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Nathalie Marteau. Une nouvelle vision de la culture et un rôle reconsidéré de l'artiste

le 14 January 2013

Nathalie Marteau. Une nouvelle vision de la culture et un rôle reconsidéré de l'artiste

Nathalie Marteau. Directrice du théâtre du Merlan à Marseille.

Depuis ce week-end, Marseille-Provence est capitale européenne de la culture. Une telle manifestation peut être une formidable occasion de faire évoluer notre vision de la culture.

Je me dois de préciser d'où je parle : des quartiers nord de Marseille (parmi les plus pauvres d'Europe) où est implantée la scène nationale du Merlan que je dirige, et qui développe, depuis plusieurs années, un projet particulier, s'agissant de « vagabonder » dans la ville, en investissant des sites et des espaces pour y présenter des propositions d'artistes, d'impliquer des « habitants », notamment de notre quartier, dans des projets artistiques participatifs et citoyens et de développer une manifestation annuelle intitulée. En corps urbains, consacrée aux relations possibles entre les artistes et la ville.

Pourquoi cette nécessité de repenser notre idée de la culture ?

D'abord, parce que la crise économique que nous connaissons, en révélant les graves déficiences de notre système économique (le capitalisme des années 1980), amène inexorablement à poser les termes de la nécessité et de la possibilité de changements.

Ensuite, considérant la démocratisation culturelle comme un processus toujours en marche, il est devenu indispensable, pour la faire évoluer, de dépasser les clivages systématiques entre le social et le culturel. Une telle perspective amène à faire évoluer l'autre traditionnel clivage, à savoir, culture savante/culture populaire, à nous demander ce « qui fait culture » aujourd'hui et à le prendre en compte pour permettre aux artistes d'occuper une place nouvelle dans la cité (dans la ville et dans la vie de la population).

L'objectif, qui est notamment le nôtre à la scène nationale du Merlan, peut alors être de replacer la création artistique dans une logique territoriale, en redonnant un sens au « collectif » et au « faire ensemble ».

L'Humanité, le 14 janvier 2013

Grande clameur. Faire retentir le cri du peuple

le 12 January 2013

Grande clameur. Faire retentir le cri du peuple

C’est le jour de la grande clameur. Ainsi démarre l’année de Marseille-Provence, capitale européenne de la culture.

Dans cette clameur à laquelle nous sommes invités, les communistes veulent faire entendre le cri du peuple. Un peuple qui ne vient pas béatement participer à cet évènement pour se distraire ou pour s’évader. Un peuple qui ne vient pas bêler en troupeau sur injonction publique. Un peuple qui ne vient pas en tant que réceptacle, mais qui a aussi tant à donner.

Dans son cri, il y a tout ce qui nous fait humains. Il y a colère sociale, les espoirs qui se cherchent, la solidarité ouvrière, l’ouverture à la méditerranée et une folle envie de vivre. La culture n’est pas une pluie qui nous tombe dessus par la grâce artificielle d’une décision européenne. Elle est en nous. Nous sommes des êtres de culture en mouvement.

Marseille et la Provence veulent vivre à pleins poumons. La belle aubaine que voilà doit nous inciter à faire retentir le cri du peuple, un cri magnifique, un cri chargé de notre culture en chemin ! Parce que la culture, c’est l’émancipation humaine, ce mouvement profond qui travaille tous les hommes et les femmes en leur cœur.

De cette grande clameur, les communistes en sont. C’est elle qu’ils veulent faire entrer en politique depuis si longtemps, et aujourd’hui plus que jamais.

Pierre Dharréville
secrétaire départemental du PCF 13
membre du conseil national du PCF
 

Marseille Provence 2013. La culture c'est capital !

le 12 January 2013

Marseille Provence 2013. La culture c'est capital !

Dans un communiqué, la fédération du PCF des Bouches-du-Rhône salue l'évènement, tout en soulignant les enjeux d'une culture réduite au rang de marchandise, soumise elle aussi à une cure d'austérité inédite sous un gouvernement de gauche.

Pour la première fois dans une capitale européenne culturelle, il y aura à Marseille et sa région, un festival "OFF". Ce qui pourra peut-être permettre une accessibilité au plus grand nombre et un élargissement de l'offre culturelle.

On peut légitimement s'interroger sur le fait que l'évènement culturel soit piloté par le président de la Chambre de commerce. Tout un symbole de l'approche culturelle !

Par contre, au vu de l'évènement, qui d'Arles à Aubagne en passant par Aix, Salon, Martigues ou Istres, sera présent aux quatre coins du département et bien au-delà*, on peut constater que de larges coopérations autour de Marseille sont plus que possibles, sans pour autant créer une nouvelle entité territoriale, ce que ne cessent de dire et proposer les 107 maires, municipalités, élus de tous bords ou citoyens qui n'ont pas besoin d'un Méga-Métropole imposé pour coopérer ensemble sur des thèmes choisis.

Alain Croce

* MP 2013 regroupe 73 communes fondatrices, plusieurs territoires sur quelques 90 communes qui totalisent plus d'1,7 million d'habitants.

Alain Hayot. « Les conditions de la réussite de Marseille 2013 »

le 11 January 2013

Alain Hayot. « Les conditions de la réussite de Marseille 2013 »

Marseille, capitale européenne de la culture. Petit tour d'horizon des enjeux de cette labellisation avec l'un des acteurs du monde de la culture dans cette région mais aussi au niveau national, de part ses responsabilités au sein du PCF.

Pour Alain Hayot, élu régional Paca et responsable national du PCF à la culture, le dialogue interculurel méditerranéen et l'appropriation citoyenne doivent être au rendez-vous de cette « capitale européenne de la culture ».

L'Humanité. Après des années de préparation, auxquelles vous avez participé en tant que Vice-Président délégué à la culture de la région Paca de 2004 à 2010, Marseille-Provence devient ce week-end « capitale européenne de la culture ». Comment situez-vous l'enjeu de cette année particulière qui s'ouvre ?

Alain Hayot. Être, une année durant, capitale européenne de la culture représente pour Marseille et une grande partie de la Provence une formidable opportunité par ces temps troublés où se conjuguent régressions sociales, obscurantisme et perte du sens même de la civilisation humaine. C'est un grand défi, tant du point de vue culturel que pour l'avenir de Marseille et de sa région.

Concernant la culture, nous savons tous les dangers qui planent : à l'heure où la puissance publique, hier avec Sarkozy, aujourd'hui avec Hollande, se désengage, elle subit des assauts multiples. Certains veulent la soumettre à la seule aune de leur capacité à générer des profits. Les débats qui se déroulent chaque année au Forum d'Avignon, ce Davos de la culture où l'on rêve de marchandiser notre imaginaire, les attaques récentes contre les politiques publiques françaises en faveur du cinéma ou du spectacle vivant, la concurrence acharnée entre prédateurs des médias et du numérique en sont quelques illustrations.

Mais la culture est, par définition, critique, résistante, émancipatrice face à tous les pouvoirs et à toutes les idées établies. Elle est la condition de la politique, c'est-à-dire de la démocratie, de la libre confrontation des idées, des symboles, de la définition même du sens du destin humain.

Être capitale européenne de la culture, c'est, pour Marseille-Provence, prendre sa part de cette « pensée relation » que vantait Édouard Glissant afin de construire ce qu'il appelait une « mondialité » du dialogue et de la reconnaissance de l'autre, de l'appropriation et du partage des cultures, des savoirs et des imaginaires.

L'Humanité. Si l'on vous comprend bien, concernant Marseille-Provence 2013, vous considérez que rien n'est « joué » ou « annoncé ». Quelles sont les conditions de la réussite ?

Alain Hayot. J'en distingue trois, qui sont d'ailleurs les ambitions affichées dès le départ. D'abord, le rapport à la Méditerranée. Marseille-Provence 2013 doit être une grande année de rencontres, d'échanges et de dialogues interculturels entre les deux rives de la Méditerranée. concourant ainsi à la construction d'un espace euroméditerranéen de paix, de coopération et de reconnaissance mutuelle. C'est sans aucun doute parce que Marseille est une ville d'échanges et de brassages qu'elle a été choisie. Ce dialogue entre les rives de notre Méditerranée commune aura-t-il lieu malgré le couac de la disparition de l'exposition Camus ?

Ensuite, la promotion de la création régionale, qui doit être confrontée à ce qui se fait de plus exigeant à l'échelle européenne et au-delà. Marseille est tout le contraire d'un désert culturel. Il est d'ailleurs à regretter que nombre de créateurs du territoire n'ont pas été associés.

Enfin, Marseille-Provence 2013 ne sera réussie que si elle est une grande manifestation populaire. Là encore, force est de constater que la population marseillaise n'a pas été mobilisée. Sur ces trois grandes conditions, nous sommes, pour l'instant, très en deçà.

ß On a parfois le sentiment que plusieurs logiques sont à I'œuvre au sein de ce projet de « capitale » et que le « label » n'a pas été entretenu de la même manière dans l'ensemble du territoire par les différentes collectivités.

Alain Hayot. Le pire durant cette année serait, en effet, d'avoir l'œil rivé sur les chiffres du tourisme ou encore sur les retombées économiques, comme si la capitale européenne n'était qu'un outil de requalification urbaine et de revalorisation de l'image de la ville. Les attentes populaires sont immenses, mais elles sont autres : elles espèrent faire de cette année capitale le vecteur d'une renaissance culturelle mais aussi sociale de Marseille et de la Provence. C'est à cela que l'on mesurera l'échec ou la réussite de cette belle entreprise.

En ce qui concerne les communistes, les villes (Arles, Martigues, Aubagne, Port-de-Bouc, Gardanne, Port-Saint-Louis-du-Rhône) où ils sont en responsabilité ont grandement contribué à la réussite du projet. Elles sont encore actives pour que la « capitale » réponde aux ambitions que je viens d'évoquer d'exigence artistique. de diversité culturelle, de dialogue interculturel méditerranéen et d'appropriation citoyenne.

Entretien réalisé par Christophe Deroubaix (L'Humanité, le 11 janvier 2013)

La culture, pas le capital ! Communiqué du PCF 13

le 11 January 2013

La culture, pas le capital ! Communiqué du PCF 13

Marseille, le 11 janvier 2013

Pendant une année, Marseille-Provence devient capitale européenne de la culture. Cet événement doit contribuer à la valorisation de la richesse créative de notre territoire et sa population, trop souvent sous les feux d’une médiatisation injustement stigmatisante.

Mais les habitants de Marseille, Aix-en-Provence, Arles, Aubagne, Martigues, Gardanne et de toutes les collectivités parties prenantes de MP 2013 aspirent à autre chose qu’à une manifestation sans lendemain dont l’objectif se limiterait à une conception marchande et rentable de la culture.

La capitale européenne n’est pas le monopole d’une élite ni d’un club d’entreprises. Elle appartient au public, aux acteurs culturels qui créent du lien social. Le défi à relever en 2013 n’est pas non plus le changement d’image de Marseille et sa région en lissant leur singulière identité ou niant leur foisonnante diversité.

Les communistes ont toujours soutenu l’art et la création, leur diffusion, comme vecteurs d’émancipation, d’épanouissement, d’éducation populaire. Soumise elle aussi aux politiques d’austérité, la culture dont le budget est pour la première fois en baisse sous un gouvernement de gauche ne doit servir aucun pouvoir, qu’il soit politique ou financier. On ne peut que regretter les fausses notes qui entachent l’année culturelle comme l’annulation de l’exposition Camus ou certains tarifs qui excluront de fait les personnes les plus en difficulté et vont conforter les inégalités.

Le PCF 13 entend contribuer à l’appropriation populaire de la culture, comme un outil de résistance et de reconquête sociale et démocratique. Nous disons aux artistes comme au public : « prenez le pouvoir dans votre capitale ! ». En 2013 et au-delà.

La fédération du PCF 13

 

Figures d'humanité. Marseille, carrefour de tous les malheurs

le 12 December 2012

Figures d'humanité. Marseille, carrefour de tous les malheurs

La cité phocéenne était au centre des réflexions lors de la rencontre organisée par les Amis de l'Humanité, avec Edmonde Charles-Roux et Philippe Caubère.

Edmonde Charles-Roux et Philippe Caubère ont dialogué à propos de « leur » Marseille et de celui d'André Suarès, dans le cadre du cycle « Figures d'humanité », et à l'occasion du spectacle de Philippe Caubère, Marsiho, d'André Suarès, à la Maison de la poésie jusqu'au 13 janvier 2013.

Ernest Pignon-Ernest a tout d'abord pris la parole pour expliquer la situation de Claude Guerre, remercié de la tête de la Maison de la poésie. malgré un bilan positif (83 spectacles créés sur la poésie contemporaine), tout en invitant chacun pour le (peut-être) dernier rendez-vous des « Figures d'humanité » à la Maison de la poésie, autour de l'écrivain Michel Butor, le 19 janvier prochain (*).

Puis Charles Silvestre a remercié le nombreux public présent, dont l'homme de théâtre Antoine Bourseiller, en-donnant la liste exhaustive des intervenants (d'André Herrero à Bernard Lubat, en passant par Jean Ziegler, Edgar Morin et Raymond Aubrac) qui se sont succédé depuis l'automne 2008, grâce à quatre cycles de réflexions et 21 conférences sur le thème de l'humanité, cher à Jean Jaurès.

Edmonde Charles-Roux, qu'on ne présente plus, et Philippe Caubère ont ensuite entamé un passionnant dialogue sur leur relation avec la ville de Marseille, vue par les yeux d'André Suarès, auteur de Marsiho, joué par l'acteur à la Maison de la poésie : « On comprend mieux cette ville grâce à ce texte retrouvé par Philippe Philippe Caubère, affirmait la présidente d'honneur des Amis de l'Humanité. Il faut accepter qu'au bout de la Canebière… il v a l'Afrique. Marseille est un avant-poste du Maghreb, qu'on le veuille ou non. »

L'acteur acquiesçait et rejoignait l'écrivaine, membre du jury Goncourt, pour insister sur le caractère singulier de la cité phocéenne : « Suarès a écrit : "Celui qui naît à Marseille n'a pas besoin de partir, il est déjà parti." Marseille est dure avec ses artistes; par exemple… » Oui, reconnaissait l'ancienne résistante, c'est une ville grecque, une ville de la tragédie : « Les Marseillais sont bons, sauvages mais sentimentaux. Ils ont accueilli les Arméniens après le génocide et les juifs et les pieds-noirs : c'est le carrefour de tous les malheurs… Cendrars aussi a su écrire sur Marseille, dans l'Homme foudroyé. Marseille est la capitale de l'aventure, pas de la culture. Quoi qu'on en dise… » « L'art ça ne paie pas », concluait Philippe Caubère. « Marseille n'a pas changé. Elle reste un port de commerce, complexée d'être la deuxième ville de France. »

Guillaume Chérel (L'Humanité, le 12 décembre 2012)

(*) Maison de la poésie, passage Molière, 157, rue du faubourg Saint-Martin, Paris 3e. Tél. : 01 44 54 53 00. « Figures d'humanité » autour de l'écrivain Michel Butor, le 19 janvier 2013.

Conférence de Valère Staraselski à Marseille sur Louis Aragon

le 08 December 2012

Conférence de Valère Staraselski à Marseille sur Louis Aragon

Valère Staraselski défend et vit ses idées. Aucune dichotomie entre son militantisme, l'œuvre et l'homme. Non ! Valère n'est pas de ceux qui écrivent et causent, sans actes. Le compagnonnage et l'amitié prennent leur véritable sens quand le hasard vous fait rencontrer cet homme de Lettres. Dans ces moments troubles où l'on fustige les valeurs humaines, Valère Staraselski remet à tout moment les pendules à l'heure.

Pour Valère Staraselski, Louis Aragon est un des plus grands écrivains français du XXème siècle. L'un des plus mal connus aussi. Un auteur que nombre de critiques avouent ne pas comprendre. Il nous dit qu'il est vrai que son itinéraire, fait d'une trame où s'entrecroisent le créateur et le politique, relève de l'exception. C'est pourquoi, à ses yeux, l'écrivain et l'homme politique ont été envisagés, lors de la conférence, dans leur liaison délibérée.

Oscar Niemeyer. Souvenirs architecturaux au siège du PCF

le 07 December 2012

Oscar Niemeyer. Souvenirs architecturaux au siège du PCF

Hommage. Oscar Niemeyer, militant communiste, s'est éteint à Brazilia l'âge de 104 ans. Il est l'auteur de plus 600 œuvres architecturales dans le monde.

Au 2, place du Colonel Fabien dans le 19e arrondissement de Paris, siège du Parti Communiste Français et œuvre d'Oscar Niemeyer, les souvenirs architecturaux se mélangent à ceux du parti.

Oscar Niemeyer, architecte majeur du XXe siècle, est décédé mercredi à 11 jours de son 105e anniversaire.

En plein cœur d'un quartier populaire, l'œuvre d'Oscar Niemeyer se dresse toute en courbes, « une parcelle de terre brésilienne », sourit Gérard Fournier, administrateur des lieux.

« J'ai commencé par voir les ouvriers faire le béton », s'amuse, Georges Cukierman, dit « Jojo », militant PCF « depuis 70 ans ».

Lors de l'inauguration, « Jojo » avait été « émerveillé ». « C'est la première fois qu'on faisait un style comme ça. C'était du béton et du verre  », explique-t-il.

Bernard Brezout, 70 ans, était jeune ingénieur lorsqu'il a travaillé sur cet édifice avec Oscar Niemeyer, « le projet d'une vie ». Sur la fin des travaux (1971), en cas de problème, il fallait être patient. L'architecte, de retour au Brésil, ne prenait jamais l'avion : « Il fallait attendre un mois qu'il arrive en bateau ».

Il se souvient surtout du talent d'Oscar Niemeyer et de son écoute, des « très, très bons échanges » pour un résultat classé au patrimoine national. « Quand il expliquait l'architecture, tout le monde pouvait comprendre », note « Jojo ».

Assis dans la salle située sous la coupole, il se rappelle avoir « pris la parole, là » lors d'un hommage à un camarade sénégalais. « Ca fait quelque chose », raconte-t-il ; encore ému. C'est « là » aussi que le programme commun a été signé en 1972. C'est « là » qu'ont lieu les grands rendez-vous du PCF.

L'œuvre continue d'émerveiller. Mylène Cala, 24 ans, adhérente aux jeunesses communistes, a « toujours le choc visuel quand on sort du métro, avec cette coupole blanche ». « Et puis il y a l'histoire que porte ce bâtiment ».

En trois jours, Oscar Niemeyer, réfugié politique en France, dessine l'esquisse du bâtiment et fait cadeau de son œuvre au Parti Communiste Français.

« Ca plaît, c'est comme une jolie femme », souligne « Jojo » qui ne croit pas si bien dire. « Cette coupole, Oscar Niemeyer en fait la représentation de la fécondité, de tout ce qui est porteur vers l'homme », selon Gérard Fournier.

Aujourd'hui, l'esquisse d'Oscar Niemeyer est affichée dans le bureau de Gérard Fournier.

« A l'inauguration, avec Georges Marchais, il y avait beaucoup d'effervescence, une grande fierté », raconte l'administrateur, « on était loin de s'imaginer que 40 ans plus tard ce serait une référence architecturale ».

Chaque année, 15.000 visiteurs « des écoles d'architecture du monde entier » viennent visiter le 2, place du Colonel Fabien. Ils ne sont pas les seuls à fouler le sol du siège du PCF.

Longtemps qualifié de « bunker », « forteresse », « abri antiatomique », le siège du Parti Communiste Français ouvre désormais ses portes au cinéma, à la haute couture ou à des conférences.

La Marseillaise, le 7 décembre 2012

Michel Carrière. « Trois jours de culture et d'émancipation »

le 06 December 2012

Michel Carrière. « Trois jours de culture et d'émancipation »

Le Président de l'association Former Transformer Partager invite la librairie Diderot.

La Marseillaise. Pour la 5e année consécutive vous recevez la librairie Diderot. Quelle tonalité aura cette édition ?

Michel Carrière. Cette année prend un caractère particulier sur le plan littéraire avec le 30e anniversaire de la disparition de Louis Aragon, le 60e de la disparition de Paul Éluard. Mais aussi sur le plan historique avec le cinquantenaire de l'Indépendance de l'Algérie. Trois éléments autour desquels le programme des trois jours de la librairie de Noël a été structurée.

La Marseillaise. Vous avez les yeux dans le rétroviseur ?

Michel Carrière. Non, il ne s'agit pas de nostalgie. Nous pensons qu'il faut connaître le passé pour comprendre le présent et construire l'avenir. La force littéraire, poétique, d'Aragon et d'Éluard est intemporelle quant à l'Indépendance de l'Algérie, c'est une question qui interpelle toujours la société française dans sa diversité. Au delà, les visiteurs pourrons trouver 500 ouvrages du monde, traitant d'art, d'économie, de social, de politique, de paix, de philosophie mais aussi des livres pour enfants. Il y aura beaucoup de romans et de nombreux auteurs seront présents au cours des trois jours pour dédicacer leurs ouvrages. Mais la librairie de Noël ce n'est pas qu'une vente de livres.

La Marseillaise. C'est-à-dire ?

Michel Carrière. Nous avons donné carte blanche à la Librairie Diderot, qui a fait le choix d'un militantisme progressiste. Elle nous propose trois jours de culture au sens large et d'émancipation. Le programme prévoit des conférences avec Valère Staraselski, spécialiste d'Aragon, qui nous en parlera dans ses dimensions littéraire, politique et humaine. Mais aussi une rencontre avec Rosa Moussaoui, journaliste à l'Humanité et co-auteur d'un ouvrage sur la censure de ce journal pendant la guerre d'Algérie. Bruno Doucey, écrivain et poète viendra échanger avec le public sur Éluard devant une grande reproduction de l'œuvre de Fernand Léger « Liberté j'écris ton nom… » inspirée du poème. Par ailleurs les trois jours seront émaillés de spectacles, d'animations culturelle, et d'expositions, notamment de peintures du Kurdistan, une merveille d'expressivité et de couleurs. C'est aussi une prise de partie solidaire pour un peuple dont les aspirations sont niées. Elle sera d'ailleurs visible à côté d'une exposition réalisée par l'association Mémoires vivantes sur la guerre d'Algérie.

La Marseillaise. Pourquoi la culture est pour vous une « arme contre le capitalisme » comme l'indique votre invitation ?

Michel Carrière. Nous écrivons aussi qu'elle est une source de joie et de plaisir. Et en effet, à l'association Former Transformer Partager, nous considérons que la lecture est le premier acte de l'émancipation. Elle permet de comprendre le monde et d'imager le changer.

Propos recueillis par La Marseillaise, le 6 décembre 2012

Biographie. Les multiples facettes d'Henri Krasucki

le 04 December 2012

Biographie. Les multiples facettes d'Henri Krasucki

L'Alcazar a accueilli Christian Langeois, auteur d'un remarquable ouvrage sur le dirigeant de la CGT.

« Et qu'est-ce que tu vas faire en rentrant ? ». C'est à cette question que Hénoch Krasucki, plus connu sous le prénom d'Henri, répond en 1945, du camp de Buckenwald où il est interné depuis deux ans : « Chercher du travail et reprendre mon activité à la Jeunesse communiste ». Telle est la réponse que ce jeune homme, sur le papier disponible qu'il trouve dans cet univers de ténèbres, dans sa première autobiographie, rédigée à la demande du Parti communiste.

Fils d'émigrés polonais communistes en France, de culture yiddish, venus dans le pays des lumières, « parce que l'on ne ratait pas un 1er Mai, et que dans ce pays là, on avait le droit de manifester », Henri Krasucki est devenu Secrétaire général de la CGT en 1982, après la retraite revendiquée de Georges Séguy. Un Secrétaire général dont Christian Langeois, lui-même ancien syndicaliste à EDF-GDF, a écrit une très belle biographie(*).

L'indépendance du syndicat avant tout

Ce n'est pas la période la plus facile. Mitterrand est au pouvoir et, dans les rangs du gouvernement, on compte des Ministres communistes et « l'on accuse la CGT d'avoir un pied dans la rue et l'autre dans les manifestations », écrit Christian Langeois. « Et Henri Krasucki, qui disait en 1981 qu'il allait falloir que la CGT apprenne à travailler dans ce nouveau contexte et obtenir le maximum pour les salariés et les travailleurs, s'engagera en 1984 dans un mouvement d'autonomie du syndicat par rapport au Parti communiste ».

Critiqué au sein de son propre parti, Henri Krasucki en souffrit certainement. Comme il fut calomnié, critiqué, caricaturé par une droite qui n'avait connu ni l'exil ni la déportation. Cette droite toujours avide de revanche, à l'affût de toute percée, de chaque conquête du monde ouvrier. Henri Krasucki fut la cible facile, le bouc émissaire des flèches acérées de ses ennemis de classe. Qui ne voyaient en lui qu'une certaine incarnation du « stanilisme à la française ».

Camarade mélomane

« Sans penser ni comprendre que l'homme, le militant politique et syndicaliste étaient le même produit d'une époque, d'un contexte bien particulier. Celui, alors qu'il n'est encore qu'un adolescent, du Front populaire, de la guerre d'Espagne, puis de la Résistance ». Personne, poursuit Christian Langeois, ne peut comprendre qui était Henri Krasucki « sans se reporter à ses années d'adolescence. Et à son rapport au savoir ». Car l'homme à la casquette d'ouvrier était aussi un amoureux de musique classique, qui autant qu'il le pourra, assistera à des concerts. « L'un de ses camarades de résistance témoignera que lorsqu'il était au camp d'Auschwitz, Henri sifflera des pans entiers de la 7ème symphonie de Beethoven à ses codétenus ».

Une dimension qui ne lui sera reconnue que dans la dernière partie de sa vie, mais qui a fait aussi la richesse des rapports du camarade mélomane avec les intellectuels de son temps.

Gérard Lanux (La Marseillaise, le 4 décembre 2012)

(*) Henri Krasucki, 1924-2003. Editions Le Cherche Midi.