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Martigues. Sur les traces de Jean Jaurès

le 06 septembre 2014

Martigues. Sur les traces de Jean Jaurès

Terres de résistance. La soirée d’ouverture s’est tenue jeudi au cinéma Renoir autour du film « Qui a tué Jaurès ? », en présence de Charles Silvestre.

En cette année de double centenaire (début de la guerre de 1914-18 et assassinat de Jean Jaurès), la traditionnelle soirée cinéma du festival Terres de résistance  proposait jeudi une séance spéciale autour du film « Qui a tué Jaurès ? », en présence de Charles Silvestre, auteur, entre autres, de « La victoire de Jaurès »(1).

Pédagogique et didactique, dans le bon sens du terme, le documentaire-fiction de Philippe Tourancheau évoque les dernières heures de cette grande figure du socialisme, son ultime combat pour éviter la catastrophe qui s’annonce. Dans un article publié par L’Humanité le 12 juin 1913, Jaurès écrit ces lignes prémonitoires : « Si le conflit naissait de ces manœuvres, si chauvins de France et chauvins d’Allemagne réussissaient à jeter les deux nations l’une contre l’autre, la guerre s’accompagnerait partout de violences sauvages qui souilleraient pour des générations le regard et la mémoire des hommes. Elle remuerait tous les bas-fonds de l’âme humaine et une vase sanglante monterait dans les cœurs et dans les yeux. »(2) Pour Charles Silvestre, « la boue qui est sortie » du premier conflit mondial, « c’est Adolf Hitler » dont l’ascension a été facilitée par l’œuvre de Clémenceau, « un jusqu’au boutiste de la guerre » qui « a voulu mettre l’Allemagne à genoux et on l’ a payé très cher ».

L’auteur appelle Jaurès « le grand clairvoyant » et ses propos font écho à ceux des historiens intervenant dans le film. Jean Jaurès avait saisi le pouvoir mortifère des alliances entre la Russie, la Serbie et la France d’une part, l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie d’autre part. Ce jeu des alliances fut une course à l’abîme, sur fond de « bataille d’influences économiques, d’intérêts froids » et d’ambitions expansionnistes des uns et des autres. « Les Russes voulaient déboucher sur le Bosphore, les Français voulaient le protectorat sur le Maroc et les Autrichiens, la Bosnie-Herzégovine », résume Charles Silvestre. Le docu-fiction qui mêle interviews d’historiens et scènes reconstituées, montre le rôle belliciste de l’ambassadeur de la Russie tsariste. « Dans deux articles du Matin, sur la diplomatie française, censurés, Jaurès avait compris que l’alliance franco-russe portait en germe la guerre », poursuit l’ancien rédacteur en chef de  L’Humanité.

Des résonances avec aujourd’hui

Comment ne pas songer à la situation actuelle entre la Russie et l’Ukraine, évoquée dans la salle ? « D’un côté, on a l’Otan, cette alliance qui a survécu à la fin du pacte de Varsovie et qui, à l’évidence, a envie d’avaler l’Ukraine et de l’autre, Poutine qui rêve à la reconstitution d’une force russe : les puissances jouent des muscles », souligne Charles Silvestre. Pour qui cherche les « traces de Jaurès » dans le monde d’aujourd’hui, comme c’est le cas de Charles Silvestre depuis plusieurs années, il suffit presque de se pencher. Loin des actes d’embaumement du grand homme car l’hommage officiel, au fond, ça ne coûte rien. « Une dame à Carmaux a fait remarquer au Président : "Vous ne parlez pas comme Jaurès, Monsieur Hollande », raconte l’auteur de La victoire de Jaurès. Tout est dit.

Jean-François Arnichand (La Marseillaise, le 6 septembre 2014)

(1) Editions Privat, 2013
(2) Charles Silvestre : « Jaurès, la passion du journaliste », Le Temps des cerises, 2010.

Terres de résistance

Aujourd’hui

  • 9h : Ouverture du marché paysan.
  • 10h : Ouverture stand librairies.
  • 10h30 : Conférence-débat « Non au grand marché transatlantique ».
  • 12h30 : Repas paysan (5 euros).
  • 14h : Rencontre « Les jeunes en lutte contre la précarité » animée par les Jeunes communistes.
  • 16h : Débat « Construire ensemble un vrai projet de gauche pour la France ».
  • 19h30 : Repas surprise (10 euros).
  • 21h30 : Bal populaire avec Blue Mojo.

Demain
8h :
Ouverture du vide-greniers.
10h15 : Rassemblement sur la place Jean-Jaurès pour une manifestation « Contre leur métropole imposée » jusqu’au jardin du Prieuré.
11h30 : Grand meeting.
12h30 : Apéritif offert par les communistes de Martigues.
13h : Banquet républicain (avec repas catalan, 12 euros).
13h30 : Après-midi musical avec Duo Nostalgie et le groupe Chocolate.

« Les réquisitions de Marseille (mesure provisoire) »

le 05 septembre 2014

Auditorium du Musée d’Histoire
2, rue Henri-Barbusse
13001 - Marseille

Mercredi 1er octobre de 14h à 18h

Projection du film « Les  réquisitions de Marseille (mesure provisoire) », réalisé par Luc Joulé et Sébastien Jousse (2004), en présence de Robert Mencherini, historien, et de Luc Joulé, réalisateur.

Voiles de la Paix

le 05 septembre 2014

Voiles de la Paix

Forum pour la Paix

le 05 septembre 2014

Forum pour la Paix

Programme

16h10. « Souriez à la paix ». Message d’Ariane Ascaride marraine du 21 septembre 2014.

16h15. Allocutions d'Anne Mesliand, Conseillère régionale, Présidente de la commission solidarités, prévention et sécurité, santé et services publics et de Régine Minetti, Présidente régionale du Mouvement de la Paix.

16h35. Hommage aux enfants syriens avec l’interprétation d’une chanson « Cerf-volant pour la paix » de Abdelladif Leroy, Marie Pistono, Lionel Blanchard et Halima Abdelladif.

16h45. Rencontre avec un pacifiste de la Paix Maintenant.

17h. Clip « Stop the Wall » de Muriel Jacoub.

17h05. Présentation de « Surfeurs pour la paix » avec Samuel Jacquesson.

17h15. Les « Tambours de la Paix », poésies sur la paix avec Xavier Laine, artiste.

17h30. Démonstration de danse HIP HOP groupe AC2N.

17h45. Changer le monde en abolissant les armes nucléaires avec Michel Dolot, Co-président national du Mouvement de la Paix.

18h. Témoignage « de retour d’Hiroshima » (CE des cheminots).

18h10. Débat et échange.

19h. Vernissage de deux expositions « 1914/1918 » et « pacifistes d’hier à d’aujourd’hui ».

20h. Clôture de la manifestation.

« Provence août 1944, l’autre débarquement »

le 02 septembre 2014

Auditorium du Musée d’Histoire
2, rue Henri-Barbusse
13001 - Marseille

Samedi 27 septembre de 14h à 18h

Conférences de Laurent Moënard et Robert Mencherini (historiens), sur le débarquement de Provence et la libération de Marseille.

Projection du film « Provence août 1944, l’autre débarquement » (documentaire réalisé par Christian Philibert et Laurent Moënard).

Michel Caciotti. Résister, aujourd’hui comme hier

le 01 septembre 2014

Michel Caciotti. Résister, aujourd’hui comme hier

Michel Caciotti. « La grandeur d’un pays ne s’apprécie qu’au bonheur de son peuple ».

Engagé à 16 ans dans la Résistance au sein des Francs-Tireurs Partisans (FTP), ce militant communiste mène sa vie comme une succession d’engagements pour un monde meilleur.

Il a une seconde de réflexion, le temps de se remémorer à grande vitesse ses souvenirs lointains. Puis on ne l'arrête plus. Michel Caciotti est intarissable dès lors qu'on lui demande de parler des années de la Résistance, de la Libération et des combats du mouvement social d'après-guerre.

Il faut dire qu'il a été acteur, au premier plan, depuis plus de 60 ans : résistant FTP, syndicaliste CGT, membre du Parti communiste français.

Michel Cacciotti, c'est toute une vie d'engagements. Contre l'injustice et pour un monde meilleur.

« Bien évidemment, alors que l'on sort des jours commémorant le 70e anniversaire de la Libération, les souvenirs sont bel et bien présents » témoigne Michel Caciotti dont le père était membre de la SFIO, ancêtre du Parti socialiste « qui m'avait toujours éduqué avec l'esprit patriotique ». « C'est sur mon lieu de travail, les Ateliers Terrin que j'ai acquis ma conscience ». Le syndicat clandestin CGT sera sa voie d'entrée.

« Nous menions des actions au sein de l'usine, pour sensibiliser les travailleurs. Ce n'était pas facile, risqué, mais c'est là que j'ai appris la fraternité ». Au fil des semaines, les résistants ouvriers manquent d'être repérés, à force de distribuer des tracts, de mener des mouvements. Michel Caciotti devient alors Raymond Martinez. Et les actions menées à Marseille concernent surtout des sabotages.

« Notre méthode était de libérer quartier par quartier »

Jusqu'à ces journées d'août 1944 où Marseille va se libérer. « C'est la CGT clandestine qui a lancé le mot d'ordre de grève générale, avant l'insurrection. Il fallait occuper les usines pour ne pas que les Allemands les sabotent » rapporte celui qui était engagé dans les FTP et qui a participé aux combats dans le quartier des Réformés et de la Belle de Mai. « Notre méthode était de libérer quartier par quartier et de demander aux gens de descendre dans la rue et de faire du bruit, pour effrayer les Allemands et leur montrer qu'il y avait des vagues qui déferlaient sur Marseille ». L'Occupant est déboussolé, surtout que la Résistance a commencé à attaquer des postes de garde et modifié un grand nombre de panneaux d'indication.

Marseille sera enfin libérée le 28, « grâce à la Résistance et à l'armée alliée » estime Michel Caciotti. Marseille a ses particularismes : la réquisitions par les travailleurs de 17 entreprises abandonnées par leurs patrons collaborateurs -et impulsée par le résistant Raymond Aubrac, commissaire de la République- et la constitution d'un bataillon FFI La Marseillaise composé de résistants ayant décidé de pourchasser l'ennemi vers le Nord. Michel Caciotti en sera.

La guerre finie, il ne fallait surtout pas baisser la garde. L'heure de la reconstruction avait sonné. « Notre engagement, c'était l'application du programme du Conseil national de la Résistance » réaffirme celui qui fait alors partie du Parti communiste. « C'est ce qui animait les communistes après-guerre car ils s'y étaient engagés dès le début de la guerre ». Et de citer : l'appel du 10 juillet 1940, la participation au CNR, les Ministres communistes du premier gouvernement De Gaulle… « Pour ceux qui souhaiteraient minimiser le rôle des communistes pendant la guerre… » ironise Michel Caciotti.

Au fil des ans, Michel Caciotti a occupé des responsabilités syndicales à l'UL CGT du port, en tant que salarié de la Transat', puis a été élu administrateur de la Sécurité sociale à une époque où l'instance était véritablement gérée de manière démocratique avec une forte présence des salariés.

« On peut changer la donne »

A 88 ans passés, Michel Caciotti a toujours la motivation de ses 16 ans. Et résume son envie d'aller de l'avant par une question récusant tous les discours ambiants de renoncement. « Pourquoi, alors que la France était ruinée en 1945, a-t-on réussi à reconstruire le pays et à faire obtenir d'énormes acquis aux travailleurs ; et que cela ne serait pas possible aujourd'hui ? »

Autant dire que les politiques d'austérité menées actuellement à l'échelle de l'Europe ont à tra- vers Michel Caciotti un fervent opposant. « Par la sensibilisation, le dialogue avec les gens, on peut changer la donne » affirme-t-il. Et également grâce à sa plume dont il fait bénéficier les lecteurs de la Marseillaise tous les lundis avec ses chroniques sur la santé et la protection sociale. « Je les reprends début septembre » promet-il. Rendez-vous est pris.

Sébastien Madau (La Marseillaise, le 1er septembre 2014)

A lire : Une vie de résistance, de Michel Caciotti, éditions FTP.

Sa vie en quelques dates

1926. Naissance le 30 juillet, quartier du Panier.

1942. Intègre comme « demi-ouvrier » les Ateliers Terrin. Commence à mener des actions de résistance.

1943. Entre en clandestinité sous le nom de Raymond Martinez.

1944. Participe aux combats pour la Libération de Marseille au sein des FTP.

1946. Entre à la Compagnie générale transatlantique et milite au PCF.

1953. Élu Secrétaire général de l’UL CTT du Port.

1960. Élu administrateur de la Sécurité sociale.

1979. Reçoit la Légion d’honneur.

2014. Engagé notamment à la CGT, au PCF et à l'ARAC.

Histoire. La mobilisation à Marseille

le 31 août 2014

Histoire. La mobilisation à Marseille

A l'heure de la commémoration du centenaire de la Grande Guerre, retour sur ce conflit meurtrier et marquant du XXe siècle.

Le 1er août 1914, des affiches annoncent : « la mobilisation des armées de terre et de mer est ordonnée, ainsi que la réquisition des chevaux, des voitures et harnais nécessaires au complément de ces armées ».

C’est la stupeur. Pourtant, la course à la guerre a commencé depuis longtemps, dénoncée par quelques personnes comme Jaurès ou Rosa Luxembourg.

Les Balkans constituent une poudrière, les États lorgnent sur des territoires ou l’empire colonial des voisins, l’Allemagne et la France sont en conflit pour le Maroc… L’esprit nationaliste est exacerbé et une mise en condition s’exerce depuis des années.

En France existe un esprit revanchard depuis la guerre de 1870 et un bourrage de crâne intensif fait son œuvre. Les retraites militaires ont été rétablies dans les villes et chaque samedi soir, la foule vient voir l’armée défiler en jouant des airs martiaux. Les soldats de plomb et les panoplies militaires ont la cote auprès des enfants. Une loi a été votée, portant le service militaire à trois ans…

La propagande prétend que l’armée allemande est très inférieure à la nôtre, mal équipée et mal armée. On est allé jusqu’à dire que l’acier germanique étant de mauvaise qualité, les balles ne peuvent pénétrer dans les corps.

Cependant, en cette fin juillet 1914, les journaux parlent d’un fait divers. Depuis le 20  juillet, « le drame du Figaro » occupe la première page. Mme Caillaux, épouse du Ministre des Finances est jugée pour le meurtre de Gaston Calmette, directeur du Figaro. Le 26 juillet, il faut aller en page 3 pour lire, à propos de la Serbie : « Une menace pour la paix européenne ».

A partir du 27, la menace de guerre et l’affaire Caillaux se partagent la une. Le 29, l’Autriche-Hongrie ayant déclaré la guerre à la Serbie, un titre barre la première page : « La guerre est déclarée ». Aussitôt, la presse se rallie à l’Union sacrée et, avant même que la censure ne s’abatte, un ton cocardier s’impose.

Nous avons tous en tête ces images de soldats partant « la fleur au fusil », acclamés par une foule en liesse agitant des drapeaux tricolores, et montant dans des wagons sur lesquels ont été écrit « A Berlin ».

La presse donne une autre version. Selon Le Petit Provençal du 2 août 1914, « La nouvelle que l’ordre de mobilisation générale venait d’être reçu à la Préfecture, s’est répandue en ville comme une traînée de poudre. Une foule immense s’est précipitée devant les bureaux de poste et dans les halls des journaux, où l’ordre a été immédiatement affiché. Notre population a pris connaissance de cette mesure avec une émotion non dissimulée, certes, mais aussi avec un calme énergique. Pendant plusieurs heures, hommes et femmes ont stationné devant les placards autographiés où s’étalent, en noir, deux lignes seulement, mais combien tristement éloquentes ! (…) Mais pas un mot de crainte, pas un mot de découragement n’est prononcé. Il y a dans cette foule impressionnée et silencieuse de la résolution et de la confiance. Et au fur et à mesure que les premiers de la file s’écartent de l’affiche, pour permettre aux suivants d’en prendre connaissance, des groupes, à l’écart, se forment, où la conversation se poursuit sur la gravité des évènements. (…) La situation qui vient de se dénouer a trouvé les Marseillais calmes et prêts. Cette attitude est d’autant plus louable qu’elle est spontanée, dictée par les circonstances elles-mêmes. Néanmoins, l’attente douloureuse où nous ont laissé les évènements a créé un état de nervosité qui se manifeste de toutes parts. (…) »

L'heure des adieux

« Quelques minutes après que l’ordre de mobilisation était connu, les magasins de chaussures de la rue d’Aix, spécialistes du genre, étaient littéralement envahis : les gros souliers en vache brute, cloutés, étaient empilés au milieu des magasins et les acheteurs annonçant tout haut leur pointure tapaient dans le tas ».

Ailleurs, « un affolement inexplicable, même dans les circonstances présentes, s’est manifesté à propos des produits alimentaires. Hier matin, on constatait déjà une hausse suspecte sur les denrées de conservation (…) nombre de personnes ont cru devoir faire des provisions ».

Dans la journée du 1er août, les prix des pommes de terre, du sucre et des légumes secs flambaient.

« Aucune manifestation, aucun mouvement de déception ne se donna cours hier. La nouvelle de la mobilisation générale fut accueillie avec le calme, avec la dignité que notre population a su toujours montrer dans les heures les plus graves qu’a traversé la patrie. (…) A la gare Saint-Charles, où toutes les précautions sont prises depuis plusieurs jours, les trains ont emporté de nombreux réservistes rejoignant leur corps, notamment dans les régiments de Nice, de Villefranche, d’Antibes et de Toulon. (…) [Le soir] sont partis plusieurs trains militaires. Les premiers mobilisés ont été dirigés vers Toulon et la gare présentait un aspect impressionnant. Des mamans, des épouses, des sœurs, en larmes, étaient allées accompagner le fils,  le mari ou le frère (…) ces derniers, lorsque le train s’ébranla, laissèrent à leurs yeux arriver les pleurs ».

Toute la journée, le hall de la gare était envahi : « L’heure des adieux est véritablement douloureuse. Les mains se serrent longuement. Les mamans, les épouses, les sœurs étreignent dans la plus affectueuse et la plus tendre des caresses, l’être cher que la patrie appelle. Les yeux se remplissent de larmes et lorsque le train a démarré, le mouchoir qui s’agite au bout de la petite main, loin de l’amollir, donne une force nouvelle au courage de celui qui va dans l’ardeur de sa conscience et de sa foi patriotique, remplir le plus noble des devoirs ».

Raymond Bizot (La Marseillaise, le 31 août 2014)

Hommage à Marcel Rigout

le 31 août 2014

Hommage à Marcel Rigout

Notice du Dictionnaire du Mouvement ouvrier de Jean Maitron

A paraître dans le tome 10.

RIGOUT Marcel (Vincent Brousse)

Né le 10 mai 1928 à Verneuil-sur-Vienne (Haute-Vienne), mort le 23 août 2014 à Limoges (Haute-Vienne) ; maçon puis métallurgiste ; militant communiste, secrétaire de la fédération PCF de Haute-Vienne (1948-1954, 1956-1962 et 1965-1968), membre du comité central (1961-1987) ; conseiller général de la Haute-Vienne (1970-2001), député (1967-1968 et 1973-1988) ; ministre de la Formation professionnelle du gouvernement de Pierre Mauroy (1981-1984).

Né d’un père scieur de long, Joseph Rigout, et d’une mère de famille nombreuse, Marie Lagarde, Marcel Rigout grandit dans la proche banlieue de Limoges, dans une famille de dix enfants, dont il était le cadet. Son père, natif du Pont de Noblat, à Saint-Léonard de Noblat (Haute-Vienne), fut très tôt orphelin. Sa mère, de Saint-Auvent (Haute-Vienne), devint très jeune « bonne à tout faire » dans une famille aisée de Landouge (ouest de Limoges, limitrophe avec Verneuil). Marcel Rigout décrivait son père comme « le profil type de l’ouvrier limousin : une sensibilité anarcho-syndicaliste, une conviction très forte de libre penseur anticlérical mais aussi très méfiant vis-à-vis de la franc-maçonnerie, assimilée à une fraction de la bourgeoisie limougeaude. » Son frère aîné, boulanger adhéra à la SFIO et son père au PCF, en 1936.

Marcel Rigout suivit les cours de l’école élémentaire de Verneuil, auprès d’instituteur socialiste qui selon ses souvenirs « arborait les trois flèches de la SFIO ». En 1940, après l’armistice, Marcel Rigout fut placé comme valet de ferme. Il reprit ses études durant trois mois, grâce à une institutrice retraitée, avant de passer son certificat d’études primaires à l’été 1941. Il fut ensuite embauché comme couvreur par un artisan maçon de Verneuil. À l’âge de quatorze ans, dans le sillage de ses frères, cyclistes émérites, il fut agent de liaison pour le compte de la Résistance dans la partie ouest de la Haute-Vienne, puis s’engagea dans les FFI durant l’été 1944, à seize ans. Le maquis FTP de Charente Limousine était alors sous les ordres du colonel Bernard, ancien typographe à l’Humanité. Marcel Rigout participa aux combats préparatoires à la Libération de Limoges et fit partie des hommes qui investirent Limoges le 21 août 1944. Limoges était une des rares villes où les Allemands capitulèrent sans livrer de combat, remettant leur reddition au « consul » de Suisse.

Marcel Rigout adhèra dans la foulée aux Jeunesses communistes de Verneuil, dont il devint le secrétaire, puis s’embaucha comme OS à l’Arsenal devenu l’Atelier central des automobiles de l’armement (ACAA), route du Palais à Limoges. À la Libération, l’entreprise nationalisée comptait 900 adhérents à la CGT et 250 militants communistes. Marcel Rigout y fut secrétaire de cellule. À la demande du secrétaire fédéral Fernand Dupuy*, il devint peu de temps après secrétaire de la section Est de l’agglomération de Limoges, l’une des plus populaires, autour de la gare des Bénédictins, du quartier des cheminots et de l’Arsenal où il travaillait. En 1946, il fut élu responsable du comité d’usine et secrétaire de section l’année suivante. En 1948, après avoir suivi l’école des cadres du PCF, il devint secrétaire de la Fédération PCF de Haute-Vienne. Il n’avait alors que vingt ans. En janvier 1951, dans un contexte marqué par les débuts de la guerre froide et la lutte contre la guerre d’Indochine, il fut licencié de l’Arsenal avec six autres ouvriers, en raison de leurs activités syndicales et politiques. Malgré la mobilisation des salariés, ils furent pas réintégrés et Marcel Rigout suivit alors une formation de tourneur en FPA. Déjà connu comme militant, il ne put trouver d’emploi et devint permanent du Parti communiste fin 1951. Dans ce poste, il participa à la mise à l’écart puis à l’exclusion de Georges Guingouin*, dans le sillage de l’affaire Charles Tillon* et André Marty*. Il ne nourrit alors « aucun état d’âme. C’était l’ambiance du moment (…) le sentiment que tout ce qui pouvait faire brèche dans l’unité du Parti devait être aussitôt éradiqué ». En 1952, Marcel Rigout fut muté à Paris, pour seconder Léo Lorenzi* à la direction de l’UJRF, après l’arrestation des leaders de ce mouvement en mai 1952, dans le cadre de « l’affaire des pigeons » de Jacques Duclos*. Il conserva ces responsabilités jusqu’en 1955, comme responsable du secteur international. Il se déplaçait en Europe de l’Est, notamment à Prague, siège de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD). Dans ce cadre, il rencontra Enrico Berlinguer, à Berlin Est.

De retour à Limoges en novembre 1955, Marcel Rigout retrouva son poste au secrétariat de la fédération communiste de Haute-Vienne, de 1956 à 1961. Il fut engagé à L’Écho du Centre, le quotidien communiste de la région Limousin-Dordogne-Indre, comme directeur de la publication à partir de juillet 1959. Il conserva cette responsabilité jusqu’en 1987. En 1958, lors des élections législatives qui suivirent le retour du général de Gaulle, il fut candidat dans la deuxième circonscription de la Haute-Vienne. Il obtint 35,5 % des voix au 1er tour, le candidat modéré 20 % et le candidat socialiste SFIO Jacques Boutard 39,5 %. Au second tour, il échoua avec 39,6 % des suffrages contre 60,4 % à Boutard qui fut élu député. En 1962, toujours dans la 2e circonscription, Marcel Rigout arriva en tête au 1er tour avec 41,5 % des suffrages mais fut battu au second, toujours par Boutard, avec 47,4 % des suffrages.

Lors du XVIe congrès du PCF (Saint-Denis, mai 1961), il entra au comité central comme suppléant. Il fut intégré à la commission paysanne du comité central et quitta alors le secrétariat fédéral, siégeant seulement au bureau fédéral. Au congrès suivant (Paris, mai 1964), il devint titulaire. Dans cette période, Jean Tricart*, premier secrétaire de la Haute-Vienne, fut progressivement marginalisé. Reconduit au comité central, comme membre de la commission de contrôle financier, il nourrissait cependant des désaccords croissants avec la direction du PCF. En 1965, il demanda son remplacement, mettant en avant le nom de Marcel Rigout, qui lui succéda alors jusqu’en 1968.

lu pour la première fois député de la Haute-Vienne en 1967, par 59,3 % des suffrages face à un candidat gaulliste, Marcel Rigout perdit son siège l’année suivante, battu d’une courte majorité de 767 voix par Boutard, entre temps exclu de le SFIO, qui avait réuni 50,7 % des suffrages. Marcel Rigout regagna le siège aux législatives suivantes, en 1973 avec 52,5 % des voix au second tour et devint alors vice-président du groupe communiste à l’Assemblée nationale. Il fut réélu en 1978, obtenant 39,4 % au 1er tour, lors d’un scrutin qui amena au PCF les trois sièges haut-viennois (Marcel Rigout, Ellen Constans, Jacques Jouve). Il siégea alors à la commission de contrôle du Fonds européen de régulation des marchés agricoles. En 1981, après la dissolution de l’assemblée par le nouveau président François Mitterrand, il fut réélu avec 38,3 % des voix au 1er tour.

En 1981, Marcel Rigout fut l’un des quatre ministres communistes du nouveau gouvernement avec Charles Fiterman*, Anicet le Pors* et Jack Ralite*. Il souhaitait l’agriculture mais fut nommé au ministère de la Formation professionnelle, nouvellement créé. Dans le contexte de l’émergence de la crise, ce ministère touchait aux enjeux majeurs de l’insertion des jeunes ou de la formation des chômeurs. Il présenta son action et ses projets dans l’ouvrage L’autre chance. Un métier pour réussir, rappelant son propre passé d’ouvrier sans formation et contraint au chômage. Son nom est notamment resté associé à la loi du 24 février 1984 réformant la formation professionnelle continue.

Marcel Rigout démissionna comme ses trois collègues le 17 juillet 1984, lorsque Laurent Fabius succèda à Pierre Mauroy à la tête du gouvernement. Cette démission faisait suite à l’échec électoral des européennes, en juin, à l’issue desquelles le PCF avait atteint son score le plus bas depuis la Libération, avec 11,2 % des voix. Marcel Rigout commença à prendre ses distances avec la ligne de Georges Marchais. Fin juin 1984,Le Monde rapportait ses propos contre le secrétaire général, « homme de l’échec ». « À sa place, je me tirerais une balle dans la tête », ajoutait-il. Malgré la polémique, il fut reconduit au comité central lors du XXVe congrès (Saint-Ouen, février 1985) mais marginalisé. Après une nouvelle charge virulente de Georges Marchais contre les « rénovateurs », il démissionna finalement du comité central et de la direction politique de L’Écho du Centre, le 27 janvier 1987. La majorité du comité fédéral de Haute-Vienne le suivit et démissionna à son tour. Les conseillers généraux de Haute-Vienne firent de même.

Entre temps, en 1986, Marcel Rigout avait été réélu député, avec 20,9 % des suffrages pour la liste qu’il menait en Haute-Vienne, désormais le seul représentant communiste du Limousin à l’Assemblée. En 1988, candidat ADS, « communiste dissident », il obtint 31,4% des voix dans la nouvelle circonscription de Limoges-Saint-Yrieix. Il fut distancé par J.-C. Peyronnet, candidat socialiste pour lequel il se désista, et qui fut élu. Il prit part au mouvement des « refondateurs » avec Charles Fiterman, avant de démissionner du PCF en 1990. Il cofonda alors l’Alternative démocratie socialisme (ADS) qui parvint à s’implanter dans sa région, notamment grâce à ses élus locaux, la plupart anciens du PCF. Au plan local, Marcel Rigout lui-même n’eut jamais d’implantation municipale. Il fut cependant conseiller général du canton de Pierre-Buffière (Haute-Vienne) de 1970 à 2001. Dans les années 2000, il soutint la formation de la coalition « Limousin terre de gauche », regroupant le PCF, le Parti de gauche et le NPA. En 1995, il avait appelé à voter pour Dominique Voynet (Les Verts) aux présidentielles. À l’occasion de son décès, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, a salué la disparition d’une « grande figure de la gauche ».

Son épouse, Renée Rigout*, née Belair, fut également militante et dirigeante fédérale du PCF en Haute-Vienne.

ŒUVRE : L’autre chance. Un métier pour réussir, Paris, Editions sociales, 1983 (préface de Pierre Mauroy). — Le Métallo ministre, entretiens avec Georges Châtain, Éditions Le Bord de l’eau, Lormont , 2005.

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Presse locale.

Pour citer cet article

http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article163167, notice RIGOUT Marcel, version mise en ligne le 27 août 2014

Histoire. Mala Kriegel, fusillée La Marseillaise à la main

le 27 août 2014

Histoire. Mala Kriegel, fusillée La Marseillaise à la main

Il y a 70 ans, le 27 août 1944, la résistante FTP-MOI tombait dans une embuscade allemande alors qu'elle distribuait notre journal dans les quartiers Nord de Marseille.

« C’est terrible ce qui nous arrive, mais malgré tout j’aurais eu la joie de voir nos journaux au grand jour ». Voilà les derniers mots, en ce 27 août 1944, de Mala Kriegel, résistante FTP-MOI, après avoir essuyé une rafale de mitraillette allemande. Elle mourra le lendemain.

Preuve qu’imprimer, rédiger, garder ou diffuser La Marseillaise était risqué. Ces hommes et ces femmes en étaient conscients. Mais il ne servait à rien de sortir un journal s’il n’allait pas à la rencontre de la population. « Il fut décidé d’envoyer une voiture pour une distribution en banlieue. Une voiture du journal fut mise à notre disposition, ornée d’un drapeau tricolore » rapportait en 1979 le résistant Victor Fantini qui y montera avec Kriegel, Dufour et Merotte.

Plaqués au mur et traités de terroristes

Au départ, tout se passe bien. « Arrivés à St-Antoine, nous tombâmes sur les premières troupes françaises, qui nous reçurent avec joie, embrassades, cigarettes, etc ». Les soldats affirment que la voie est libre. Sauf que… « Nous voilà attaquant la descente de la Viste, mais en arrivant à la hauteur du carrefour du boulevard Oddo, une patrouille allemande surgit et nous barre le chemin. Notre voiture est stoppée et nous en sommes éjectés sans ménagement (…). Désarmés, nous sommes (…) plaqués au mur et traités de terroristes ».

Leur sort est joué dans la mesure où « après un moment qui nous semble une éternité le chef de la patrouille allemande donne un coup de sifflet, d’autres soldats surgissent qui nous mitraillent. Nous tombons à terre ». Les nazis les laissent pour morts mais aucun n’est tué sur le coup. Mala Kriegel est la plus grièvement blessée. « Une ambulance de la Croix-Rouge vint nous chercher. Je fus allongé auprès de Mala qui souffrait terriblement de blessures au ventre » témoignera celui qui poursuivra sa carrière à La Marseillaise. « Les ambulanciers l’avaient recouverte d’une couverture mais malgré cette précaution le sang coulait abondamment traversant la couverture. Mala Kriegel voulait toucher ses blessures et en retirait ses mains pleines de sang ».

Tout le monde comprend qu’elle ne s’en sortira pas. « Pour éviter qu'elle renouvelle son geste, j’étendis sur elle quelques journaux qui m’étaient restés dans la poche ». C’est à ce moment que la résistante prononcera ses derniers mots avant de mourir à l’hôpital le lendemain.

Sébastien Madau (La Marseillaise, le 27 août 2014)

Retrouvez les résistants de la Marseillaise morts pour la France sur lamarseillaise.fr.

Un parcours aux mille inconnues

On a à disposition très peu d’informations sur la vie et le parcours de Mala Kriegel. Mala Erlichster était née le 15 septembre 1912 à Varsovie, en Pologne. C’est alors qu’elle étudie la médecine à Strasbourg qu’elle rencontrera celui qui allait devenir son époux en 1937 : le célèbre résistant communiste Maurice Kriegel-Valrimont qui contribua activement à la libération de Paris. On dit que c’est elle qui orientera son mari vers le communisme.

« Après ses études en chirurgie-dentiste, il semblerait qu’elle se soit installée à Paris avec son époux » indique Michèle Bitton, qui a signé le chapitre sur Mala Kriegel dans le Dictionnaire des Marseillaises.

L’auteure, spécialiste des femmes juives engagées, a découvert l’existence de Mala Kriegel, et a commencé à récolter des informations à son sujet. « J’ai d’abord pris connaissance de la plaque dans le hall de La Marseillaise, puis celle du boulevard Oddo ». Depuis, elle poursuit ses investigations sur un personnage dont on a du mal à retracer le cheminement avec précision.

« On ne sait pas comment elle est arrivée à Marseille, pour quelles raisons, ni avec qui » souligne Michèle Bitton. En tous les cas pas avec son époux Maurice Kriegel.

Au moment de sa mort, il semblerait que le couple était séparé, à défaut d’avoir divorcé. Un article de La Marseillaise écrit pour annoncer la triste nouvelle parle même, de Mala comme de la compagne « d’un de nos rédacteurs ». Une information biographique à prendre avec précaution tant elle est difficile à recouper.

Mala Kriegel a été inhumée au cimetière Saint-Pierre de Marseille le 29 août 1944 dans une fosse commune comprenant d’autres résistants et baptisée le Jardin du Souvenir. Des victimes du bombardement des Alliés du 27 mai 1944 étaient également enterrés à proximité. Au fil des ans, ce carré s’est transformé en friche à tel point qu’il est impossible de localiser le lieu exact où reposent les corps.

La Marseillaise, le 27 août 2014

Le dictionnaire des Marseillaises, ouvrage collectif par l’association Les Femmes de la Ville sous la direction de Renée Dray-Bensoussan, Catherine Marand-Fouquet, Hélène Echinard et Eliane Richard, éditions Gaussen, 2012.

La Marseillaise. Les plumes du renouveau

le 25 août 2014

La Marseillaise. Les plumes du renouveau

Pour que le premier numéro sorte le 24 août 1944, il aura fallu l'engagement de journalistes professionnels, ou improvisés. Ils n'étaient vraisemblablement pas plus de cinq sur place.

Quand la Marseillaise sort de l’imprimerie ce 24 août 1944, elle provoque un engouement auprès de la population nourrie depuis 1940 par une presse aux ordres de Vichy et de l’Occupant.

Le Front national avait créé des comités de journalistes, dont celui de Marseille était animé par André Remacle. Objectif : réunir une main d’œuvre ayant refusé la Collaboration pour construire une presse nouvelle à la Libération.

Le résultat est probant. Mais les conditions de sa réalisation sont épiques. Les nombreux ouvriers du livre pouvaient enfin fabriquer leur journal après avoir aidé à la production de la Marseillaise clandestine. Mais les salles de rédaction, elles, sonnaient creux.

En effet, selon plusieurs recoupements tirés de divers témoignages, ils étaient seulement cinq à écrire, mandatés par la direction du FN : André Remacle, Rosette Remacle, Renée Rougeot, Daniel Georges et Pierre-Marie Train. Leur mission était de rédiger, retranscrire et mettre en page les informations arrivant de tout Marseille.

À eux s’ajoute la photographe résistante Julia Pirotte qui dès le premier numéro publia ses clichés de combat. Pierre Brandon, qui avait lancé les exemplaires clandestins en décembre 1943, est à Nice pour assurer la parution du Patriote niçois. L’auteur Mario Cresp aurait également été présent sans visiblement écrire.

Le profil de ces cinq personnes sont divers. Les Remacle sont un couple de lettrés, Renée Rougeot et Daniel Georges en responsabilité au sein du Front national et Pierre-Marie Train journaliste de métier. Ce dernier étant « surtout là par amitié pour moi » confiera André Remacle.

On écrit sous les bombes

Une anecdote fait part de l’arrivée d’une poignée de journalistes du Petit Marseillais, journal collaborationniste, venant travailler comme si de rien n’était. Ils seront rapidement évacués de l’immeuble…

La composition a lieu sous le bruit des bombes. « André écrivait, écrivait, écrivait, moi aussi, journaliste improvisée, mais dans ces moments-là, chacun était apte à toute improvisation » rapporta Renée Rougeot. Les locaux sont détériorés. Mais « la fièvre de la lutte nourrissait notre énergie ».

Après guerre, chacun est retourné à ses occupations. André Remacle écrira durant des décennies dans les colonnes de la Marseillaise. En revanche, en homme de droite, Pierre-Marie Train quittera rapidement la Marseillaise pour d’autres titres comme le Méridional. Renée Rougeot continuera ses activités militantes après-guerre tout comme Rosette Remacle. Daniel Georges, frère du Colonel Fabien, sera Maire communiste des Lilas de 1945 à 1947 avant de terminer sa vie à Montreuil.

La Marseillaise, elle, poursuivit son aventure. Il aura fallu à ses dirigeants, comme Fernand Clerissy qui fut le premier Secrétaire général de la rédaction, bâtir un collectif de journalistes. Parfois hétéroclites mais toutes et tous engagés au service d'un même idéal.

Sébastien Madau (La Marseillaise, le 25 août 2014)