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La Ciotat. Hommage au « bienfaiteur des ouvriers »

Il y a 150 ans disparaissait Victor Delacour, ingénieur des chantiers navals, à l’origine de la construction d’une des premières cités ouvrières de France.

« Chaque année, dans la cité ouvrière, il y avait une fête extraordinaire comme on n'en fait plus ! », raconte Guy Aillaud, de l’Amicale des anciens de la cité ouvrière de La Ciotat. Chaque année, de nos jours, les nostalgiques et tous les « amis » qui, d’une manière ou d’une autre, ont vécu ou veulent transmettre les souvenirs heureux de cette époque se réunissent près du buste de leur « bienfaiteur », Victor Delacour. C’était le cas, dimanche, pour un nouvel hommage à celui qui, dans la droite ligne des corons du Nord, a fait bâtir une des première cités ouvrières de France à La Ciotat.

Né en 1826 à Paris, Delacour a fréquenté les bancs de l’école Polytechnique et du Génie maritime. Brillant ingénieur, il est nommé dans les années 1850 au poste de chef des ateliers de ce qui s’appelait, à l’époque, la Compagnie des messageries impériales. Jusqu’à sa mort brutale en 1864 des suites d’une maladie, il restera à ce poste et deviendra une figure admirée et respectée des chantiers navals. Durant ses dix années de carrière, 23 navires furent bâtis sur ses plans et sous sa supervision. Mais Victor Delacour ne s’est pas contenté de cela.

Une époque de camaraderie

Entre 1855 et 1858, il organise la construction de Notre-Dame-des-Victoires, une cité ouvrière qui s’étendait sur près de 21.000 m2 et pouvait accueillir près de 800 personnes. Une révolution pour l’époque. Un toit décent, à proximité du lieu de travail, des services, des équipements collectifs… Un esprit de camaraderie règne.

Avec la révolution industrielle, les 3.500 ouvriers des chantiers de La Ciotat voient leurs conditions de vie s’améliorer, et ce « chef » un peu paternaliste n’y est pas pour rien.

« C’était l’expérience d’une cité ouvrière comme il y en a eu très peu. Quand il est décédé, il y a eu un élan extraordinaire », souligne Guy Aillaud. « De grandes obsèques furent organisées à La Ciotat avec tout le personnel des chantiers. » Plus tard, les ouvriers firent ériger, en plein cœur de la cité, un monument en l’honneur de Delacour.

Aujourd’hui, la cité a été entièrement détruite. « Jusqu’à la dernière pierre », précise Guy Aillaud, « alors que beaucoup d’autres ont été réhabilitées. » A la place gît un parking, mais il reste toujours le buste de l’ingénieur où chaque année, à la Saint Victor, les nostalgiques viennent évoquer la mémoire d’une ère révolue. « Nous nous réunissons, déposons une gerbe, et partageons un repas, à l’ancienne, puis un concours de boules. » Une manière de garder un lien social fort comme il en existait en ces temps.

Baptistin Vuillemot (La Marseillaise, le 25 juillet 2014)

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La Ciotat. Hommage au « bienfaiteur des ouvriers »

le 25 juillet 2014

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