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Avignon a célébré hier le réalisateur Robert Guédiguian

le 17 mars 2012

Avignon a célébré hier le réalisateur Robert Guédiguian

Ses acteurs, ses projets et Mélenchon : le cinéaste s'est confié a "La Provence".

Honoré par la Ville d'Avignon (il a reçu un prix symbolique) et célébré par les professionnels de la profession aux Rencontres cinématographiques du Sud. Hier, le réalisateur aux 17 films, Robert Guédiguian a fait une incursion remarquée dans la Cité des papes. Mots choisis.

La Provence. Les Rencontres cinématographiques du Sud vous rendent hommage et on a tendance à se dire que les honneurs ce n'est pas votre tasse de thé ?

Robert Guédiguian. C'est vrai. Mais-cette année, c'est tombé sur moi. En même temps, les prix et les honneurs, je les accepte volontiers. Et puis quand vous êtes invités dans des festivals, vos films sont vus, ils créent le débat et c'est ça le, plus grand plaisir : que les films continuent à exister. Économiquement, ça compte aussi car les festivals sont une vitrine qui peut aider à faire voyager vos films. "Les neiges du Kilimandjaro" a été présenté en 2011 à Cannes et a été vendu dans 39 pays.

La Provence. Á Avignon, vous avez rencontré des étudiants de l'Université en stratégie du développement culturel, qui ont travaillé sur votre filmographie en amont. En quoi était-ce important ?

Robert Guédiguian. C'est important, de transmettre. Avec les étudiants, plutôt que de parler de mes films, je préfère évoquer Pasolini, Fassbinder, Bergman, les réalisateurs qui m'ont influencé quand j'étais étudiant en sociologie à Aix-en-Provence.

La Provence. Longtemps, Woody Allen n'a tourné qu'à New-York, aujourd'hui, il filme à Londres, Paris et, Barcelone. Pourriez-vous enchaîner plusieurs films sans Marseille et l'Estaque dans le cadre ?

Robert Guédiguian. Moi, j'aime retrouver notre troupe, Ariane (Ascaride, ndlr), Jean-Pierre (Darroussin, ndlr), Gérard (Meylan, ndlr) et les autres, dans notre théâtre, l'Estaque. Je pense qu'à 80 ans, on fera encore des films ensemble. Ils joueront des grabataires mettant le feu à une usine !

La Provence. Travaillez-vous déjà à votre prochain film ?

Robert Guédiguian. Je travaille en ce moment sur un scénario autour de l'Arménie, la violence, la vengeance. Je prends volontairement mon temps. En attendant, peut-être que je tournerai dans quelques mois un film vite fait, quelque chose de léger, autour du grand chantier et du bordel qu'est Marseille en ce moment.

La Provence. Le projet du dramaturge marseillais Serge Valetti n'a pas été retenu pour Marseille 2013 (capitale européenne de la culture) et les organisateurs ne lui ont jamais dit directement…

Robert Guédiguian. Les Marseillais n'ont pas encore compris qu'un des leurs était l'un des plus grands auteurs de théâtre actuel. Mais avec Serge, on a un projet pour faire quelque chose ensemble…

La Provence. Et vous, Marseille 2013 ?

Robert Guédiguian. Il y aura une grande rétrospective de mes 17 films en copie neuve. Ça devrait se passer en plein air, en juillet, dans plusieurs quartiers de Marseille. Et ça,sera gratuit.

La Provence. En 2012, vous votez Mélenchon ?

Robert Guédiguian. Je le soutiens, car je sais, comme lui, qu'on peut changer le système. Dans ma société (Agatfilms & Cie), on est passé aux 35 heures deux ans avant tout le monde, il y a des primes chaque année et l'échelle des salaires va de 1 à 4. Tout ça, ce n'est pas compliqué à appliquer. Je n'ai pas ma carte du Parti de Gauche, alors que j'étais encarté au PCF de 1968 à 1980. Mais quand j'ai commencé à faire du cinéma, j'ai considéré que l'essentiel était à l'intérieur de mes films.

Fabien Bonnieux (La Provence, le 16 mars 2012)

Algérie. Un 50e anniversaire du 19 mars 1962 sous le signe de « l’exigence de vérité »

le 17 mars 2012

Algérie. Un 50e anniversaire du 19 mars 1962 sous le signe de « l’exigence de vérité »

Plus de 550 personnes étaient présentes au cinéma Max-Linder au débat organisé par les Amis de l’Humanité pour écouter le Commandant Azzedine s’exprimant pour la première fois devant un public français, mais aussi Henri Alleg, Nacer Boudiaf et Pierre Pradel.

Oui, il est possible de réunir un pied-noir, un ancien dirigeant du Parti communiste algérien, un ancien chef de l’ALN et le fils d’un fondateur du FLN pour une discussion fraternelle et franche sur la guerre d’Algérie. Les Amis de l’Humanité l’ont prouvé samedi, au cinéma Max-Linder à Paris, lors d’une rencontre qui a attiré un public nombreux (550 participants), autour de Pierre Pradel, d’Henri Alleg, du Commandant Azzedine et de Nacer Boudiaf. Sur eux, semblait veiller cette belle image projetée à l’écran : des enfants algériens entourant affectueusement la silhouette de Maurice Audin, placardée par le peintre Ernest Pignon-Ernest sur les murs d’Alger en 2003. Le plasticien, Président des Amis de l’Humanité, a d’emblée placé la rencontre sous le signe de ce « rêve algérien » de Maurice Audin, jeune mathématicien communiste mort sous la torture en 1957. « Nous espérons tous des relations apaisées entre la France et l’Algérie. Elles ne pourront se construire sur le silence et l’oubli des violences inhumaines perpétrées durant cette guerre. Maurice Audin incarne ce désir de vérité », a-t-il expliqué. D’emblée, la projection d’un extrait du film d’Ahmed Rachdi, Ben Boulaïd, introduisait le thème de ce rendez-vous animé par notre confrère Charles Silvestre : « Au fait, pourquoi la guerre d’Algérie ? » Suivirent des images d’archives puis celles, surréalistes, d’une confrontation télévisée, en 1976, entre le tortionnaire Bigeard et le Commandant Azzedine. Visiblement heureux d’être là, l’ancien maquisard, responsable de la zone autonome d’Alger au printemps 1962, a d’abord lancé un retentissant « Bonjour camarades ! » au public ravi. Avant de réfuter longuement l’idée selon laquelle l’éclatement de l’insurrection, le 1er novembre 1954, fut un coup de tonnerre dans un ciel serein. « La guerre d’Algérie a commencé le 14 juin 1830, lorsque le sergent Lepetit planta le drapeau des Bourbons sur la butte dominant la plage de Sidi Fredj », a-t-il exposé, avant de retracer ces « 132 ans de guerre ». « Il n’y a rien de pire que le colonialisme, qui avilit l’être humain et le ravale au rang de bête. Je suis fier de l’avoir combattu », a-t-il lancé, sous de chaleureux applaudissements. À sa suite, Nacer Boudiaf est revenu sur le déclenchement de l’insurrection et sur le parcours de son père, Mohamed Boudiaf, l’un des fondateurs du FLN. L’occasion, pour l’orateur, d’évoquer les massacres coloniaux de mai 1945, un « point de rupture » aux yeux de son père. Impossible, bien sûr, d’évoquer cette figure héroïque sans parler de l’obscur attentat qui lui ôta la vie, le 29 juin 1992, à Annaba, six mois seulement après son retour d’un long exil pour prendre les rênes d’un pays à la dérive. Son lâche assassinat, a rappelé son fils, brisa l’espoir soulevé dans la jeunesse par le retour de cet homme intègre, porté toute sa vie par des idéaux de liberté et de justice. La main tendue vers l’image, au-dessus de lui, de son ami Maurice Audin, Henri Alleg, l’auteur de la Question, a insisté, lui aussi, sur « l’exigence de vérité ». « Des assassinats, des atrocités furent commis sous l’égide de l’État français. Les gouvernements successifs ont maintenu cette chape de silence. Mais du côté algérien aussi, nous souhaiterions que la vérité soit l’objet d’une lutte plus âpre », a insisté l’ancien directeur d’Alger républicain. Une exigence de vérité indispensable au « renouveau de rencontre entre les Français et les Algériens », que Pierre Pradel, fils d’un ancien colon de Tiaret, a appelé de ses vœux. « Nous refusons d’être assimilés à l’image de nostalgiques d’extrême droite véhiculée par certains pieds-noirs », a prévenu ce militant de l’Association des pieds-noirs progressistes, en rappelant le rôle criminel de l’OAS, dont la politique de la terre brûlée poussa les Européens d’Algérie à l’exode. La rencontre s’est poursuivie par un échange vif, amical et dense avec le public, où se mêlaient Algériens et Français. Maintes fois interpellé, le Commandant Azzedine a rappelé, non sans humour, qu’il avait été « mis à la retraite » à vingt-huit ans. « En Algérie aussi, il y a une chape de plomb, a-t-il fait remarquer. Nos dirigeants écrivent l’histoire avec une gomme ! » D’une rive de la Méditerranée à l’autre, s’est affirmée, samedi, la même aspiration à la vérité, à une mémoire partagée, émancipée des injonctions officielles. Ils étaient là  Alban Liechti (soldat du refus), Abdelkader Guerroudj (ancien condamné à mort), Ernest Pignon-Ernest (artiste plasticien, président des Amis de l’Humanité), Alain Ruscio (historien), Patrick Le Hyaric (directeur de l’Humanité), Malika Boumendjel (veuve de Me Ali Boumendjel, assassiné par les paras de Massu en 1957), Pr Belaïd Abane (neveu d’Abane Ramdane, militant de la mémoire), Nils Anderson (éditeur), Djaouad Rahal (secrétaire général du Centre culturel algérien), Ahmed Rachdi (réalisateur du film Mostefa Benboulaïd), Boualem Khalfa (ancien dirigeant du Parti communiste algérien), William Sportisse (responsable du Pads), Hamid Lounaouci (ex-dirigeant du RCD et ancien ministre), Alfred Gerson, Claude Guisard, Maurice Failevic (réalisateur). (Josette Audin s’est fait excuser). Rosa Moussaoui (L'Humanité, le 13 mars 2012)

    Ultras de l’Algérie française et ministres contre les colloques sur la guerre d’Algérie

    le 06 mars 2012

    Ultras de l’Algérie française et ministres contre les colloques sur la guerre d’Algérie

    Par Le Matin DZ 02/03/2012

    En France on assiste à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie la montée en puissance des ultras de l’Algérie française.

    Jean-Philippe Ould Aoudia, président de l’Association les amis des Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons dénonce dans cette lettre les extrémistes de l’Algérie française.

    « D’anciens ultras imposent aux pouvoirs publics complaisants une écriture et une mémoire partisanes de la guerre d’Algérie. Sous leur pression, un ancien ministre et un secrétaire d’État en exercice n’ont pas hésité, en deux circonstances récentes, à porter atteinte aux libertés de réunion et d’expression :

    - le 9 février, le député-maire de Nice (sud de la France), Christian Estrosi, s’est publiquement opposé à la tenue d’une conférence-débat animée par des historiens sur le thème "Algérie 1962, pourquoi une fin de guerre si tragique ?", incitant, par sa démarche, à la perturbation du colloque ;

    - le 22 février, Marc Laffineur, ministre en charge des rapatriés et du monde combattant, a officiellement exprimé son hostilité concernant un colloque d’universitaires prévu à Nîmes.

    Dans ce même contexte, un déjeuner de travail a eu lieu le 22 février entre Christian Frémont, directeur de cabinet du président de la République et Renaud Bachy, président de la Mission interministérielle aux rapatriés d’une part et, d’autre part, des représentants du lobby pro-colonial, l’un d’entre eux ancien déserteur et membre de l’OAS.

    Lors de cette rencontre, rapportée par l’un des participants, le directeur de cabinet de M. Nicolas Sarkozy se serait ému que des colloques universitaires puissent se tenir, même sur des sujets rigoureusement neutres, tels que "Les Accords d’Évian : la paix en Algérie ?", thème retenu par notre association dans le cadre de son assemblée générale annuelle le 17 mars prochain.

    Serait-il interdit à des historiens, enseignants dans des Universités, d’essayer de répondre à une question historique, dès lors que celle-ci concerne l’écriture de la guerre d’Algérie ? Les partisans de la colonisation auraient-ils l’exclusivité de la vérité sur cette période de l’histoire de France ?

    Christian Frémont aurait même demandé quelle serait l’initiative du candidat Nicolas Sarkozy susceptible de plaire à ses interlocuteurs. Ainsi, pour des mobiles électoraux, la République flatte ceux-là même qui regrettent toujours de n’avoir pu la renverser et assassiner le général de Gaulle.

    Porteuse du souvenir des six dirigeants des Centres sociaux éducatifs assassinés le 15 mars 1962 par "les singes sanglants de l’OAS qui faisaient la loi à Alger (1)", l’association Les amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons condamne les manoeuvres de l’État partial, tendant à museler les universitaires pour récupérer les suffrages d’extrémistes de l’Algérie française ».

    Jean-Philippe Ould Aoudia, Président

    (1) Article de Germaine Tillion, déportée résistante fondatrice des Centres sociaux, Le Monde 18 mars 1962

    Littérature. L'humain et la politique

    le 05 mars 2012

    Littérature. L'humain et la politique

    Dans le cadre de « Paroles croisées », Michel \/axès a apporté son éclairage sur la pensée de Rousseau.

    Trouver l'équilibre entre la liberté des individus et la sécurité contraignante qu'offre l'adhésion à une organisation en communauté : tel est le principe du pacte social de Jean-Jacques Rousseau. A la lumière de la pensée du philosophe, Michel Vaxès, Député de la 13ème circonscription, a proposé son propre éclairage dans « Paroles croisées », jeudi 23 février, au C.D.S. C'est dans une ambiance conviviale et studieuse que les discussions ont démarré sur le thème, « L'humain et la politique ». Le Député, qui a également été maire pendant 10 ans, s'est basé sur son expérience passée. « Je partage tout à fait le sentiment de Rousseau sur le principe de souveraineté du peuple. Moi-mêne, je dis souvent : surveillez-moi ! Car c'est bien cela la démocratie, veillez à ce que tout le monde apporte sa voix ! ».

    Pas facile de résumer en deux heures la pensée de Rousseau. Cependant, Michel Vaxès a su faire ressortir les idées fondamentales de cet ouvrage de 1762. « Ce qu'il dit, c'est qu'il faut que ce soit le gouvernement qui se soumette au peuple et non plus le peuple qui se soumette au gouvernement. Il explique que l'intérêt de chacun ne peut-être pris en compte que dans l'intérêt général ».

    A l'époque, la sortie « Du Contrat social ou Principes du droit politique », a fait scandale Aujourd'hui, soit plus de trois siècles plus tard, cette pensée est considérée comme avant-gardiste. « Rousseau rêve d'une société sans classe ! Et je pense que c'est une société vers laquelle il faut tendre », explique Michel Vaxès. Il a donné des exemples concrets de la souveraineté du peuple, en évoquant la réhabilitation des Aigues-Douces, la création de la Maison des Services au Public, ou encore l'embellissement du centre-ville, « qui n'aurait pas pu se faire sans la participation des habitants car c'est à eux que revient le droit de s'exprimer ! »

    La Marseillaise, le 4 mars 2012

    La gouvernance contre la démocratie

    le 02 mars 2012

    La gouvernance contre la démocratie

    Rencontre. Bernard Vasseur dénonce dans son dernier ouvrage l'emprise de l'oligarchie financière sur la société.

    L'actualité donnait du grain à moudre à Bernard Vasseur, pour sa rencontre-débat avec les lecteurs de la Marseillaise. Avec le vote hier par le parlement français du mécanisme européen de stabilité financière, le professeur de philosophie, qui dénonce dans son dernier ouvrage(*) l'anesthésie de la démocratie, voyait ses thèses renforcées. « L'Europe va désormais avoir le droit de sanctionner les États s'ils ne respectent pas un certain nombre de normes budgétaires », constate-t-il. Une forme d'aboutissement du processus de dessaisissement du peuple qui semble pour lui s'accélérer « comme en Italie avec un gouvernement de techniciens issus de la finance, imposé par les marchés ». Mais selon Bernard Vasseur, la crise ne serait que le révélateur d'un état de fait qui plonge loin ses racines.

    Les mots de l'adversaire

    « Je me demande toujours pourquoi des mots apparaissent. C'est souvent pour en chasser d'autres. » Sans nul doute pour le philosophe, le concept de « gouvernance », qui prend de plus en plus de place dans le langage commun, a été forgé pour vider la politique de son contenu et la démocratie de tout enjeu. « Ce mot vient de corporate governance, terme utilisé dans le monde des affaires anglo-saxon pour décrire la façon dont on dirige une entreprise. Il a ensuite donné global governance pour définir la manière dont on doit gérer les affaires du monde », souligne-t-il.

    Selon Bernard Vasseur, la « gouvernance » a donc été inventée pour écarter le concept de « gouvernement » et faire avancer l'idée selon laquelle un État doit être géré comme une entreprise, c'est-à-dire sans espace pour la prise de décision collective. Scandaleux pour ce partisan de l'extension de la démocratie au champ économique qui constate qu'en quelques dizaines d'années c'est au contraire la logique « monarchique » de l'entreprise qui a investi le terrain politique.

    Renouer avec l'objectif de l'émancipation humaine

    « Lorsque Dominique Strauss-Kahn proposait une gouvernance économique de l'Union européenne, c'est exactement de cela qu'il s'agissait. On garde les politiques en devanture mais en réalité le pouvoir est placé entre les mains d'une oligarchie financière », analyse-t-il.

    De même, Bernard Vasseur alerte sur les raisons de la généralisation du mot « emploi » au détriment de « travail ». « C'est la même logique qui est à 1'œuvre. "Travail" renvoie à travailleurs, ceux qui produisent la richesse. Emploi renvoie à demandeurs d'emploi. C'est un renversement complet ! », décrypte-t-il. Une manière d'ancrer le travail humain dans le salariat, « relation inégalitaire » dans laquelle la démocratie n'a pas sa place, et donc d'empêcher de « concevoir un après-capitalisme ».

    Pendant l'échange avec la salle, Jean-Michel lui fait remarquer que la substitution dans le discours dominant du mot « économie » à « capitalisme » poursuit le même but.

    Plusieurs intervenants le questionnent sur les sondages et les médias. L'occasion pour Bernard Vasseur de noircir un tableau déjà bien sombre en notant au passage la vacuité de la majorité des expériences de démocratie participative. Pourtant son livre n'est pas exempt d'espoir comme le relève Michel dans le publie « j'ai apprécié le livre et surtout son titre parce qu'en principe, d'une anesthésie, on s'en réveille. »

    L'observation réjouit le philosophe qui souligne l'importance d'aller voter en 2012 mais sans se méprendre : « Cantonner la démocratie à la définition qu'en donne le discours dominant c'est n'en prendre qu'un petit bout. » Pour Bernard Vasseur, l'enjeu de la (e démocratie jusqu'au bout » ce n'est pas de vouloir « être le bon berger d'un troupeau, c'est de contribuer à ce que le troupeau n'en soit plus un et qu'il n'y ait plus besoin de berger ».

    « Au fond le communisme, l'égalité universelle avec le peuple qui décide, le dépérissement de l'État tel que l'imaginait Marx, c'est ça », avance-t-il avant de citer Aragon : « Faites entrer l'infini dans vos vies. »

    Léo Purguette (La Marseillaise, le 29 février 2012) (*) Éditions de l'atelier, 176p. 20 euros

    Clémentine Autain. « Tordre le coup des marchés financiers »

    le 02 mars 2012

    Clémentine Autain. « Tordre le coup des marchés financiers »

    Clémentine Autain. Codirectrice de « Regards » et porte-parole du Front de Gauche.

    Clémentine Autain est un personnage aux multiples casquettes. Elle milite, fonde, co-fonde et chronique jusqu'à devenir femme politique. Militante de la Gauche radicale, co-fondatrice de l'association Mix-cité en faveur de l'égalité des sexes, elle tient une chronique hebdomadaire sur France Culture. Codirectrice du mensuel « Regards », Clémentine Autain est également porte-parole de Jean-Luc Mélenchon. Elle présentait lundi dernier un documentaire produit par Regards : « La dette, l'arnaque du siècle ».

    La Marseillaise. En tant que codirectrice de « Regards », comment comptez-vous prendre le contre-pied médiatique du discours sur la dette ?

    Clémentine Autain. Il est fondamental de s'attaquer à l'hégémonie culturelle. Matin, midi et soir, nous entendons parler de la dette, encore la dette et toujours la dette. Ce discours sert à faire avaler l'austérité. L'exemple de la Grèce est à ce titre flagrant. En 2009, la dette grecque était de 120% du PIB. Aujourd'hui, après les plans de rigueur successifs, la dette est passée à 170% du PIB. L'austérité a augmenté la dette. C'est la stratégie du choc. Car les partisans de ces politiques en ont profité pour démanteler les services publics, qu'ils privatisent au fur et à mesure. Pour faire accepter ces politiques d'austérité, on nous répète à longueur de journée qu'il faut diminuer la dette. Mais ces plans de rigueur, imposés par la troïka (BCE, FMI et Commission européenne, ndlr) plongent les pays dans la récession. A travers ce documentaire, l'idée que nous souhaitons faire passer est de ne pas engraisser les créanciers. Nous proposons donc un outil d'éducation populaire avec ce film car les mécanismes économiques sont compliqués.

    La Marseillaise. Comment le Front de Gauche s'y prend pour déjouer « l'arnaque » de la dette ?

    Clémentine Autain. A travers ses meetings, Jean-Luc Mélenchon fait un travail d'éducation populaire qui explique ces mécanismes. Le Front de Gauche est le seul à dire qu'il faut en finir avec l'austérité et à démasquer cette arnaque de la dette. François Hollande, candidat de Gauche, valide le présupposé de l'austérité. C'est donc un véritable chemin de croix car la plupart des journalistes et des hommes politiques sont d'accord avec le dogme de l'austérité. Nous expliquons que nous devons tordre le cou aux marchés financiers et augmenter les, bas salaires. Le rapt fait en 20 ans qui augmente les rentes et baisse les salaires doit être contesté. Nous devons rompre ce cercle vicieux.

    Propos recueillis par Claire Rainfroy (La Marseillaise, le 29 février 2012) « La dette, l'arnaque du siècle », réalisé en collaboration avec le collectif à-vifs.

    Dans La Marseillaise. La Confédération Syndicale Européenne appelle à la mobilisation contre l'austérité

    le 28 février 2012

    Dans La Marseillaise. La Confédération Syndicale Européenne appelle à la mobilisation contre l'austérité

    A la veille du Conseil européen qui doit acter le pacte budgétaire, la Confédération Syndicale Européenne appelle à la mobilisation contre l'austérité. Des manifestations sont organisées le même jour dans les 27 pays de l'Union avec un même slogan : "trop, c'est trop".

    Reportage en Grèce sur les effets dévastateurs de ces politiques de rigueur imposées depuis 2010, et que l'Europe voudrait, demain, graver dans le marbre.

    Mercredi 29 février dans la Marseillaise

    Compte-rendus et analyses de cette mobilisation

    Jeudi 1er mars dans la Marseillaise

    Bernard Vasseur. « La démocratie est anesthésiée »

    le 28 février 2012

    Bernard Vasseur. « La démocratie est anesthésiée »

    La Marseillaise accueille l'auteur pour une rencontre autour de son dernier livre.

    Directeur de la Maison Elsa Triolet-Aragon, Bernard Vasseur est professeur de philosophie. Il présente son dernier ouvrage La démocratie anesthésiée(*) dans les locaux de La Marseillaise, avec le soutien de l'association Former, Transformer, Partager (FTP).

    La Marseillaise. Pourquoi parlez-vous de démocratie « anesthésiée » ? Le terme est fort alors que la campagne électorale bat son plein.

    Bernard Vasseur. Parler de démocratie anesthésiée paraît paradoxal en ce moment où tout semble indiquer que nous sommes dans une sorte de fête de la démocratie. De toutes parts les médias donnent une célébration de la démocratie, les candidats sont sur le terrain, à chaque jour son sondage, son débat… En réalité ce qu'on valorise ainsi c'est une démocratie aux petits pieds, sans risque. Plusieurs traits caractéristiques de la situation permettent de l'affirmer. On peut citer l'arrivée des agences de notation sur le devant de la scène, la mise en place de gouvernements de techniciens issus de la finance, comme en Italie censés être mieux à même de recueillir « la confiance des marchés ». Mais aussi le référendum annoncé en Grèce et très vite retiré, avec en arrière fond la montée d'une forme de xénophobie opposant les grecs « feignants » aux allemands « travailleurs ». Au fond, aujourd'hui la finance règne sans partage, l'économie malmène la démocratie et cette campagne électorale n'est qu'un pâle camouflage de cet état de fait.

    La Marseillaise. A la lumière de ce constat, comment jugez-vous l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy se déclarant candidat du peuple ?

    Bernard Vasseur. Le bilan de Nicolas Sarkozy parle de lui-même. En 2007, il a introduit le thème du travail, s'est posé en défenseur de la France qui se lève tôt… une fois élu, il s'est rangé non pas au côté du monde du travail mais au côté de celui du Fouquet's. Il a été le Président des riches et des banques. Il ne peut pas aujourd'hui se réclamer du peuple alors qu'il lui a porté pendant cinq ans les coups les plus sévères avec le bouclier fiscal, la réforme des retraites et maintenant l'augmentation de la TVA.

    La Marseillaise. S'il est élu, il promet pourtant des référendums. Cela ne va-til pas dans le sens d'une revitalisation de la démocratie ?

    Bernard Vasseur. Nicolas Sarkozy et son gouvernement se sont assis sur le référendum de 2005 en passant en force par la voie parlementaire. Lorsque le Premier Ministre grec a proposé un référendum sur le plan d'austérité on ne peut pas dire que Nicolas Sarkozy en ait soutenu le principe ! Aujourd'hui, il propose des référendums non pas sur des questions essentielles mais pour diviser avec toujours les mêmes cibles notamment les chômeurs, décrits comme des planqués. Les référendums dès lors qu'ils ne sont pas des plébiscites déguisés participent à la démocratie. Une belle formule de Lincoln reprise dans la constitution française définit la démocratie comme « le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple ». Or aujourd'hui la réalité c'est un gouvernement au nom du peuple, sans lui et le plus souvent contre lui.

    La Marseillaise. La démocratie représentative est-elle pour vous à bout de souffle ?

    Bernard Vasseur. Un Premier Ministre absent, des Ministres courtisans et des parlementaires aux ordres. La culture de la délégation de pouvoir étouffe la démocratie. Nous avons une classe politique qui n'est pas à l'image de la société : les allées du pouvoir sont masculines et à peau blanche. Les affaires, la justice qui est affaiblie par la nomination d'amis du Président, tout cela discrédite la démocratie dans ses formes actuelles.

    La Marseillaise. Le tableau que vous brossez est très sombre. Comment réveiller la démocratie alors même que le concept de démocratie participative souvent présenté comme une alternative sonne creux dans la pratique ?

    Bernard Vasseur. Les peuples ne sont pas disposés à se laisser faire. Les indignés espagnols, le mouvement Occupy Wall Street se réclament d'une démocratie réelle. En France l'exigence d'une VIe République grandit en s'appuyant sur l'idée d'un pouvoir constituant du peuple, portée notamment par Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche. La démocratie participative a en effet, été vidée de son contenu. Elle est devenue un argument de communication et dans les faits elle consiste souvent en la convocation des citoyens par des élus.

    Marc Sangnier, un chrétien du siècle dernier disait « on ne peut pas avoir la République dans la société tant qu'on a la monarchie à l'entreprise ». Cette formule n'a rien perdu de sa vigueur aujourd'hui.

    Propos recueillis par Léo Purguette (La Marseillaise, le 27 février 2012) (*) Éditions de l'Atelier, 176 p. 20 euros.

    Rencontre avec Bernard Vasseur autour de son livre "La démocratie anesthésiée"

    le 14 février 2012

    Rencontre avec Bernard Vasseur autour de son livre

    L'association Former Transformer Partager et La Marseillaise ont le plaisir de vous inviter à une rencontre avec Bernard Vasseur autour de son livre "La démocratie anesthésiée" (essai sur le nouveau visage du politique). Dans les locaux de "La Marseillaise" 19, cours H.E. d'Orves 13001 - Marseille Mardi 28 février à 18h Revisitant les apports des philosophes, Bernard Vasseur livre le diagnostic lucide et décapant d'une démocratie anesthésiée au nom de la modernité. En lisant la quatrième de couverture du dernier livre de Bernard Vasseur, on pourrait peut-être penser que l'auteur y va un peu fort. Que la France, pays des Lumières, se voit contestée sa vocation démocratique, pas tant sur sa tradition historique basée sur de réelles valeurs, que sur un état de dérive ? Bernard Vasseur irait trop vite et trop loin alors que le monde qui nous entoure n'est fait que de guerre, de violence, d'atteintes aux droits humains et de manquements à la démocratie. L'état du monde nous empêcherait presque de revendiquer une meilleure répartition… des pouvoirs. Ce serait "Vis en démocratie et tais-toi !" D'un autre côté, le sentiment d'une démocratie qui nous échappe n'a jamais été aussi présent dans la société française depuis la Libération, signe que des aspirations sont en germe. Une fois le livre lu, on finit d'être convaincu. Mais on comprend aussi que tout reste à faire.

    Michel Husson. « L'austérité fabrique les déficits »

    le 12 février 2012

    Michel Husson. « L'austérité fabrique les déficits »

    Économiste et membre d'Aftac. Michel Husson était en visite à Vitrolles où il a participé à une assemblée citoyenne organisée par le Front de Gauche avec son candidat aux législatives, Jean-Claude Labranche (Gauche Unitaire). La Marseillaise. Quelle est votre réaction après la décision d'augmenter la TVA prise par Nicolas Sarkozy ? Michel Husson. C'est une mesure inefficace et dangereuse. Elle est présentée comme une réponse au problème de compétitivité mais aura pour conséquence l'augmentation des prix des produits internes comme importés ce qui réduira d'autant le pouvoir d'achat. C'est pourquoi cette décision accentue les risques de récession. La Marseillaise. Vous êtes signataire du manifeste des « économistes atterrés ». De quoi s'agit-il ? Michel Husson. De nombreux économistes très divers se sont réunis pour dire ensemble que les politiques menées par les gouvernements en Europe sont absurdes. En somme, on fait de l'austérité pour réduire les déficits mais l'austérité provoque en réalité la récession qui… accentue les déficits. L'exemple de la Grèce est frappant à cet égard : après deux ans d'austérité, la situation des finances publiques est encore pire. L'austérité fabrique les déficits. La Marseillaise. Préconisez-vous une révision des missions de la Banque Centrale Européenne ? Michel Husson. Bien sûr, c'est le point central. Aujourd'hui, les pays européens n'ont pas le droit de faire financer leur dette par leurs banques centrales. Elles peuvent en revanche prêter aux banques privées qui ensuite octroient des prêts aux États à des taux plus élevés, ce qui les rend totalement dépendants des marchés financiers. C'est un verrou absolu aux politiques qui déplairaient aux marchés. Mais dire que les banques centrales doivent pouvoir financer directement les États n'est pas particulièrement révolutionnaire, aux États-Unis c'est ce que fait la Réserve fédérale. La Marseillaise. Faut-il pour cela sortir de l'euro ? Michel Husson. Ca ne résoudrait absolument pas la question que je viens de soulever. Si on sort de l'euro mais que l'on reste dépendant des marchés financiers, les problèmes seraient même accentués. Car notre dette est libellée en euros, si nous en sortons ce sera pour dévaluer le franc, ce qui augmentera donc mécaniquement la dette. Par ailleurs, des attaques spéculatives contre le franc seraient à prévoir. La véritable question est de sortir de la dépendance aux marchés. La Marseillaise. Votre dernier ouvrage s'intitule « le capitalisme en 10 leçons »(*), quelle est votre analyse de son état de crise aujourd'hui ? Michel Husson. Le capitalisme est dans une impasse. Il n'existe pas une pression suffisamment forte pour le faire revenir à son état régulé qu'on a connu pendant les trente glorieuses mais la fuite en avant néolibérale ne peut se poursuivre : elle a fait entrer le capitalisme dans une crise très profonde. Pour tenter de le remettre à flots, une offensive sans précédents contre les modèles sociaux en Europe est en cours. La crise de la dette est l'occasion pour les néolibéraux d'opérer une thérapie de choc. Ce qui permet d'affirmer que si Nicolas Sarkozy est réélu, il mènera un programme de casse encore plus violent. La Marseillaise. Vous vous engagez avec le Front de Gauche. En quoi ouvre-t-il pour vous une perspective de transformation sociale ? Michel Husson. En tant qu'économiste, je dirais que le Front de Gauche apporte la seule réponse cohérente et proportionnée à l'ampleur de la crise qui a été provoquée par un déplacement de la répartition des richesses en faveur des rentiers et au détriment des salariés. En abordant la question clef de la répartition des revenus, en proposant de changer radicalement les règles du jeu, le Front de Gauche offre un chemin pour dégonfler la place énorme prise par la finance dans l'économie. Propos recueillis par Léo Purguette (La Marseillaise, le 12 février 2012) (*) « Le capitalisme en 10 leçons ». La Découverte, coll. Zones. 256p. 16€.