de toutes les civilisations et des cultures de la mare nostrum, la mer commune, ce lieu de brassage des peuples et des émigrations, cette ville aujourd'hui bruissante de ses langues et de ses accents. Qui voudrait réduire cette ville ne pourrait que la trahir. Certes les attentes sont diverses autour de M-P 2013 entre ceux qui en attendent les retombées en termes de tourisme et de chiffres, en termes politiques, en termes d'art et de culture proprement dits, en terme de vivre ensemble, comme on dit. Mais outre que c'est sans doute tout cela à la fois, on ne saurait sous-estimer cette dimension profondément méditerranéenne dans tout ce qui est en cours ou annoncé.

Le musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, le Mucem, ouvrira en juin, sur 26.000 mètres carrés. La villa Méditerranée sera un lieu de partage des cultures et des peuples du Bassin méditerranéen, le musée d'Histoire, entièrement rénové, évoquera le passé millénaire de la cité.

Mais avant même ces événements, les expositions déjà ouvertes depuis samedi, que ce soit à la Friche de la Belle de mai ou au musée Granet d'Aix-en-Provence, sur lesquelles nous aurons l'occasion de revenir, de par la place qu'elles font aux artistes du Sud, du Maghreb au Moyen-Orient, en lien assez souvent avec l'actualité et les printemps arabes, témoignent de ce que Marseille-Provence 2013 sera et sans doute ne peut-être autre chose qu'une aventure ouverte au monde dans sa diversité et ses différences.

Maurice Ulrich (L'Humanité, le 15 janvier 2013)

Un parcours avec Ulysse

Dans le bâtiment J1 sur le port, l'expo « Méditerranée, des grandes cités d'hier aux hommes d'aujourd'hui » est une invitation au voyage dans le temps et l'espace des hommes.

A la rencontre des art, de l'histoire et de la géographie, c'est sur le port, dans le vaste bâtiment dit J1, que s'est ouverte dès le week-end passé l'une des expos phares de M-P 2013, baptisée « Méditerranée, des grandes cités d'hier aux hommes d'aujourd'hui ». Prenant comme fil conducteur le personnage d'un Ulysse qui n'aurait jamais retrouvé son Ithaque mais poursuivrait indéfiniment son peuple, elle propose un parcours allant de la guerre de Troie à nos jours, en passant par les Phéniciens, grands navigateur et inventeur de l'alphabet, Rome, l'empire turc avec le règne de Soliman le Magnifique, l'Espagne islamique d'Al Andalous, marquée pas de grandes figures comme celle d'Averroès, par qui l'œuvre d'Aristote passa en Occident, etc. Ce parcours, jalonné par des cartes, des œuvres d'art, des maquettes de navires, des objets familiers, est commenté dans l'expo elle-même d'« une manière vivante et didactique, exempte de tout manichéisme, et par les textes à la fois clairs et érudits d'un catalogue que l'on dévore. Les différentes séquences historiques sont aussi rapportées au présent par des vidéos. Ainsi ce parallèle notable et tout sauf anodin entre l'évocation de la démocratie grecque à l'époque de Périclès et les manifestations du peuple grec aujourd'hui. La période moderne fait aussi une large place au Marseille de l'immigration, des colonies et du travail.

Jusqu'au 18 mai. Catalogue édité par Gallimard 270 pages, 29 euros.

Combien ça coûte

Le budget de l'association Marseille-Provence 2013 s'établit pour les cinq années 2009 à 2013 à 90 millions d'euros. Le montant des investissements publics, en termes d'infrastructures et d'équipements, est de 680 millions d'euros. Ces investissements comprennent le Mucem (musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée), la villa Méditerranée, la réalisation du Fonds régional d'art contemporain, à Aix l'agrandissement du musée Granet, la réalisation du conservatoire de musique, etc.