La Commune

La Commune
Accueil

Fabrégoules. Pierre Domenguès, un militant rock

le 24 juin 2012

Fabrégoules. Pierre Domenguès, un militant rock

Pierre est le chanteur du groupe de rock "Les Colporteurs". Ceux-ci sont des militants très engagés et se produisent demain soir à 21h, dans le cadre de la fête offensive du PCF. Mais ce n'est pas tout, le compositeur participe également au débat « Ecole, culture, jeunesse » avant de dédicacer son premier roman intitulé « Poison heart », une œuvre rock qui transporte.

La Marseillaise. Pourquoi participer à ce débat ?

Pierre Domenguès. J'aime bien parler de la place de l'artiste et de la culture à l'école. Ce qui est intéressant c'est que je peux intervenir en tant que pratiquant et artiste militant. Il est tant de décentraliser la fonction de l'artiste pour qu'il se rapproche plus du public. Ce genre de débat peut également permettre de faire un état des lieux, de faire des propositions et de s'entourer pour faire avancer les projets.

La Marseillaise. Quelles sont les valeurs que les colporteurs défendent ?

Pierre Domenguès. Dans le groupe on s'engage, les membres sont des militants syndicaux et associatifs. On essaie de développer des projets accessibles à tous au travers d'actions solidaires. On a monté une école de musique sociale (Robin des Bois) pour accueillir le plus large public possible. On essaie de pallier à ce qui ne se fait plus chez les professionnels. Même dans le côté écriture j'essaie d'exprimer ces idées.

La Marseillaise. A l'issue de ces élections, quel est votre ressenti ?

Pierre Domenguès. Le FN à 18% c'est grave ! Même si je suis content que le Front de Gauche ait fait un bon score aux présidentielles, rien n'est réglé. Ce score me fait peur, surtout que ce n'est pas un vote de colère, mais un vote d'ignorance. Aujourd'hui, les gens ont peur les uns des autres.

La Marseillaise. Comment le mettre en lien avec la culture et la société actuelle ?

Pierre Domenguès. On est dans une société ou les gens ne se parlent pas, où on ne cherche plus à aller vers l'autre. La culture est nécessaire car c'est la connaissance et la rencontre avec les autres. Quand on se connaît on peut mieux connaître les autres et former des passerelles plutôt que des barrières. A l'époque, l'éducation populaire fournissait les moyens pour la culture. Maintenant avec la surcharge des classes c'est plus difficile. A l'école on fait entrer une culture de consommation. Il faut que ça change, il faut qu'elle ait un sens dans le projet pédagogique car elle est indispensable. Il faut que les enseignants aient les moyens de le faire. C'est bien d'emmener les classes aux spectacles mais la création c'est mieux. Tout le monde est capable de créer et de trouver des valeurs et du sens et c'est là qu'il faut accompagner les jeunes. Pour ça, il y a un très gros boulot à faire.

Bien sûr, il y a des contre exemples, là où les profs sont hyper impliqués, mais ce sont des exceptions.

Propos recueillis par Sandra Moutoussamy (La Marseillaise, le 22 juin 2012)

Fabrègoules. « Il était temps que la colonisation cesse en Algérie »

le 24 juin 2012

Fabrègoules. « Il était temps que la colonisation cesse en Algérie »

Le programme de ces deux journées s'ouvre samedi matin à 11h par un débat autour de « l'Algérie cinquante ans après l'indépendance ». Invité à y participer, Jacques Pradel, président de l'Association des pieds noirs progressistes et leurs amis (Apnpa), avance quelques pistes de réflexion(*).

La Marseillaise. Pourquoi participer à ce genre de débat ?

Jacques Pradel. Comme tous les pieds-noirs, je garde un attachement très fort à l'Algérie, mon pays. Je veux faire entendre ma voix pour dire qu'il était temps que la colonisation cesse et que la lutte pour l'indépendance était une cause juste. La colonisation des peuples est quelque chose d'inacceptable. C'est la négation de l'histoire d'un peuple au profit d'un autre. En Algérie, un dixième de la population était immigrée du fait du système colonial. En disant cela, je ne condamne pas de manière radicale les Européens d'Algérie, mais ils ont eu un rôle ambiguë car ils détenaient les pouvoirs politique et économique. Cela dit, la grande majorité d'entre eux était pauvre.

La Marseillaise. Votre position n'est-elle pas schizophrène ?

Jacques Pradel. Je l'assume complètement. Ceux qui ne l'assument pas sont restés dans la nostalgie d'une Algérie française. Ce sont ces pieds-noirs -pour la plupart d'extrême Droite- qui monopolisent la parole aujourd'hui. Ils n'ont pas bougé d'un iota leur position. Cette histoire reste douloureuse. Il n'y a pas d'autre moyen de recoller les morceaux si ce n'est en affrontant la réalité telle qu'elle a été décrite par les historiens.

La Marseillaise. Quelle « réalité » historique dénoncez-vous ?

Jacques Pradel. Je pense par exemple au statut algérien et au code de l'indigénat. Dans la tête de bon nombre de ces pieds-noirs, les Algériens de souche étaient, après tout, eux aussi français. Oui, sauf que c'était des « sujets » français et non des citoyens français… Avant la guerre 1939-45, ils n'avaient pas le droit de vote ! Et quand ils l'ont eu, leur voix ne pesait pas lourd. Ils votaient dans un deuxième collège qui avait autant de Députés que le premier (composé d'Européens), alors qu'ils étaient bien plus nombreux. En somme, dix voix d'Algériens de souche valaient une voix d'Européen d'Algérie. C'est justement pour faire entendre ces vérités que nous avons créé notre association. Il s'agit aussi de construire l'avenir pour permettre une réconciliation entre les deux rives de la Méditerranée.

Propos recueillis par Marjolaine Dihl (La Marseillaise, le 22 juin 2012)

(*) Sont également invités le journaliste, Pierre Daum, Aziz Benfadek (collectif solidarité maghreb) et J.-M. Guenod (Tbuiza Solidarité).

De la Madrague à la Pointe rouge, Marseille accouche...

le 22 juin 2012

De la Madrague à la Pointe rouge, Marseille accouche...

Pourquoi marseille a-t-elle été choisie comme capitale de la culture européenne en 2013 ?

Par Jacques Broda, sociologue.

Les villes ont-elles un inconscient ? Si oui l’inconscient de Marseille, c’est l’inconscient politique et dans ­l’inconscient politique, la parole du prolétaire. Cette parole, nous voulons la porter, la dé-porter au plus haut niveau, au sommet de la douleur, et de l’espoir. Marseille « capitale de la douleur », Marseille capitale du travail de la culture. De la culture du ­travail, femmes des dattes Micasar, dockers, réparations navales détruites, agroalimentaire détruit, hôpitaux en crise, syndicats flingués, Marseille résiste.

Le prolétaire du prolétaire est une femme. Sans consciences de classe, elle chauffe. ­Marseille est bouillante de haines racistes, machistes, de l’autre, fût-ce le même, on l’a choisi et on l’aime.

Marseille, capitale de l’amour bien fait, mal fait, vite fait.

Nous avons dit : « Ils naissent un couteau au cœur », quand les victimes deviennent des bourreaux, la politique comme amour de l’amour chute. Lové dans l’œuf du serpent, à travers la coquille on découvre la forme du monstre, né ange.

Quelle malédiction frappe cette ville, elle vote jusqu’à 30% pour le Front national, il double le Front de gauche ? Quelle malédiction frappe ses enfants ; dont un tiers vit en dessous du seuil de pauvreté.

J’ai toujours haï la facilité.

Nos textes porteront au sommet de ­l’universel, l’uni-vers-celles qui n’en peuvent plus d’aimer, ne pas être aimées. Et lui, il va, ou plutôt il rentre du « taf », nourrit ses enfants, attend juste un peu d’amour, de la tendresse, un geste insolent. Tu veux le plaisir sans le bonheur.

Nos écrits sont un geste d’ouverture, ils dévoilent le sang noir, le lait, et la semence. Ils disent l’instant précis où l’enfant apparaît non pas en salle de travail, mais dans le désir insensé de ses parents fous (d’amour).

Il dit l’instant in-ouï, où il a été pensé, conçu, désiré, parfois avorté, oui Marseille est folle d’amours, inaboutis. Si à cet instant, tu es ailleurs, laisse tomber l’affaire.

La caresse nous oblige, la main prolonge le visage quand elle frôle le visage, non pas pour lui filer une baffe, mais pour l’apaiser, le consoler, le baiser.

Le baiser profond est au fond à la ­recherche de l’âme, goûte dans la bouche de l’autre, la force du désir, le désir de la force d’aimer, autrement qu’aimer.

Car il s’agit bien ici d’aimer autrement qu’aimer, de dire autrement que dire, de faire autrement que faire, de baiser autrement que baiser après. Dans le silence.

La télé éteinte, l’ordi éteint, le portable éteint.

Dans le cri, l’étreinte a été fatale.

Le corps touche le corps, corps à corps, nous glissons de l’attention, à la responsabilité, forme politique de la tendresse. Marseille est une ville à responsabilité limitée, elle est responsable, mais pas trop, elle ne va pas au bout, elle se défausse, elle se défonce.

Au bord de la mer, j’en ai vu, un dimanche matin, à 7 heures, retamés, inertes, parlant la langue des signes, l’un rhabille l’autre, lui tape sur la joue, elle lui enfile les chaussettes, lui lace les lacets. D’autres jeunes, en emplois aidés, nettoient la plage. Et puis…

Elles viennent au port, J4, la Joliette, ­chercher de l’aide alimentaire. Au bord d’Arenc, partaient les trains pour les camps de la mort, raflés par les GMR (gardes mobiles républicains) et Pétain accueilli triomphant sur la Canebière. Marseille a été libérée par les tabors marocains.

Et mon père aussi, il en était, après l’Indochine, et la guerre d’Algérie. Marseille bloque les navires de guerre. Toi, tu enfantes dans la douleur, la solitude. Bien plus tard, le petit apprendra que son père l’a aimé plus que tout, que toutes, quand il est parti au front se faire flinguer pour la patrie, ou plutôt pour la liberté, car Marseille est apatride, sa patrie c’est la liberté, l’égalité et la fraternité. Cette patrie n’a pas de frontières, ni de Frontex, elle est internationaliste, sous-marine, souterraine.

Quand le père aime la mère, il lui offre cette patrie à travers son corps et son sexe d’homme, il lui donne les luttes, l’âme de son âme, celle du peuple. Il la prend de haut, de bien plus haut que le bout de ses seins, il la prend par la main, dans les reins. Cash. Une âme va naître d’une âme.

Elle le sait, elle le sent, elle l’accueille, le reçoit, lui parle doucement, elle pleure parce qu’au fond de ses entrailles, de son corps, de son désir et de la chair brûlante et humide, elle sait son âme, elle sait son âme ancestrale, du peuple, du clan, des folles et des demi-folles, cette âme devient vivante, elle est la vie, elle est l’amour, elle est son amour.

Il naîtra (ou pas) de cette étreinte, corps à corps, âme contre âme, âme de l’un dans l’âme de l’autre, âme de l’une bridant le sexe de l’autre. Confusion des corps, des sentiments, de l’âme universelle. Farida dit « l’âme c’est le collectif ». Le collectif des ancêtres associés pour fabriquer la nuque fragile de cette enfant fragile. Il en a fallu des esclaves et des morts pour arriver à toi. Ta cheville tient entre mes doigts, entre pouce et index, glisse la fragilité de l’âme de toutes les mères aux pieds nus, frappant à leur tour l’argile rouge.

Fière. Elle est fière, elle est fière d’elle. D’avoir accompli son devoir, son devoir conjugal, va bien au-delà : à son insu il ­accueille, et cueille le temps des cerises.

Tous les jours, toutes les nuits vers 2 heures du matin, Marseille accouche, et Marseille jouit de ne pas jouir. On n’entend rien. Il lui fait bouffer l’oreiller.

Nous dirons ces femmes et, hommes ­silencieux, aux cris ravalés, aux désirs avoués, aboutis, désaboutis, nous dirons la ­Marseille capitaliste, qui achète tout, vend tout, ne donne rien, ne prête rien, nous dirons la Marseille populaire, qui prête tout, donne tout, s’offre entièrement sans compter, ni lire ni écrire, car elle ne sait pas lire.

Ici, commence la culture, ici Marseille est capitale de la culture européenne, la culture des luttes, la culture de l’amour, la culture des mots, des gestes et des paroles. De Kafka, ­Milena et Mozart. Cette culture est enfouie dans tous les cimetières marins, dont nos corps sont les dépositaires avertis, cette culture des ancêtres assassinés, violés, exploités, bafoués, piétinés, remonte dans le sang de mes veines et de mes mots, et quand je dis et je fais je t’aime, c’est elle que je t’offre.

Jacques Broda (L'Humanité du 18 juin 2012)

Changer vraiment !

le 15 juin 2012

Changer vraiment !

Au lendemain du 1er tour des législatives la question qui est désormais posée à la « Gauche » socialiste et écologiste au pouvoir (qui devrait obtenir la majorité absolue) est celle des politiques économiques qui vont être conduites. Car depuis 30 ans, quel que soit le gouvernement en place, la même orientation d'ensemble a été suivie. Rappelons nous, le tournant vers le néolibéralisme a été effectué sous Mitterrand en trois temps : en 1982, 1983 et 1984 (après une première amorce sous Giscard avec les plans Barre).

Et depuis lors, entre la vraie Droite et la fausse Gauche difficile de faire la différence. Seules de maigres nuances différencient les politiques économiques des uns et des autres, même si dans la dernière phase les Fillon et Sarkozy ont davantage encore été au service exclusif de l'oligarchie.

Les plus riches et les grandes entreprises se sont vus offrir des baisses d'impôts considérables. La part des salaires dans le PIB a baissé de 10 points et les nantis affichent sans la moindre gêne leur richesse obscène. Tout cela est insupportable, même si l'argent ne fait pas le bonheur et s'il faut toujours interroger « l'idée même de richesse » (voir le livre portant ce titre d'Alain Caillé, La Découverte, 2012).

La concurrence mortifère, le libre-échange à tout-va et la déréglementation financière inconsidérée, sont devenu l'horizon incontournable de l'essentiel des médias et du personnel politique « responsable », tous à la botte de l'oligarchie. Au lieu de se confronter à elle ils font amis-amis. Faut-il leur rappeler que le conflit permet l'émergence du neuf (voir « L'éloge du conflit » de Miguel Bensassayag et Angélique del Rey, La Découverte, 2012) ?

A la laisse des puissants qu'ils côtoient dans les dîners mondains et ailleurs, ils semblent hantés par le « coût du travail », comme s'il fallait que les salariés voient leurs rémunérations se rapprocher davantage encore de celles des pays du Sud ou de l'Est. Depuis 30 ans les dispositifs publics successifs ont conduit à la précarisation croissante du salariat, en premier lieu des jeunes.

Ces politiques ont abouti à l'impasse actuelle. Elles ont alimenté la confusion : car l'extrême-Droite se nourrit aussi des renoncements de la fausse gauche. Les premiers choix effectués ne permettent pas prévoir de tournant majeur quant au fond des politiques qui seront menées, même si certaines des mesures annoncées sont toujours bonnes à prendre.

La dernière Note de la Fondation Copernic (« Changer vraiment ! Quelles politiques économiques de Gauche ? », Syllepse, 2012, 140 pages, 7 euros) a le mérite de démontrer qu'une politique véritablement de Gauche est parfaitement possible. La « Gauche » au pouvoir pourrait tout à fait rompre avec sa démarche d'accompagnement du capitalisme productiviste néo-libéral et ne pas se contenter de l'amender -si peu- à la marge.

C'est une vision dynamique d'ensemble qui est proposée par les économistes qui ont écrit ce livre. Ils prouvent qu'il est possible d'amorcer une autre logique économique, sociale et écologique… A deux conditions essentielle toutefois : avoir la volonté politique de s'attaquer à l'oligarchie cupide qui détient tous les pouvoirs, et de s'appuyer résolument sur la mobilisation sociale et citoyenne.

Colonnes ouvertes à Roland Pfefferkorn (La Marseillaise, le 14 juin 2012)

« La Droite est en train de se ressourcer à l'abreuvoir du Front national »

le 14 juin 2012

« La Droite est en train de se ressourcer à l'abreuvoir du Front national »

Loin d'être un phénomène de panique électorale, selon Alain Hayot, les alliances Droite-FN préfigurent la recomposition souhaitée par Marine Le Pen.

Ethnologue, professeur à l'université d'Aix-Marselle, Alain Hayot, Conseiller Régional Front de Gauche en Provence-Alpes-Côte d'Azur, analyse la séquence électorale entre Droite et FN comme un précipité de mouvements de fond.

L'Humanité. La Droite qui choisit le « ni, ni » à 'égard du FN, cela vous étonne-t-il ?

Alain Hayot. Un certain nombre le faits montrent qu'à Droite les digues ont sauté. Quand des dirigeants de L'UMP disent qu'ils n'ont aucune valeur en commun avec la Gauche et au contraire des valeurs communes avec le FN, le jeu de miroirs est faussé ; le « ni, ni » se traduit par un laisser-faire d'accords locaux qui se multiplient entre élus UMP et candidats FN, et dans les deux sens.

L'Humanité. Les propos de Nadine Morano, Christian Estrosi, Jean-François Copé, ce n'est donc pas à mettre au compte de la fébrilité de la campagne ?

Alain Hayot. La direction nationale de l'UMP va plus loin encore dans l'outrance avec le parallèle Front national-Front de gauche : ils cherchent un prétexte pour valider les alliances locales. Sur le fond, nous assistons à ce qu'écrit le philosophe Michel Feher, « la distinction à Droite entre libéraux et populistes s'efface », et à l'échelle européenne comme nationale, la crise du système, à laquelle sont confrontées Droite et oligarchies financières, les conduit à trouver une issue politique. Ils savent aujourd'hui qu'elle va provoquer d'immenses fractures sociales, fractures démocratiques, et cherchent à articuler autoritarisme et déréglementation sociale, austérité et rejet de l'étranger, repli xénophobe et communautarisme.

L'Humanité. Le contexte électoral, estimez-vous, précipite le mouvement…

Alain Hayot. Je suis frappé par le fait que la présidentielle et les législatives ont précipité le mouvement d'alliance de fait, dans les idées et les urnes, entre une Droite qu'on peut de moins en moins appeler « républicaine », et le Front national. Cela se fait sous l'hégémonie idéologique de ce dernier; nous n'assistons pas à une dédiabolisation ou une normalisation du FN, qui viendrait sur des positions républicaines, mais nous assistons à l'inverse. Une radicalisation des positions de la Droite qui cherche, autour du thème de la « frontière » porté par Nicolas Sarkozy, une cohérence entre la nécessité de faire adopter une politique d'austérité et le discours autoritaire du FN. Le grand défi de la Gauche est d'affronter cette nouvelle construction politique.

L'Humanité. Et ce d'autant plus que cette construction sait se renouveler, en témoigne le fumeux concept d'« insécurité culturelle », forgé par la Droite populaire, repris par d'autres, parfois catalogués à Gauche…

Alain Hayot. À la question de savoir qui est responsable de la crise, est-ce l' immigré ou le banquier, la Droite et le FN disent en chœur que c'est l'immigré, masquant les responsabilités des marchés financiers. Et maintenant, on forge des concepts du type « insécurité culturelle » pour accréditer l'idée que le fondement de la crise est identitaire, évacuant la question sociale. Ce n'est pas autre chose que la thèse de l'identité nationale qui ressort.

L'Humanité. On pouvait estimer que l'on assiste à une sorte de défaite de la pensée à Droite, or, pas du tout selon vous : tout est pensé…

Alain Hayot. Je ne crois pas à la panique électorale, c'est une véritable construction idéologique, politique et culturelle, pour unir les différents courants de la Droite. Il y en a trop qui tiennent ce discours pour que cela relève du seul calcul électoral. Tout ceci conforte l'idée que le FN n'est pas du tout hors du clivage Gauche-Droite, hors de l'établissement comme disait Le Pen ; il est à sa place, c'est-à-dire à Droite. Son objectif prioritaire est de travailler à la recomposition de la Droite à son profit. J'en ai assez d'entendre dire que la stratégie de front contre front n'est pas la bonne. A voir la Droite se, ressourcer à l'abreuvoir du FN, la question centrale est posée à toute la Gauche. Contrairement à ce que dit Martine Aubry, la question n'est pas d'être « obsédé » par le FN, de penser que moins on en parle mieux ça vaut, mais de travailler à mon sens sur les trois axes que j'ai déjà pu évoquer dans vos colonnes: retrouver des liens de solidarité entre dominés, répondre point par point aux arguments populistes, construire une alternative de Gauche au capitalisme en crise.

Entretien réalisé par Lionel Venturini (LHumanité, le 13 juin 2012)

Hommage à Raymond Jean

le 02 juin 2012

Hommage à Raymond Jean

Romancier, essayiste, poète, professeur de lettres à l'Université, conseiller régional, Raymond Jean a aussi été pendant de nombreuses années président de l'Institut de l'image. Il est décédé au début du mois d'avril, à 86 ans.

Raymond Jean, Le Bleu de la Terre (2003, 52 min) DVD Réal. Jean-Pierre Riffet et Roland Cottet Filmé dans sa maison du Vaucluse et dans divers lieux de la région qui permettent d'évoquer ses oeuvres et sa vie, Raymond Jean se prête avec simplicité et non sans humour à l'exercice du retour sur lui-même : enfance et jeunesse, débuts littéraires, engagement politique, carrière universitaire, oeuvre romanesque, essais… A l'écran, plusieurs "lectrices" donnent vie à ses textes.

En présence de Pierre-Yves Gilles, Jean-Luc Lioult, Inès Oseki-Depré, Roland Cottet (Université d'Aix-Marseille) - entrée libre.

Cette projection sera accompagnée de lectures de textes en hommage à Raymond Jean. Soirée organisée en partenariat avec l'Université d'Aix-Marseille.

Institut de l'image

Cité du livre

8 - 10, rue des Allumettes

13098 - Aix-en-Provence

Jeudi 7 juin à 20h

Débat avec Isabelle Garo. L'album photos

le 27 mai 2012

Débat avec Isabelle Garo. L'album photos

Soirée d'étude sur le thème : "Idéologie et luttes d'idées aujourd'hui".

Sous l’égide de l’association F.T.P. et de la Fédération des Bouches du Rhône du Parti Communiste Français.

Gignac. « Le ventre est encore fécond »

le 11 mai 2012

Gignac. « Le ventre est encore fécond »

Hommage. La Municipalité de Gignac, les communistes et la FNDIRP ont honoré la mémoire de Marcel Paul le 29 avril dernier. C'est Guylaine Gonzalez qui a prononcé le discours.

Nous sommes aujourd'hui le 9 mai, lendemain du jour anniversaire de la fin de la Seconde Guerre Mondiale qui a été célébrée dans tout le pays.

Nous avons choisi de nous souvenir au travers de l'histoire d'un homme remarquable, d'un militant sans concession, d'un homme d'État majeur au sortir de la guerre : Marcel Paul.

La municipalité de Gignac, en compagnie des communistes de la ville et de la FNDIRP lui ont rendu hommage le 29 avril dernier. Guylaine Gonzalez, Adjointe communiste a pris la parole au côtés de Robert De Vita (1er Adjoint), Alain Croce Conseiller Municipal PCF, Jacqueline Mahieu (Adjointe aux Affaires Sociales), Gabriel Pernin (Adjoint aux Finances), Jacques Messeguer (Adjoint communiste de Châteauneuf). « Aujourd'hui, commémorer le souvenir de la déportation et honorer la mémoire de Marcel Paul, a une haute signification en ces temps de tourmente où les thèses racistes et xénophobes, sont reprises et banalisées au plus haut niveau de l'État. Cet épisode nous rappelle ce que disait Berthold Brecht. "Le ventre est encore fécond d'où a surgi la bête immonde" », déclarait en préambule Guylaine Gonzalez.

Une vie de communiste exemplaire

Marcel Paul, (un boulevard à porte son nom à Gignac où une stèle a été installée en bordure de voie), a été trouvé enfant, le 12 juillet 1900, dans le 14ème arrondissement de Paris où il avait été abandonné. Il commence à travailler à l'âge de 13 ans comme valet de ferme dans la Sar-the. Il milite à 15 ans aux Jeunesses Socialistes contre la guerre.

Mobilisé dans la marine, il participe à la révolte des équipages de Brest, puis à celle des marins qui refusent de faire fonctionner la centrale électrique de Saint-Nazaire contre les ouvriers en grève. À sa démobilisation, il travaille dans le bâtiment et commence à exercer une activité syndicale. Il est ensuite embauché comme électricien. En 1923, il adhère au Parti Communiste. De 1931 à 1936, il occupe le poste de Secrétaire Général de la Fédération des Services Publics CGTU, hospitaliers, éclairage et force motrice. En 1932, il est violemment agressé à la sortie d'une réunion syndicale du personnel soignant de l'Hôtel-Dieu de Marseille. Une infirmière qui l'accompagne, Edmée Dijoud, est tuée. Il est nommé ensuite Secrétaire Général Adjoint, puis Secrétaire Général (en 1937) de la Fédération réunifiée de l'éclairage.

Présenté par le PCF aux élections municipales de 1935 dans le 14ème arrondissement de Paris, il est élu. En 1939, il est fait prisonnier, il s'évade deux fois. Il rejoint la Bretagne, où il organise les premiers actes de résistance. Il est arrêté en novembre 1941. Jugé en février 1943 par la section spéciale, il est condamné à quatre ans de prison. Livré en février 1944 aux Allemands, Marcel Paul tente une nouvelle fois de s'évader. Il est déporté le 27 avril 1944 à Auschwitz, où un matricule lui est tatoué. Le 14 mai, il est transféré à Buchenwald avec les hommes de son convoi. Dans le camp, il devient l'un des chefs de la Résistance clandestine, au sein du « comité des intérêts français ». Il sauve ainsi de nombreux déportés français, dont Marcel Dassault, ingénieur, entrepreneur, homme politique de Droite. En octobre 1945, il crée avec le colonel François-Henri Manhes, Adjoint de Jean Moulin, la FNDIRP pour témoigner au nom de victimes des camps.

Ministre de la Production Industrielle de 1921 à 1946

Nommé Ministre de la production industrielle le 21 novembre 1945 dans le gouvernement de Charles de Gaulle, il reste à ce poste jusqu'en décembre 1946. Le 2 décembre 1945, il vote la nationalisation de la Banque de France et des organismes de crédit.

Le 27 mars 1946, il propose la nationalisation de l'énergie et organise la création d'EDF-GDF, qui est votée le 8 avril 1946. Il en élaborera également le statut du personnel. En tant que Ministre de la Production industrielle, il dépose, le 15 janvier, un projet de loi relatif au personnel des exploitations minières et assimilées, plusieurs projets sur les élections aux Chambres de métiers et, le 20 avril, un projet portant réglementation des conditions d'accès à la profession de coiffeur.

Le 19 avril 1946, il vote pour l'adoption de la Constitution et le 24 avril pour la nationalisation des sociétés d'assurances. En février 1947, il devient Président du Conseil Central des Œuvres Sociales (CCOS) d'EDF-GDF où il reste jusqu'à la dissolution de l'organisation par le gouvernement de René Pleven, le 17 février 1951. Il est nommé officier de la Légion d'honneur en avril 1982.

À l'issue de la cérémonie du 11 novembre 1982, il est pris d'un malaise fatal. Il meurt chez lui quelques heures plus tard. « Notre peuple qui vit une crise profonde de société ne doit pas se tromper de colère. Il se doit d'exercer son droit d'expression démocratique conquis de haute lutte pour construire ensemble un monde meilleur, où le vivre ensemble prédomine. Une société démocratique qui accepte tous ses enfants. Où les valeurs de la République et de la laïcité prennent le pas sur les idées de haine ou d'exclusion. Plus que jamais la Liberté, l'Égalité, la Fraternité, doivent demeurer les principes de notre République. C'est aussi cela le message laissé par Marcel Paul », concluait Guylaine Gonzalez avant que l'assistance fasse une minute de silence.

Joffret Melen (La Marseillaise, le 9 mai 2012)

Séance débat autour du film "Disparaissez les ouvriers !"

le 11 mai 2012

Séance débat autour du film

"Disparaissez les ouvriers !" Documentaire de Christine Thépénier et Jean-François Priester (France-1h13)

Sortie : le 9 Mai

Séance-Débat

Cinéma Les Variétés

37, rue Vincent Scotto

13001 - Marseille

Mercredi 16 mai à 20h

En présence des réalisateurs Christine Thépénier et Jean-François Priester, des ouvriers de Legre-Mante et de représentants de la CGT PACA

Durant plus de 150 jours, les ouvriers de Legre-Mante, ont occupé "leur" usine leader sur le marché mondial d'acides tartriques pour dénoncer une liquidation frauduleuse, manifester leur colère et réclamer justice. Ils n'ont rien obtenu de ce qu'ils demandaient et ont perdu aussi le procès en appel de la décision du tribunal de commerce qui avait prononcé la liquidation judiciaire.

Pourtant, quand on voit l’état d'abandon des bâtiments et des ateliers, pas besoin de beaucoup d'explications pour comprendre dans quelles conditions travaillaient les ouvriers de Legre-Mante. Pas besoin non plus de beaucoup de preuves pour penser que cette fermeture était planifiée depuis longtemps et cela pour des questions de profit à court terme (en l'occurrence la vente du terrain idéalement situé face à la mer au pied du futur parc des calanques à Marseille). Dans cet incroyable "décor" les ouvriers apparaissent soudain comme les derniers survivants d'un monde que les spéculateurs voudraient voir disparaître…

Projection-débat « Gaston Crémieux, Le Procès »

le 03 mai 2012

Projection-débat  « Gaston Crémieux, Le Procès »

Une programmation proposée par l’Ordre des Avocats du Barreau de Marseille En partenariat avec le cinéma Les Variétés En présence des acteurs.

Cinéma Les variétés

37, Rue Vincent Scotto

13001 - Marseille

Mardi 22 mai à 20h

Nombre de places limité - Sur réservation uniquement jusqu’au 21 mai 2012 à 12h

Secrétariat de l’Ordre des avocats : 04 91 15 31 66

Prix des places au tarif habituel du cinéma

Gaston Crémieux, Le Procès.

Film réalisé par Ponts Bleus Productions (2012 - 1h30)

À propos

Ce film retrace la reconstitution historique du procès de Gaston Crémieux que des avocats et magistrats professionnels ont accepté de rejouer le 2 décembre 2011 dans la salle du Palais de Justice de Marseille où il a eu lieu 140 ans auparavant avec la complicité du public.

Résumé

Gaston Crémieux, originaire de Nîmes, avocat de formation, arrive à Marseille en 1862 à une époque où la classe ouvrière subit les excès de la politique libérale de Napoléon III. La misère du peuple émeut Crémieux que l’on surnomme « l’avocat des pauvres ». La Troisième République, proclamée le 4 septembre 1870 à la suite des défaites successives de l’armée française contre les Prussiens, permettra à Gaston Crémieux, républicain avancé, de faire son entrée en politique. En mars 1871, les Républicains à Paris décident de s’opposer au gouvernement de Thiers en proclamant La Commune. Crémieux dont les talents oratoires galvanisent les foules n’hésitent pas à leur emboiter le pas et prend la direction de la Commune de Marseille le 23 mars 1871. L’insurrection est réprimée par les représentants de l’armée versaillaise le 4 avril 1871. Gaston Crémieux est arrêté jugé et condamné à mort le 22 juin 1871 par le Conseil de guerre à l’issue d’un procès inique et fusillé le 30 novembre 1871 au Palais du Pharo. Juif et franc-maçon, Crémieux était le coupable idéal pour expier tous les crimes reprochés par Thiers aux Communards. Victor Hugo ému par l’exécution de ce noble cœur qu’était Gaston Crémieux, écrit dans une lettre adressée à sa veuve que l’histoire rejugera le procès de cette homme mais l’histoire n’a pas refait son procès.

Dans le cadre du 140e anniversaire de la Commune, Roger Vignaud, avocat et historien, auteur de plusieurs livres sur La Commune de Marseille, eut l’idée de procéder à la reconstitution du procès de Gaston Crémieux mais avec des avocats et magistrats professionnels dans les lieux mêmes où Gaston Crémieux avait été condamné. L’idée a séduit le Bâtonnier Jérôme Gavaudan, la Chancellerie qui a donné son accord pour l’utilisation du Palais de Justice mais également de nombreux historiens et militants tous passionnés d’histoire sociale et surtout la société de productions Ponts Bleus Productions qui allait filmer la pièce.

La reconstitution du procès a eu lieu le 2 décembre 2011. C’est devant une salle comble que s’est rejoué le procès de Crémieux, présidé par Jean-Pierre DESCHAMPS, ancien Président de la Cour d’Assises d’Aix, avec à ses côtés comme assesseurs Cécile THIBAULT, Conseiller à la Cour d’Appel d’Aix et Benoit VANDERMAESEN, Vice-Procureur du TGI de Marseille. Le rôle du procureur était joué par Sylvie CANOVAS, Vice-Procureur du TGI de Marseille. L’accusé Gaston Crémieux, interprété par Roger VIGNAUD, avocat au Barreau de Marseille, et défendu par Sixte UGOLINI, ancien Bâtonnier du Barreau de Marseille

Mode de production et de distribution

Ce film sur la reconstitution du procès de Gaston Crémieux a été produit en toute indépendance par la société de production Ponts Bleus Productions.