La Commune

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Librairie de Noël

le 07 November 2012

Librairie de Noël
A la Maison des communistes
280, rue de Lyon
13015 - Marseille

Vendredi 7, samedi 8, dimanche 9 décembre

Du Front Populaire d'hier à celui d'aujourd'hui

le 29 October 2012

Du Front Populaire d'hier à celui d'aujourd'hui
Salle Gérard Baudet
A la Maison des communistes
280, rue de Lyon
13015 - Marseille

Mardi 27 Novembre à 15h

Avec Claude Mazuric, historien, Gérard Leidet secrétaire de Promémo (Provence, mémoire et monde ouvrier, les amis du Maitron) « Il ne sert à rien à raconter l’histoire si elle ne sert pas les combats d’aujourd’hui et de demain.» et Georges Duby Grand historien Membre de l’Académie française et du Grand collège de France

Albert Cordola chez les Conti. Une page d'histoire

le 19 October 2012

Albert Cordola chez les Conti. Une page d'histoire

Un petit clin d'œil chez nos voisins vauclusiens.

« On ne peut pas composer avec le système néolibéral »

le 14 October 2012

« On ne peut pas composer avec le système néolibéral »

Les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot publient « L'argent sans foi ni loi », un livre d'entretien avec le journaliste Régis Meyran aux éditions Textuel. L'ouvrage consacré à l'argent devenu « la valeur ultime du monde contemporain » résonne comme un appel à la révolution.

La Marseillaise. Vous publiez « l'Argent sans foi ni loi » dans lequel vous racontez l'histoire de l'argent devenu selon vous « un vrai marqueur social ». Comment a-t-on atteint ce stade d'« argent fou » ?

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. Au départ, l'argent était conçu pour faciliter les échanges entre les êtres humains. Il était un facteur de lien social. Avec l'argent équivalent universel, je pouvais vendre mon vélo et m'acheter trois kilos d'oranges sans avoir recours au troc. Mais petit à petit, l'argent a été capté selon un long processus qui va de la Seconde Guerre Mondiale, à la virtualisation de l'argent et de sa captation par la classe dominante. Aujourd'hui, au lieu de créer du lien social, l'argent est devenu une arme financière au service des plus riches pour asservir les peuples.

La Marseillaise. L'argent a toujours été l'attribut des riches. De quelle façon est-il devenu « l'arme de la classe dominante » ?

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. Aujourd'hui la Grèce, les pays européens, et la France demain, puisque la gauche libérale a signé ce pacte budgétaire qui resserre un petit peu plus encore les vis des finances du pays, seront soumis dans leur choix sociaux et politiques à l'Europe libérale. Mais ce sont les dominants, la grande bourgeoisie qui ont créé ces « déficits » dont on parle tant. Car en réalité il y a de l'argent. C'est un problème de choix politiques : ou on veut la santé pour tous, ou qu'elle soit réservée aux plus riches… Et par conséquent que les plus pauvres n'aient plus de dents, ne peuvent plus se payer de lunettes, grossissent et meurent dès qu'ils ne sont plus bons pour le travail. Et surtout qu'ils ne pèsent pas sur la collectivité par le biais des retraites ! Depuis que ce système néolibéral s'est installé en France grâce aux socialistes dans les années 80, le système de santé en France n'a fait que de se dégrader dans sa dominante publique.

De multiples manières, l'argent est donc mobilisé pour détruire ce que les peuples occidentaux ont créé, notamment en France dans la lignée du Conseil national de la Résistance après la Libération. Cette société sociale démocrate où l'État était protecteur et redistributeur et où les ouvriers et les employés bénéficiaient de protection sociale de services publics intéressants. Aujourd'hui les dominants n'en veulent plus. Le système capitaliste a muté. Le pouvoir de l'économie, le patronat, les financiers souhaitent un pouvoir qui ne rencontre plus aucun obstacle, ni aucune contrainte. Et ils font fi des Nations.

La Marseillaise. Quelles sont les conséquences de cette guerre des classes sur l'État ?

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. Un affaiblissement complet avec la complicité et la servitude volontaire des politiques. Car ce sont bien les politiques qui se soumettent aujourd'hui. On le constate depuis des jours voire des semaines puisque ce sont des gens qui se revendiquent de gauche qui signent ce foutu traité.

La Marseillaise. Quel regard justement jetez-vous sur cette initiative qui va marquer le début du quinquennat de François Hollande ?

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. On a l'impression de voir se reproduire ce que nous avons vécu pendant le premier mandat de François Mitterrand. La gauche libérale, et je le précise parce que ce n'est pas ma gauche à moi, arrive à faire passer sans trop de dégâts ce que la droite peut-être n'aurait pas réussi à faire passer simplement. Comme la dérégulation des marchés financiers en 84/86 par Pierre Bérégovoy lui-même. Franchement si les Français avaient su à l'époque ce qui se tramait en haut de l'État… C'est accablant et écœurant.

La Marseillaise. Vous ne manquez pas d'égratigner cette social-démocratie…

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. C'était déjà présent dans le Président des riches. On avait alors démontré qu'on était face une oligarchie dont la sensibilité pouvait être à droite mais aussi à gauche. Dominique Strauss Kahn était particulièrement épinglé. Dans « L'argent sans foi ni loi », le ton monte. Car désormais, tout a changé, le PS a tous les pouvoirs jusqu'à la présidence de la République. Mais cette social-démocratie est incompatible avec le néolibéralisme qui ne veut plus aucune contrainte ni obstacle. Au fond, c'est un système pervers de guerre financière, psychologique et médiatique. Les psychanalystes disent qu'il ne faut surtout pas essayer de composer avec les pervers narcissiques. Il faut les fuir. Avec le néolibéralisme, c'est exactement la même chose. L'analogie me paraît parfaitement intéressante. On ne peut pas composer avec le système néolibéral.

La Marseillaise. Dans votre ouvrage, vous rappelez qu'Arcelor Mittal a profité de l'arrêt des hauts fourneaux pour vendre ses droits à polluer à d'autres entreprises et a ainsi gagné beaucoup d'argent.

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. Ce qui pose quelques problèmes quand on a quelques valeurs morales. On est dans un monde sans foi ni loi où tous les coups sont permis, où les gens ne sont plus que de la chair à spéculations, des kleenex que l'on jette quand on n'en a plus besoin. Pierre Moscovici a surjoué la surprise à l'annonce du plan de licenciements PSA Peugeot alors qu'il était vice-président du cercle de l'industrie jusqu'au mois de juin où il a été nommé ministre. Philippe Varin, le président du directoire de PSA Peugeot Citroën est le président de ce cercle. Les deux hommes se connaissent donc bien. Il faut vraiment nous considérer comme des naïfs pour nous faire croire que le ministre de l'Economie n'était pas au courant.

La Marseillaise. Comment sortir de ce système néolibéral ?

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. Il faut changer de système. Et pour le faire, il est vraiment nécessaire de frapper les esprits. Il faut faire de l'éducation populaire. Que nous, sociologues, nous donnions notre énergie pour écrire des livres sur ce que nous savons, comme Michel et moi sur la grande bourgeoisie, sur ce que nous voyons dans ce rapport à l'argent devenu cupide où le reste de la société ne compte plus. Parce que les gens sont manipulés par la publicité, les médias, par tous les chiens de garde que sont une grande partie des journalistes.

On achète leurs cerveaux que l'on achève. Les contre-pouvoirs et les forces d'opposition doivent parvenir à rééduquer les gens, à leur faire vivre des émotions, des temps forts. Ce n'est pas par la violence, du jour au lendemain, que l'on va pouvoir changer les choses. On le voit dans les pays arabes, il est impératif que le processus soit rendu irréversible. Et cela passe par l'intériorisation d'autres choses que celles qui sont actuellement inculquées par une manipulation de tous les instants à travers des médias qui appartiennent presque exclusivement aux patrons du CAC 40.

La Marseillaise. C'est un travail long et difficile alors que le contexte appelle à un changement rapide…

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. Effectivement mais ce n'est pas le cas. Je pense que les intellectuels, les journalistes ne sont pas à la hauteur. Le libéralisme a gagné dans les têtes. Il y a encore trop de gens qui ont intérêt au système et qui y trouvent encore leur confort.

La Marseillaise. Votre livre s'achève par un appel à la révolution.

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. Cette révolution qui nous semble être la seule solution, ne passe pas forcément par la violence, qui est du côté des dominants, mais par l'éducation, la transformation…

La Marseillaise. En attendant votre prochain ouvrage…

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. Ce sera pour septembre 2013. Il aura pour thème la souffrance du peuple face à l'accentuation de la violence dans les rapports sociaux de domination ajoutée à la trahison de la masse des socialistes au nom de valeurs de gauche. C'est la pire des trahisons, la pire des violences. Nous suivrons à la loupe cette première année de quinquennat. Et nous serons au rendez-vous pour dire ce que nous pensons de cette trahison.

Entretien réalisé par Sandrine Guidon (La Marseillaise, le 14 octobre 2012)

Pour aller plus loin : « L'argent sans foi ni loi », Michel Pinçon et Monique Pinçon- Charlot. Conversation avec Régis Meyran. Les éditions Textuel, 2012.

Politique. « Un coup d'État à froid »

le 09 October 2012

Politique. « Un coup d'État à froid »

Patrick Le Hyaric, Directeur de « L'Humanité » était à la Médiathèque samedi pour présenter son livre « L'Europe des peuples nous appelle ».

« L'Europe des peuples nous appelle » est un décryptage critique du traité européen « pour la stabilité, la coopération et la gouvernance », complété notamment par un ensemble de propositions intitulé « Pour des états généraux de refondation de l'Europe ». Car l'un ne va pas sans l'autre… Qualifié « d'outil essentiel » par Gaby Charroux, ce livre doit être versé au débat jusqu'ici « occulté, empêché » selon les propos du Député-Maire qui a rappelé le « vote à marche forcée » qui doit avoir lieu cet après-midi à l'Assemblée. « Dans notre entourage même, beaucoup ignorent les conséquences graves qu'aurait ce traité pour les citoyens » soulignait le Député qui fait partie de la commission spéciale chargée d'étudier le projet de « loi organique ». Une commission où il a avoué se sentir bien seul face à l'unanimité des partisans du T.S.C.G.

Les « conséquences graves », Patrick Le Hyaric s'est attaché à les décrire au long de son intervention et en réponse aux questions de la salle lors du débat. Pour le député européen (Front de Gauche), le traité est « un coup d'État à froid », « contre les gouvernements, contre la République ». Si le T.S.C.G. se situe « dans la droite ligne des traites précédents » (Maastricht, Lisbonne), il introduit néanmoins une nouveauté : la surveillance étroite des budgets nationaux par la Commission de Bruxelles et les sanctions pour les mauvais élèves. « Sous prétexte de "préserver la stabilité de la zone euro", le texte introduit "une règle d'équilibre budgétaire" qui s'appliquerait, après ratification, aux 17 Etats membres de la zone euro et aux autres pays de l'Union européenne. Cette "règle d'équilibre budgétaire" abusivement appelée "règle d'or" est en réalité un formidable outil de soumission des politiques et des Etats aux diktats de la Commission de Bruxelles » (1). Selon une démarche définie par la Commission (formée de personnes non élues, contrairement au Parlement européen qui siège à Strasbourg), les Etats ayant dépassé les limites du déficit structurel défini par le traité seront sommés de mettre en œuvre un « mécanisme de correction automatique ». Pour Patrick Le Hyaric, « c'est le principe du peuple souverain existant depuis 1792 qui disparaît ».

Si l'un des pays membres de l'Union européenne est en difficulté, « l'octroi d'une assistance financière » en vertu du Mécanisme européen de stabilité (M.E.S.) « sera conditionnée à partir du 1er mars 2013 à la ratification du présent traité ». Or, le M.E.S a tout du petit frère du F.M.I. : « au lieu de constituer une solidarité entre les États de la zone euro (il) pourrait vite s'affirmer comme une arme de guerre pour obliger les États à mener une politique conforme aux exigences de cette orientation purement libérale » (2) écrit Patrick Le Hyaric.

En somme, le traité soutiendra les économies comme la corde soutient le pendu.

Jean-François Arnichand (La Marseillaise, le 9 octobre 2012

(1) « L'Europe des peuples nous appelle», p. 77
(2) p. 81

L’après Obamania

le 04 October 2012

L’après Obamania

Décrytage des enjeux de l’élection américaine du point de vue de l’intérieur mais aussi pour les autres pays.

« Les élections aux Etats-Unis soulèvent moins d’enthousiasme qu’en 2008. Certes, la ferveur Obama est depuis retombée mais on en mesure aussi mal les enjeux ». Benoit Breville est journaliste au Monde diplomatique et était mardi dans nos locaux pour présenter le nouveau Manière de voir intitulé Où va l’Amérique ?

En préambule, le journaliste rappelle les spécificités américaines, des élections par états où une seule voix supplémentaire est nécessaire pour gagner et où le pourcentage n’interfère en rien. Dès lors, les lieux d’emblée acquis ou au contraire d’avance perdus sont négligés et les candidats se concentrent sur une dizaine d’états où les majorités alternent démocrates et républicains. Dix états où se concentrent des moyens colossaux, la campagne étant évaluée à 2 milliards de dollars, où déferlent des milliers de spots publicitaires et où s’enchaînent les meeting.

Ces enjeux sont forcément liés au bilan que le journaliste trace à grands traits. « Économiquement, Wall Street n’a jamais été aussi puissant qu’aujourd’hui, les inégalités ont cru beaucoup plus rapidement que sous Bush avec désormais un Américain sur 6 qui ne mange pas à sa faim, la révolution verte n’a pas eu lieu et le nombre d’expulsion d’étrangers - 400 000 par an - est sans précédent depuis Eisenhower ».

Cette absence de différence marquée entre la politique des démocrates et celle de ses prédécesseurs républicains se retrouve aussi dans le programme et provoque « un choix entre le mal et le pire » pour l’électorat d’Obama. Ce dernier - numériquement important - est composé des jeunes, des femmes, des diplômés mais aussi des communautés noires ou hispaniques qui, déçus ont du mal à se mobiliser. Tandis que celui Mitt Romney, moins nombreux, est très fortement mobilisé.

Pourtant, souligne le journaliste, une victoire des républicains entraînerait une baisse des impôts, une remise en cause radicale des retraites et autres couvertures maladies... Bref la mise en oeuvre de la théorie du ruissellement : « quand les riches sont riches, cela rejaillit sur les classes inférieurs. Il faut donc favoriser les riches ».

Bonnet blanc et blanc bonnet

Une analyse qui se décline aussi sur le plan international et permet d’aborder les enjeux de l’élection pour le reste du monde. « Les Etats-Unis ne sont plus la superpuissance qu’ils étaient. Ils ont perdu des guerres et le modèle économique qu’ils proposent au monde depuis 50 ans est affaiblit par la crise » campe Benoit Breville. Et dans ce domaine aussi, le bilan est à l’absence de rupture avec les politiques antérieures. « Maintien, certes aménagé de l’embargo de Cuba, même hostilité vis-à-vis du Vénézuela, même attitude par rapport à Israël, même menace d’intervention en Iran, même ingérence en Amérique du sud comme au Honduras… » illustre le journaliste.

Ces similitudes entre républicains et démocrates se retrouvent aussi dans la campagne où « le sujet n’est que rarement abordé des deux côtés si ce n’est pour des déclarations tonitruantes ». Et si le journaliste utilise à nouveau la formule de « bonnet blanc et blanc bonnet », il souligne que l’élection de Mitt Romney donnerait libre court à « l’hostilité de plus en plus obsessionnelle contre les Arabes, à un alignement de plus en plus prononcé sur les thèses de l’ultra-droite israélienne développés par les républicains durant la campagne ». L’impact serait aussi idéologique. « Cela galvaniserait la droite, mettrait en échec la relance par la croissance voulue en Europe, Europe que Mitt Romney qualifie de socialiste et en crise parce que socialiste » développe Benoit Breville. « Et confirmerait qu’aucune autre politique n’est possible quand bien même Obama n’a jamais cherché à rompre avec ces politiques libérales ».

Bonnet blanc et blanc bonnet... Dans le public, Thierry Discepolo réagit à la formule : « ne pourrait-on pas plutôt dire qu’il s’agit là de deux versions d’une même classe dirigeante, l’une brutale et l’autre élégante ? » Ce directeur de la maison d’édition marseillaise Agone vient de republier Le Grand bond en arrière de Serge Halimi. Cette version augmentée décrypte le travail idéologique mené dès les années 1950 pour détruire toutes les solutions alternatives au marché et imposer les doctrines libérales comme seule option possible.

Benoit Breville acquiesce à la remarque et précise sa conviction que le système américain est finalement irréformable : « Une minorité de 40 sénateurs peut tout bloquer. Ce qui produit des politiques consensuelles pouvant séduire les deux camps et favorise le bipartisme qui empêche l’émergence de nouvelles idées ».

Un point de vue presque aux antipodes de celui développé par Christophe Deroubaix, journaliste à l’Humanité qui vient de publier un Dictionnaire imprévu et presque optimiste des Etats-Unis. Il y recense les idées progressistes à l’oeuvre dans un pays pourrait se montrer prêt pour un nouveau New Deal. S’il reconnaît les crises que traversent l’Amérique du nord -économique, de sens, d’identité et de puissance- Christophe Deroubaix s’en réfère à Gramsci pour se demander si la crise n’est pas « quand le vieux se meurt et que le jeune hésite à naître ».

Angélique Schaller (La Marseillaise, le 4 octobre 2012)

Mourir pour les marchés financiers ?

le 24 September 2012

Mourir pour les marchés financiers ?

Par Francis Wurtz ex-député PCF européen

Samedi dernier, cela faisait quatre ans, jour pour jour que la grande banque d’affaires américaine Lehman Brothers faisait faillite, déclenchant une réaction en chaîne sans précédent depuis 1929,qui ébranla tout le système bancaire du monde occidental. Curieusement, cet “anniversaire” n’a été ni commenté ni même signalé dans les grands média…Il s’agit pourtant d’un événement historique puisqu’il avait révélé à la Terre entière la profondeur de la crise du capitalisme financiarisé. Un système qui, à force de dérèglementation, de “libre circulation des capitaux”, de prime à “l’innovation financière”, en est arrivé à un stade où…97% des mouvements de capitaux ne concernent plus l’économie réelle (la création d’emplois, la production de richesses et les échanges de biens ou de services),mais alimentent des activités spéculatives !

Ainsi, ce qu’ils appellent les “produits dérivés” (à savoir des opérations spéculatives sur tout et n’importe quoi: les prix futurs de l’immobilier, de matières premières, de denrées alimentaires ou l’évolution supposée des taux d’intérêt ou la valeur espérée d’un quelconque indice…) représentent désormais quelque 600 000 milliards de dollars par an, dans le monde, soit plus de 1000 fois le budget d’un Etat comme la France! Non seulement, des sommes faramineuses sont ainsi stérilisées au détriment des immenses besoins de l’humanité, dramatiquement ignorés, mais à chaque éclatement de l’une de ces “bulles” spéculatives, il s’ensuit une catastrophe que des peuples payent au prix fort. La course au profit financier atteint un tel degré de folie que les grands “boursicoteurs” du 21 ème siècle se sont dotés de puissants ordinateurs qui leur permettent de passer 1000 ordres d’achat ou de vente…par seconde ! C’est dire la profondeur du fossé qui sépare aujourd’hui les obsessions des marchés financiers des aspirations des sociétés.

C’est ce système-là qui prend l’eau de toute parts! Et c’est pour le sauver à tout prix que les dirigeants européens tentent d’instaurer un régime d’austérité  durable et de centralisation des lieux de décision. Il n’y a donc pas lieu de se laisser impressionner par leurs  discours sur l’exigence d’une “saine gestion” des finances publiques au nom de la nécessité de ” rassurer les investisseurs”! A ceux qui érigent le “désendettement de l’Etat” en priorité absolue, quitte à faire exploser le chômage et la pauvreté, à pousser la zone euro dans la récession et à semer le désarroi parmi les citoyens,  il faut rappeler que l’endettement des Etats européens (Allemagne comprise) s’est envolé suite aux centaines de milliards d’euros mobilisés dans l’urgence, après 2008, pour sauver le système bancaire, puis pour financer des plans de relance afin d’éviter une dépression économique comparable à celle de 1929 ! Il est donc particulièrement malvenu de culpabiliser les peuples en les accusant d’avoir “vécu au-dessus de leurs moyens”! En vérité, la classe dirigeante européenne veut leur faire accepter la déconstruction systématique de conquêtes sociales et démocratiques de plusieurs décennies et qui sont à l’origine de ce qu’on a, naguère, appelé fièrement le “modèle social européen”-celui-là même que Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, a récemment déclaré “mort”, tout en annonçant une véritable tentative de restauration des pouvoirs du capital en Europe.

“Le traité budgétaire est le début” a-t-il précisé dans le “Wall Street Journal”. Nous voilà prévenus. Rendez-vous le 30 septembre prochain ,place de la Nation !

Marseille/Alger. Deux sœurs de la Méditerranée

le 24 September 2012

Marseille/Alger. Deux sœurs de la Méditerranée

Parc de Fabrégoules
Septèmes-les-Vallons

Mercredi 26 septembre de 18h à 21h

 

 

La Rose et le Réséda n°3. Lettre de la commission laïcité et relations avec les croyants

le 20 September 2012

La Rose et le Réséda n°3. Lettre de la commission laïcité et relations avec les croyants

Sommaire

Vatican II : 50 ans, ça se fête ? Un numéro spécial de la pensée

Neutralité et compétitivité

Jours fériés : une fausse bonne idéee

Les scandales du vatican

Laïcité et relations avec les croyants dans la fête de l’Huma

Le ministre des cultes, les musulmans et les cultes ...

Les footballeuses voilées

La laïcité et la constitution

Le djihad civil à Tombouctou

A ceux qui croient au ciel et à ceux qui n’y croient pas

Le silence, le bruit et la fureur du monde

L’affaire de la prière du 15 Août

L’affaire des Pussy Riot

L’affaire des animateurs pratiquant le ramadan

Pays d'Aubagne. Gratuité, un ticket pour l'émancipation

le 19 September 2012

Pays d'Aubagne. Gratuité, un ticket pour l'émancipation

Une élue et un philosophe racontent la gratuité des transports publics instituée depuis 2009 dans l'agglomération d'Aubagne. Une petite révolution et une invitation au mouvement.

"Voyageurs sans ticket. Liberté Égalité Gratuité" de Magali Giovannangeli et Jean-Louis Sagot-Duvauroux. Éditions Au-Diable Vauvert, 2012, 15 euros.

C'est l'histoire d'une « expérience sociale » racontée et visitée par celle qui l'a mise en œuvre, donc pensée, et par celui qui l'a pensée et donc mise en œuvre dans les esprits. L'élue s'appelle Magali Giovannangeli, Présidente (PCF) de la Communauté d'Agglomération du Pays d'Aubagne et de l'Étoile. Le philosophe se nomme Jean-Louis Sagot-Duvauroux, auteur d'un essai, en 2006, titré "De la gratuité". L'expérience sociale, justement, c'est ça : la mise en œuvre, à partir de 2009 (en pleine crise économique, en plein sarkozysme !), de la gratuité dans les transports publics de l'agglomération aubagnaise.

Ce livre retrace donc cette épopée de reconquête face au « tout-marchand », depuis les réticences qu'il fallut surmonter, à la sanction par la réussite : augmentation du nombre de voyageurs de 142%. Tous les aspects de cette gratuité sont abordés : il s'agit à la fois d'une mesure sociale pour les plus défavorisés, d'une mesure de développement durable qui permet de faire reculer l'usage de la voiture. d'une mesure de société puisque les jeunes s'emparent de la nouveauté et côtoient dans les bus, redevenus des places publiques, d'autres générations. C'est tout cela à la fois et bien plus : à la lecture de ce livre, on comprend surtout qu'il s'agit d'un acte politique, au sens le plus profond du terme.

« Rien n'est plus alternatif au marché que la gratuité puisqu'elle instaure dans les faits. sur un champ particulier de l'activité humaines -ici les déplacements-, une vielle utopie communiste et libertaire qui faisait figure de vue de l'esprit : non plus "à chacun selon ses moyens financiers" mais "à chacun selon ses besoins… de déplacement" », écrivent les deux auteurs. Aubagne n'est pas seule dans l'aventure des transports publics gratuits. D'autres ont commencé avant. Toutes se mettent désormais en réseau tandis que la ville provençale va plus loin avec le projet en cours du premier tramway gratuit au monde.

Pourtant, soulignent avec force l'élue et le philosophe, il faut se garder de faire de cette expérience « une baguette magique ou une recette universelle. C'est une avancée locale, sur un champ limité, et qui n'est sans doute pas reproductible partout. On peut néanmoins la lire comme un petit pas dans un mouvement politique plusieurs fois millénaire qu'on nomme émancipation ». Dès lors, la mise en œuvre de la gratuité des transports publics dans un territoire relève de l'universel s'il constitue « une invitation au mouvement » et s'il « peut inciter d'autres à imaginer cent diverses issues à la dureté des rapports marchands ».

Christophe Deroubaix (L'Humanité, le 19 septembre 2012)